Au lieu de naître en Palestine, si Jésus était né au Burundi, je pense que le texte d’Évangile que nous venons d’entendre aurait commencé avec une légère différence. Il y avait un mariage à Bujumbura, la mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de bière ! La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont plus de bière ! » Redevenons un peu plus sérieux, mais cette adaptation nous permet de comprendre quand même l’importance du problème. Bien sûr, dans la vie, dans le monde, il y a des problèmes plus importants que de manquer de bière pour un mariage, c’est sûr … mais pour la famille qui invite, quelle honte de n’avoir pas prévu suffisamment pour que tous les invités passent un bon moment.

Les invités ne se rendaient encore compte de rien, parce qu’on avait encore un peu, mais bientôt, il n’y aurait plus rien et, là, la honte allait retomber sur la famille. Les invités continuaient donc à boire, à discuter, à s’amuser, mais le jeune couple et ses parents devaient faire une drôle de tête quand l’organisateur est venu leur faire part du problème. Ils devaient se parler à l’oreille pour voir quelles solutions étaient possibles. Les invités ne voyant rien continuaient à parler entre eux, profitaient de ce bon moment… mais il y en a une qui a vu, c’est Marie ! Aussi, à partir de ce texte, j’aimerais vous parler des qualités de Marie et de la puissance de son intercession. En méditant ce texte, j’ai trouvé 5 qualités de Marie que j’aimerais vous partager et qui nous aideront à mieux comprendre comment la Vierge Marie, aujourd’hui encore, peut accompagner nos chemins de foi.

J’ai hésité à vous parler de Marie aujourd’hui parce que c’est le dimanche de prière pour l’unité des chrétiens. Et je sais bien que parler de Marie avec nos frères issus de la Réforme, ce n’est pas facile. J’ai beaucoup d’amis réformés en France, je participe à un groupe œcuménique très fraternel. L’un des frères de ce groupe était à Bujumbura ces jours pour une mission de l’ONU et nous avons eu la joie de nous retrouver. C’est en pensant à lui, aux autres amis que j’ai hésité. Mais je me suis dit que si nous avancions tous sur le chemin de la fidélité à l’Évangile, nous finirions bien, sur ce point aussi qui concerne la place de Marie, à mieux nous comprendre et à nous enrichir de nos diversités plutôt que de les passer sous silence. Alors, regardons ces 5 qualités.

• La 1° qualité, je viens de l’énoncer, c’est Marie qui voit ce que les autres ne voient pas. Marie est attentive et elle se rend compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Elle voit les visages des jeunes mariés et de leurs parents qui sont en train de devenir tristes, anxieux. Je crois que Marie, aujourd’hui encore est attentive à ce que nous vivons. Je crois qu’elle repère vite l’inquiétude sur nos visages, même si nous n’avons encore rien dit ! Et les sujets d’inquiétude ne manquent pas, particulièrement chez vous !
• La 2° qualité de Marie, c’est que percevant un problème, elle ne détourne pas son regard en disant : comme je ne peux rien pour eux, je fais comme si je n’avais rien vu ! C’est souvent comme cela que nous réagissons face à la détresse que nous avons pu percevoir chez les autres. Nous nous sentons tellement impuissants que nous préférons détourner nos regards, nos chemins pour nous éloigner de ceux qui sont en difficulté.

Marie ne détourne pas son regard et elle a tout de suite le bon réflexe : en parler à Jésus parce que, elle, elle ne se prend pour Dieu, elle sait qu’elle n’est pas toute-puissante ! Et vous avez remarqué que lorsqu’elle vient en parler à Jésus, elle ne lui dit pas ce qu’il doit faire, elle le laisse totalement libre d’agir comme il veut. Elle aide juste Jésus à voir ce qu’il n’avait pas encore vu : ils n’ont plus de vin.

