22 janvier : sortir des polémiques et retrouver l'enthousiasme

21 janvier 2020 0 Par Père Roger Hébert

Dans l’Evangile, nous continuons une série de controverses et Marc en a regroupé un certain nombre dans le début de son évangile. Nous ne sommes qu’au début du chapitre 3 et on a déjà eu plusieurs accrochages entre Jésus et les pharisiens : polémique suite à la guérison du paralytique à qui Jésus avait commencé par remettre les péchés ; polémique suite à l’appel de Matthieu et le repas qui suivait chez les pécheurs ; polémique autour du jeûne ; polémique à propos de ces épis froissés par les disciples un jour de sabbat parce que, traversant un champ de blé, ses disciples ont eu faim. Et ça continue aujourd’hui, c’est encore le sabbat et Jésus va guérir un homme dont la main est paralysée. On le comprend bien le ministère de Jésus ne va pas être de tout repos. En regardant l’attitude de Jésus, je voudrais tout de suite faire trois remarques qui peuvent nous aider quand nous sommes, nous-mêmes confrontés à des difficultés.

1/ Jésus ne méprise jamais ses contradicteurs. Il ne leur dit pas qu’ils n’ont rien compris, il ne cherche pas à leur clouer le bec avec une démonstration brillante. Très souvent, on le voit questionner plutôt qu’affirmer : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal ? De sauver une vie ou de tuer ? » Jésus préfère, par cette méthode du questionnement, renvoyer les personnes à leur conscience. Mais vous aurez noté qu’il ne dit pas : chacun fait bien ce qu’il veut en fonction de ce qu’il pense, de ce qu’il croit. Non ! Il donne des éléments fondamentaux pour que la conscience puisse faire un choix éclairé.

2/ Jésus ne se laisse jamais enfermer dans des polémiques sans fin. Les pharisiens, eux ils continuent dans cet esprit négatif, mais Jésus, nous dit le texte, il sort. Il ne veut pas se laisser enfermer. Il n’est pas venu pour polémiquer, il est venu pour sauver, eh bien, il ne laissera personne le faire dévier de sa mission. Nous serions bien inspirés, nous aussi, de toujours garder le cap de notre mission, de notre vocation et de ne pas nous en laisser dévier. Evidemment, le Malin, lui il va chercher à nous faire dévier, alors restons sur nos gardes. Et l’une de ses stratégies, c’est justement la zizanie entre les personnes. 

Il y a une parabole suggestive à ce niveau, c’est celle du bon grain et de l’ivraie. Le mot français d’ivraie, en grec, se dit zizanon. Et nous voyons bien dans cette parabole que c’est l’Ennemi qui a semé la zizanie. Méfions-nous de ne pas nous faire prendre ! Là où il y a de la zizanie, c’est le signe que le Malin est à l’œuvre et qu’il est en train de semer la zizanie, précisément pour nous faire dévier de notre vocation, de notre mission. A l’image de Jésus, sortons pour fuir les polémiques stériles !

– 3/ Le fait que Jésus ait connu tant de difficultés dans l’accomplissement de sa mission, et cela, dès le début, pourrait nous rassurer d’un certain point de vue. Quand nous connaissons des difficultés ce n’est pas forcément le signe que nous ne sommes plus dans la volonté du Seigneur. Il y aura toujours une part de combat spirituel dans notre vie. 

Et c’est même plutôt les moments de calme trop plat qui devraient nous inquiéter ! Ceux qui ne sont jamais attaqués doivent se demander s’il ne serait pas tombé dans une certaine tiédeur au niveau de la Foi. En effet, le Malin n’attaque jamais les tièdes parce que leur tiédeur est déjà le signe de sa victoire en eux. Il n’a donc plus besoin de les attaquer.

Juste un mot sur la 1° lecture, sur cette belle histoire du combat de David contre Goliath. Quelle est la réalité des faits ? Peu importe ! Ce qui est le plus important, c’est de repérer qu’un jeune homme, car David n’était encore qu’un jeune homme à l’époque, un jeune homme, donc, n’a pas supporté ce qui se passait chaque jour sans que personne n’ose intervenir. Le géant Goliath, sûr de sa force, venait chaque jour, nous dit le texte, défier l’armée d’Israël. Ce qui insupporte David, c’est que, à travers l’armée, c’est Dieu lui-même que Goliath défie. Et personne n’intervient par peur de ce colosse.

David, il est jeune, récemment choisi pour succéder à Saül, tout frais dans sa vocation, pourrait-on dire, et il ne peut pas tolérer ça. Dieu n’est pas respecté et personne ne dit rien par peur. Mais lui, il ne peut pas accepter qu’on s’en prenne à Dieu, alors, bravant la peur, comptant sur sa foi, il va défier le géant et mettra fin à ce scandale.

J’aime beaucoup ce passage où on voit ce jeune qui donne une belle leçon au roi et à tous les dirigeants. Elle est belle cette fraicheur de la jeunesse qui donne une audace incroyable. Et quand je parle de jeunesse, je ne veux pas forcément parler d’âge. Mais on voit bien que l’enthousiasme des convertis, des recommençants, des catéchumènes et aussi des jeunes nous fait du bien, nous bouscule. Demandons au Seigneur qu’il en envoie toujours plus pour nous secouer, pour secouer son Eglise quand elle a tendance à s’endormir, quand elle n’ose plus monter au créneau et dire que ça suffit ! Et finalement nous voyons bien que ce n’est pas le nombre qui fera la différence, ni même la force, mais l’enthousiasme.