Nous poursuivons notre lecture du lire de Jérémie, mais j’ai envie de dire qu’on a changé de registre ! Jusqu’à maintenant, nous avions entendu beaucoup de paroles très dures prononcées par le prophète Jérémie, de la part du Seigneur, pour annoncer la catastrophe inévitable de la prise de Jérusalem et de la déportation du peuple qui s’en suivrait. Aujourd’hui, plus rien de tout cela, ce sont, au contraire, de très belles paroles de consolation qui, de la part du Seigneur, sortent de la bouche du prophète : Je t’aime d’un amour éternel, aussi je te garde ma fidélité. Est-ce que Dieu aurait changé d’avis ? La catastrophe est-elle en train de s’éloigner ? Non pas du tout ! Les choix tordus des dirigeants, cautionnés par le peuple conduiront bien à la catastrophe, mais, dans ce texte,
Dieu est déjà en train de jouer le coup d’après ! Et, le coup d’après, ça sera la miséricorde ! Vous avez entendu les 3 « de nouveau »
- De nouveau je te bâtirai, et tu seras rebâtie,
- De nouveau tu prendras tes tambourins de fête
- De nouveau tu planteras des vignes
C’est-à-dire que le prophète annonce, de la part du Seigneur, que la catastrophe ne sera pas le dernier mot de l’histoire. Elle arrivera cette catastrophe ; d’ailleurs, puisque ce n’est pas Dieu qui l’envoie, il ne peut la retenir. Et elle aura une vertu pédagogique, payée très chère, c’est vrai, mais le peuple découvrira ainsi que tous ses choix mauvais ont des conséquences et donc, qu’à l’avenir, il lui faudra vivre dans la fidélité à l’Alliance. Et donc, Dieu promet de reprendre le chemin avec son peuple, d’ouvrir un avenir nouveau, c’est pourquoi, il y a ces 3 « de nouveau » accompagnés de promesses qui ouvrent cet avenir nouveau. Il en va ainsi dans notre vie, nos choix tordus ont des conséquences que Dieu ne peut pas annuler, mais avec nous aussi, il est continuellement dans le coup d’après. Sa miséricorde pourra toujours nous ouvrir des chemins nouveaux pour que, renouvelés par son amour, nous puissions repartir avec un cœur transformé et résolu.
Venons-en à l’Evangile qui nous présente cette scène qui nous met un peu mal à l’aise. Une femme, une maman, vient à lui pour crier sa souffrance, elle ne réclame rien pour elle, mais pour sa fille très tourmentée. Ce qu’elle demande, elle le demande, nous dit le texte, en criant, c’est tellement important pour elle qu’elle veut être sûre d’être bien entendue. Alors, les apôtres cherchent à la faire taire or, d’habitude, dans ces situations, Jésus manifeste aux apôtres que leur attitude n’est pas ajustée. Plusieurs fois, il leur a demandé de laisser toutes les personnes en souffrance, toutes les personnes qui dérangent venir à lui. Là, il n’en est rien, il dit : Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. Terrible parole, cette femme était une étrangère et Jésus semble lui dire : il n’y aura rien pour toi !
Mais il en faut plus pour décourager cette femme parce que c’est une maman et que la vie de sa fille est en jeu. Croyez-vous que Jésus se laisse fléchir ? Pas du tout ! Il en rajoute une couche : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Vous comprenez pourquoi je disais que cette scène nous met mal à l’aise, elle nous présente un visage de Jésus que nous n’avons pas l’habitude de voir ! Puisque l’attitude de Jésus nous déconcerte, regardons l’attitude de cette femme, regardons comment elle réagit face à ce refus répété de Jésus d’intervenir en sa faveur. Son attitude est vraiment très belle et elle pourrait nous inspirer dans tous les dialogues que nous avons à mener. En effet, cette femme aurait pu se décourager devant la posture de Jésus et elle aurait pu lui envoyer une remarque cinglante en pleine figure : monsieur se prétend le messie, l’envoyé de Dieu et monsieur me traite de petit chien, bravo !
Si elle l’avait dit, ça aurait été juste, c’était bien la vérité, mais ça ne faisait rien avancer. Au contraire ! Reconnaissons que nous, nous tombons souvent dans le panneau. Quand les autres nous agacent, nous avons tôt fait de leur envoyer une remarque acerbe en pleine figure. Sur le coup, on a l’impression que ça nous fait du bien, ça nous soulage sûrement, mais pour faire avancer le dialogue, c’est absolument nul. La cananéenne ne procède pas ainsi.
Elle a vite compris que les réactions de cet homme ne correspondent pas à sa réputation, elle veut donc aller au-delà, ne pas s’arrêter à son attitude désobligeante, au moins en apparence. Elle comprend tout à fait que Jésus puisse avoir une priorité : les membres du peuple qu’il a épousé en s’incarnant. Bien sûr, Jésus veut sauver tous les hommes, mais pour sauver tous les hommes, il faut bien commencer par un groupe et, pour Jésus, c’était clair, il devait commencer par les juifs et ensuite, ces derniers ayant accueilli le Salut, le rayonnerait jusqu’aux extrémités de la terre. La femme ne remet pas en cause le choix de Jésus, elle lui dit simplement que des miettes de l’amour de Jésus seront suffisantes pour guérir sa fille. C’est dire si cette femme a compris la puissance de l’amour de Jésus puisqu’elle saura, avec sa fille, se contenter de quelques miettes qui seront largement suffisantes. Jésus va reconnaître cette foi et manifester qu’une telle foi peut tout obtenir : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons cette grâce d’une foi qui ne nous fera jamais baisser les bras !
Ce texte montre aussi que nous devons « harceler » spirituellement jésus jusqu’à obtenir le » résultat » de notre prière. Parfois cela peut prendre des années. Personnellement, nous avons prié et fait prier des amis pour le retour de notre fils adoptif pendant ans 6ans1/2.
Alluia, gloire à Dieu.
Faut il aussi que notre prière soit ajusté.