Inutile que j’insiste sur l’introduction, je l’ai déjà faite au moins 3 fois ! Les évangiles des dimanches de carême de l’année A sont une catéchèse à destination des catéchumènes pour parfaire leur formation qui arrive dans sa dernière étape. Ces évangiles veulent donc transmettre le cœur de la Foi, l’essentiel de l’expérience chrétienne. Si jamais, il y avait des lacunes dans votre propre formation, je vous renvoie aux homélies des dimanches précédents !
Ce dimanche, il n’y a pas besoin d’analyser très longtemps les textes pour formuler le message qui constituera le cœur de la Foi à transmettre à ceux qui se préparent au baptême et à intégrer toujours mieux pour les baptisés de plus longue date. Le message est clair et il est important de l’entendre en ces temps que nous vivons : Dieu est le Dieu de la Vie, il nous veut vivant. Jésus résumera sa mission par cette parole que j’aime tant : je suis venu pour que les hommes aient la Vie … et comme si cette belle déclaration ne suffisait encore pas, Jésus rajoute : et qu’ils l’aient en abondance !
St Irénée, le grand évêque de Lyon le dira avec ses mots à lui qui vont d’ailleurs nous permettre de comprendre une phrase un peu mystérieuse de cet évangile, St Irénée disait donc : la Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. Ainsi donc quand Jésus dit à propos de la maladie de Lazare : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu. » Nous comprenons mieux ce qu’il veut dire : la Gloire de Dieu va se manifester dans l’acte de puissance que Jésus va poser, il va manifester que Dieu est le Dieu de la vie, qu’il n’a pas fait la mort. La preuve, c’est que, lorsque Jésus arrive devant le tombeau de Lazare, il se met à pleurer. Je l’ai dit dans une homélie de semaine, mais comme j’envoie mes homélies du dimanche à un certain nombre de personnes, je me permets, pour eux de le répéter. Ce texte vient confirmer le fait que ce n’est pas Dieu qui fait mourir ni du coronavirus ni de quoique ce soit d’autre. Dieu n’est jamais du côté de ceux qui font mourir, mais il est toujours aux côtés de ceux qui meurent. Dieu pleure la mort de chacun de ses enfants et ne peut qu’ouvrir ses bras de Père pour l’accueillir.
Bien sûr, il faudrait beaucoup plus de temps que n’en donne une homélie pour commenter dans le détail cet évangile. Mais, comme je le disais en introduction, il est suffisant que nous retenions le message essentiel du texte : Dieu est le Dieu de la vie, Jésus est venu pour nous donner la vie en abondance, la Gloire de Dieu c’est l’homme vivant. Et alors, à partir de ce texte, on peut faire une double lecture :
- 1° une lecture qui prend en compte l’événement de la mort de Lazare et au-delà de cette mort particulière, la mort en général. La seconde lecture va dans ce sens.
- 2° une lecture symbolique que la 1° lecture vient appuyer de si belle manière.
Premier niveau de lecture, l’Eglise veut transmettre aux catéchumènes cette conviction de foi : parce que Dieu n’est pas du côté de la mort, l’homme n’est pas fait pour la mort. Donc, en ressuscitant Lazare, Jésus annonce ce qui nous arrivera à tous, si nous le voulons, bien sûr : dans nos existences, la mort n’aura pas le dernier mot, nous sommes appelés à vivre éternellement, nous ne sommes pas faits pour la mort, mais pour la vie, pour la résurrection. Jésus a accepté de mourir pour nous afin de nous entrainer dans sa vie. C’est ce que nous célébrerons dans quelques jours. C’est un bien grand mystère, mais c’est le cœur de notre foi. J’aime bien rappeler que, dans le Credo, nous ne disons pas : j’ai compris comment se passera la résurrection de la chair, nous disons seulement, mais c’est fondamental : je crois en la résurrection de la chair.
