Hier, nous avons lu l’Evangile de l’Annonciation et aujourd’hui, c’est encore la figure de Marie qui vient éclairer le chemin qui nous permet de nous préparer à Noël. Aujourd’hui, c’est sa rencontre avec Elisabeth qu’il nous est donné de méditer. Dans cette rencontre, Marie nous est présentée sous les traits de l’évangélisatrice ou, pour parler comme le pape François, sous les traits du modèle du disciple-missionnaire.
Je vous propose que nous nous arrêtions sur 3 versets de cet Evangile qui pourront nous rejoindre de manière toute particulière.
Le 1° verset que je retiens, c’est celui qu’on peut considérer comme l’introduction du texte : « En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement. »
En ces jours-là, c’est-à-dire quelques jours après l’annonciation. Il a sûrement fallu que Marie et Joseph prennent un peu de temps pour se mettre ensemble sous le regard du Seigneur qui, jusque-là, leur avait parlé séparément. Il a sûrement été bon qu’ils puissent échanger pour se partager comment ils avaient reçu ce que l’ange leur avait dit à chacun et où ils en étaient de leur ajustement au projet de Dieu.
Mais, sans tarder, Marie se met en route devenant la première disciple-missionnaire et ouvrant la voie pour tous les futurs disciples-missionnaires qui mettront en œuvre ce que Saint Jean-Paul II avait écrit dans sa lettre pour l’entrée dans le 3° millénaire : « Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer. »
Et ce qui va être intéressant c’est de voir comment Marie se met en route. Le texte nous dit « avec empressement. » La nouvelle traduction est meilleure que l’ancienne qui disait rapidement. Parce que faire les choses rapidement, ce n’est pas une qualité ! Il y a tellement de choses que je fais trop rapidement et je n’en suis pas fier !
En grec, il est dit « meta spoudès » la traduction la plus juste serait « bien volontiers. » Le disciple-missionnaire, ce qui le caractérise, c’est qu’il fait tout « bien volontiers » du lever quand le réveil sonne jusqu’au coucher. Il ne fait pas tout « bien volontiers » parce que tout l’enchante à priori, mais il fait tout « bien volontiers » parce qu’il sait que dans chaque occupation, dans chaque rencontre, il peut transmettre quelque chose de la foi qui l’habite si profondément.
Le 2° verset que je retiens : C’est Jean-Baptiste qui tressaille dans le sein d’Elisabeth. D’abord le verbe grec utilisé ici, il est très beau, c’est le verbe sirtakô qui a donné son nom à une danse grecque très gracieuse : la danse du sirtaki !
Et pourquoi Jean-Baptiste se met-il à danser le sirtaki dans le ventre d’Elisabeth ? Parce que Marie est venue lui porter Jésus. Quand nous rencontrons quelqu’un, peu importe les raisons pour lesquelles nous le rencontrons, si nous sommes vraiment habités par la présence de Jésus, il y a quelque chose qui va se mettre à tressaillir, à danser le sirtaki dans celui que nous rencontrons.
Dans le cas présent, nous savons que Jean-Baptiste a dansé le sirtaki dans le sein d’Elisabeth car Elisabetth, elle-même l’a dit à Marie, mais elle aurait très bien pu ne pas le dire et on ne l’aurait pas su … oui, mais ça n’aurait pas empêché Jean-Baptiste de danser ! Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas parce que nous n’avons pas de retours sur ce qui se passe en l’autre quand nous le rencontrons, quand nous lui parlons, qu’il ne se passe rien en lui.
Maintenant tout cela est livré à la liberté de celui qui reçoit et qui peut décider de mettre rapidement fin à la danse qui commence en lui parce qu’il n’a pas envie de se laisser envahir. Sa réponse lui appartient, mais le fait qu’il ne réponde pas ne veut pas dire qu’il n’a pas été rejoint. Et si, la plupart du temps, le Seigneur permet que nous ne sachions rien des effets de nos démarches, c’est pour nous garder dans l’humilité !
Enfin, le 3° verset sur lequel je m’arrête, c’est la conclusion : Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. C’est la béatitude de Marie, c’est la béatitude des disciples-missionnaires. Quand Marie s’est mise en route, peut-être que, elle, elle percevait déjà les premiers signes de sa grossesse, qui, d’ailleurs, ne sont pas toujours très agréables, très confortables.
Mais elle part quand même annoncer qu’elle porte un enfant, qui vient de Dieu et qui sera le Sauveur de l’humanité. Quelle foi pour oser cette démarche alors qu’elle ne peut avancer aucune preuve de ce qu’elle va dire. Personne ne voirt qu’elle est enceinte, c’est tellement récent encore ! Oui, vraiment, Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur !
Pour évangéliser, il faut la foi, mais pas une petite foi bien installée qui nous fait mener une vie bien réglée dans laquelle nous ne pouvons imaginer aucun imprévu ! On ne peut mesurer la foi de personne, ni la nôtre, ni celle des autres. Quand j’étais au séminaire, un prof nous disait qu’il n’existait pas de « pistéomètre » pistis, en grec, c’est la foi, il n’y a donc pas d’appareil à mesurer la foi ! Cependant, notre ardeur à évangéliser est le thermomètre le plus fiable pour mesurer la passion, la foi qui nous animent. Saint Jean-Paul II avait écrit dans son encyclique Redemptoris Missio : « Dans l’histoire de l’Eglise, le dynamisme missionnaire a toujours été un signe de sa vitalité, de même que l’affaiblissemen de son ardeur à évangéliser a été le signe d’une crise de la foi. » (RM n°2)
Alors, en ce jour, par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons que soit renouvelée notre ardeur pour évangéliser, une ardeur qui nous fera tout faire meta spoudès, c’est-à-dire bien volontiers, une ardeur qui fera tressaillir, danser le sirtaki autour de nous, une ardeur qui sera alimentée par notre foi.