• La 3° qualité de Marie, c’est une confiance absolue en Jésus. Elle a fait remarquer le problème à Jésus qui lui répond que son heure n’est pas venue. En effet, Jésus se demande si c’est bien de commencer son ministère en faisant un miracle. Les gens risquent de se tromper à son sujet. Lui, il n’est pas venu pour faire des coups d’éclat qui impressionnent, il est venu sauver, s’occuper de changer le cœur des hommes. Marie ne conteste pas ce que Jésus dit, elle ne va pas essayer de lui arracher un miracle. Simplement, elle sait que Jésus va faire quelque chose, elle le sait d’une certitude de foi. Il n’est pas possible que devant des personnes qui ont un problème, Jésus ne fasse rien. Elle ne sait pas ce qu’il va faire, ce qu’il veut faire ; très respectueuse, elle ne lui dicte toujours pas ce qu’elle doit faire. Mais, dans une confiance absolue, elle dit aux serviteurs : tout ce qu’il vous dira, faites-le ! C’est un peu comme si elle disait : je ne sais pas ce qu’il va vous dire, mais, lui, quand il parle, vous pouvez lui faire absolument confiance et croire que ce qu’il va vous dire, c’est ce qu’il y a de meilleur.
• La 4° qualité de Marie, c’est l’humilité. Elle a fait ce qu’elle avait à faire, elle a dit ce qu’elle avait à dire, elle se retire discrètement. Puisqu’elle fait totalement confiance à Jésus, elle n’a pas envie de surveiller ce qui va se passer. Puisqu’elle croit que ce qu’il dira, ce qu’il fera, ça sera bien, ça sera même le meilleur, elle peut se retirer dans la confiance ! Et quand le miracle a eu lieu, Marie ne revient pas pour dire à tout le monde : c’est quand même grâce à moi que la fête peut continuer, si je n’avais pas vu le problème et si je n’avais pas mis au monde un tel fils, vous seriez bien en difficulté. Non, humilité totale, Marie disparait au moment du miracle en faisant totalement confiance et disparait après le miracle, elle est sûrement dans un coin discret en train de rendre grâce.
• Enfin, la 5° qualité de Marie, j’aime bien la formuler ainsi : elle fait avancer l’horloge du Bon Dieu plus vite ! Jésus lui dit : ce n’est pas l’heure et elle, elle dit : faites tout ce qu’il vous dira ! Elle ne sait pas ce qu’il va dire et faire, mais elle est sûr qu’il va se passer quelque chose ; l’heure va arriver plus vite que prévu ! Marie fait avancer l’horloge du Bon Dieu ! Quand nous trouvons qu’une situation a assez duré dans notre vie, il faut demander à Marie qu’elle intercède pour nous, parce qu’elle a cette capacité de faire avancer l’horloge du Bon Dieu, de faire en sorte que ce soit, plus vite que prévu, l’heure pour Dieu de nous faire grâce !

Les quatre premières qualités de Marie, nous pouvons demander qu’elles deviennent les nôtres et si nous le demandons, il n’y a pas de raison que le Seigneur ne nous l’accorde pas. Je les répète pour que nous puissions les retenir :

1° qualité, la capacité de voir, d’être attentif particulièrement aux situations de détresse.

2° qualité, ayant vue que nous ne détournions pas nos regards pour nous débarrasser des problèmes des autres sous prétexte que nous ne pouvons pas tout régler.

3° qualité, faire une confiance absolue à Jésus, sans lui dicter ce qu’il doit faire. Notre mission, c’est de lui confier noss problèmes et ceux des autres et croire ensuite qu’il va s’en occuper, comment ? Ce n’est pas à nous de le décider, mais il nous faut croire qu’il va s’en occuper. Il ne fera pas tout à notre place, il nous laissera faire le possible et lui, il se chargera de l’impossible.

4° qualité, rester dans l’humilité, ce n’est pas parce que nous avons intercédé pour quelqu’un que, pour autant, nous sommes devenus des sauveurs ! Restons à notre place.

Ces 4 qualités de Marie que je viens d’énumérer et que je vous ai invités à demander, je crois que mes frères issus de la Réforme peuvent les entendre sans difficulté ! Il est vraisemblable que, aujourd’hui, aucun pasteur ne parlera autant de Marie que ce que je viens de faire, mais je crois qu’ils n’auraient rien à me reprocher en ce qui concerne la fidélité à l’évangile dans ma prédication ! Je sais, par contre, que la 5° qualité de Marie, c’est sûrement, celle qu’ils auraient le plus de mal à accueillir : Marie qui fait avancer l’horloge du Bon Dieu. Vous aurez d’ailleurs remarqué que cette 5° qualité, elle est très particulière. Les 4 autres peuvent et doivent devenir les autres, la 5°, je la laisse à Marie, c’est elle qui, éternellement, garde cette capacité de faire avancer l’horloge du Bon Dieu et, c’est pour cela que, nous les catholiques et les orthodoxes avec nous, nous aimons prier Marie.

Eh bien, puisqu’elle a cette capacité de faire avancer l’horloge du Bon Dieu, demandons-lui qu’elle fasse advenir le plus vite possible le jour où nous serons réunis, chrétiens de toute confession, pour partager ensemble le banquet eucharistique, banquet dans lequel le vin ne viendra jamais à manquer ! Oui, qu’elle fasse avancer l’horloge du Bon Dieu pour que ce jour arrive vite. Et comme elle est très humble, quand ce jour sera arrivé, nos frères issus de la Réforme peuvent être tranquilles, Marie ne dira jamais : c’est grâce à moi !