Et, pour les chrétiens, dire cela, ce n’est pas minimiser l’importance de la vie terrestre en focalisant toutes nos espérances sur la vie éternelle, pas du tout ! La foi chrétienne nous invite à prendre très au sérieux la vie terrestre parce qu’elle est la seule et la meilleure préparation pour la vie éternelle. Dans cette vie terrestre, nous ne cherchons pas à accumuler des mérites pour être sûrs de ne pas nous faire refouler à l’entrée du paradis, mais notre vie terrestre doit nous permettre de nous entrainer à vivre déjà dans l’amour, à semer l’amour autour de nous pour que nous ne soyons pas trop dépaysés quand nous serons plongés dans le grand bain d’amour éternel.
Voilà, c’était le premier niveau de lecture : en ressuscitant Lazare, Jésus dit l’orientation ultime de notre vie. Passons au 2° niveau de lecture, plus symbolique. Sans qu’elles ne tournent dans un film de science-fiction, nous croisons des personnes qui sont des morts-vivants. Elles sont bien vivantes, leurs fonctions biologiques ne sont pas détériorées, mais, en fait, elles ne vivent plus. Elles sont accablées par la tristesse, ligotées par des blessures d’enfance qui ne leur permettent pas de s’épanouir, esclaves d’addictions de toutes sortes qui les font plonger toujours plus bas, liées par une vie de péché … Cet évangile de la résurrection de Lazare est aussi une promesse pour ces personnes et pas une promesse pour la vie éternelle. Jésus leur dit : je suis venu pour que tu aies la vie et que tu l’aies en abondance dès maintenant, dans ta vie terrestre sans attendre l’au-delà.
Je comprends facilement qu’il soit dur de croire que la vie en abondance est possible quand on respire un parfum de mort depuis tant d’années, parfois même depuis son enfance. Face à la promesse de Jésus, tous ceux-là ont envie de crier, comme les sœurs de Lazare : c’est trop tard, Seigneur, je sens déjà la tombe tellement ma vie ressemble à une mort ! Et pour eux, puisqu’ils reprennent les mots des sœurs de Lazare, Jésus redonne la même parole : Si tu crois, tu verras la Gloire de Dieu ! Si tu crois, tu verras que la Gloire de Dieu va se manifester pour toi, oui pour toi … et je te rappelle que la Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant !
Alors, on a envie de dire : mais, comment est-ce possible Seigneur ? Il faudrait un vrai miracle ! Et Jésus répond : oui, il faut un miracle, mais ce que j’ai fait, il y a 2000 ans, je peux le refaire aujourd’hui, je n’ai rien perdu de ma puissance. Et si j’ai été capable de ressusciter un mort, tu penses bien que je suis capable de te ressusciter, toi, qui n’es quand même pas tout à fait mort, même si tu es bien abîmé par la vie !
« Sors de ton tombeau et viens dehors ! » Quand tu entendras cette parole, crois qu’elle est pour toi ! Peu importe le nombre d’années de tombeau que tu as vécues, quand tu entendras cette parole, ose sortir de ton tombeau. Le Malin cherchera à te faire douter de la puissance de la parole de Jésus en te disant : mais tu ne peux pas sortir, regarde dans quel état tu es, tu es encore tout lié par les bandelettes et recouvert du voile des morts. Si Jésus t’appelle, ose sortir et fais comme pour Mac Do : viens comme tu es ! Jésus demandera à des frères de s’occuper de toi, il leur dira : Déliez-le ! Alors tu gouteras aux bienfaits de la prière des frères, une prière qui viendra parachever ce que, seul, Jésus pouvait accomplir. Et toute cette place qui va se faire, qui va se libérer en toi, tu la rempliras par le Saint Esprit parce que, comme nous le disons dans la formule longue du Credo, c’est lui qui donne la vie, c’est lui qui nous garde dans la vie et qui nous empêche de retourner dans les lieux de mort, de reprendre ces habitudes qui conduisent à la mort.
Vivement que cette crise soit terminée pour que nous puissions remettre en route toutes les retraites, toutes les assemblées de prière et de guérison qui sont ces lieux dans lesquels nous voyons cette puissance du Seigneur à l’œuvre. Après ce temps où un parfum de mort régne sur notre monde, il sera temps qu’un parfum de vie puisse chasser ces effluves, c’est le plus grand désir du Seigneur, écoute-le, cette parole est pour aujourd’hui : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter. Vous saurez que Je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter. Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez. » Le Seigneur a parlé !