11 août : Etre chrétien, ce n’est pas être bien mignon !

Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » Cette parole de Jésus, elle a souvent été illustrée dans le passé et on voyait Jésus, super bien peigné, portant une tunique de chez Dior, richement brodée qui prenait un enfant sur ses genoux. Cet enfant était un blondinet avec des bouclettes et un sourire qui vous faisait craquer, lui aussi était vêtu d’une magnifique petite tunique sur laquelle il ne manquait plus qu’une broderie indiquant : I love Jesus ! 

C’est terrible parce que ces représentations nous ont complètement éloigné de l’Evangile. Evidemment, Jésus ne s’habillait pas chez Dior, pas d’abord parce que la maison n’existait pas, mais parce que, bien avant Claire et François d’Assise, il avait choisi de vivre dans la pauvreté montrant déjà que l’Evangile serait toujours plus accessible aux désencombrés. Et puis des enfants aux bouclettes blondes avec une tête d’ange, ça ne courait pas les rues ! Les habitants de la Palestine avaient la même tête que les palestiniens d’aujourd’hui et je peux vous jurer que si vous traversez Gaza ou Naplouse, des blonds aux yeux bleus, vous n’allez pas en croiser beaucoup ! Et puis les enfants, à l’époque, ils vivaient dehors, leurs habits n’étaient jamais nickels. Parmi ces enfants, beaucoup venaient même de familles pauvres et il me plait de penser que c’est l’un de ces enfants que Jésus a choisis. Peut-être avait-il, comme beaucoup de ces enfants pauvres, un visage sur lequel on voyait des traces de maladies de peau. 

Les représentations que j’évoquais nous présentaient donc un beau Jésus, tout bien de sa personne, prenant sur ses genoux un enfant tout mignon. Du coup, la leçon était claire, quand Jésus disait : « si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux » il voulait dire : « vous aussi, soyez mignons, bien propres sur vous et souriants en toute circonstance ! » Avec la description plus réaliste que je viens de faire, on comprend tout de suite que ce n’est sûrement pas ce qu’a voulu dire Jésus !

Si Jésus présente un enfant comme référence du Royaume, c’est bien plutôt parce que l’enfant est le modèle de la confiance. Un enfant, le matin quand il se lève, ce qui le préoccupe le plus c’est de savoir à quoi il va jouer quand il aura fini son petit déjeuner. Et pourquoi, un enfant peut-il vivre dans une telle insouciance ? Parce qu’il sait que ses parents qui l’aiment, eux, ils vont se préoccuper, se démener pour que lui, il ne manque pas de l’essentiel. C’est pour cela que c’est si grave d’abuser de la confiance d’un enfant. Jésus met sévèrement en garde contre ceux qui seraient tentés de le faire en indiquant que les enfants sont directement reliés à Dieu par leur ange et que porter atteinte à un enfant, c’est porter atteinte à Dieu lui-même. Dans un passage parallèle, il dira même qu’il vaudrait mieux qu’on attache une meule de moulin autour du cou de ceux qui porteraient atteinte à un enfant et les précipiter dans la mer. 

Mais il n’y a pas que dans les scandales de pédophilie qu’on porte atteinte aux enfants. Tous ceux qui enrôlent des enfants comme soldats ou qui les contraignent à faire des travaux pénibles sont aussi concernés … et peut-être nous aussi qui laissons mourir de faim tant d’enfants sans que ça ne nous empêche de dormir. SILENCE. Je viens de me taire 11 secondes, un enfant vient de mourir de faim. Dans notre monde, en 2020, toutes les 11 secondes, un enfant meurt de faim. Il nous faut réentendre Jésus nous dire, avec la conviction qu’il a dû mettre dans cette parole : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. »

Après ces rappels salutaires, revenons à l’enfant que Jésus donne comme référence du Royaume. Nous avons donc compris que c’est en raison de leur confiance que Jésus les donne comme modèles. C’est quoi être chrétien ? Ce n’est donc pas être mignon, mais c’est vivre dans la confiance à l’égard de Dieu, notre Père du ciel. Le chrétien, c’est celui qui accorde à Dieu la même confiance qu’un enfant peut accorder à ses parents. Et Jésus tient à préciser, avec la parabole de la brebis perdue, que mettre une telle confiance en Dieu, ce n’est pas déplacé parce que Dieu est capable de perdre la tête pour chacun d’entre nous. Avec Dieu, ça ne sera jamais : un de perdu, 10 de retrouvés ! Un de perdu, c’est un de perdu et c’est un de trop ! Mais vous pourriez me dire qu’à la limite il vaut mieux se perdre que d’être bien dans le troupeau car s’il y en a un qui se perd, Dieu est capable de plaquer les 99 qui ne sont pas rebelles pour aller à la recherche de celui qui est perdu … c’est à vous décourager de venir en retraite ! Est-ce que ça veut dire qu’il serait plus judicieux d’aller participer à une « rave-party » et de se défoncer si on veut que Dieu s’occupe de nous ? Evidemment, non ! Parce que Dieu est un Père qui aime comme une mère : l’amour qu’il donne à l’enfant qui en a le plus besoin ne vient pas baisser la dose des autres !

En donnant un enfant comme modèle du Royaume, Jésus nous invite donc à la confiance. Et en ajoutant cette parabole de la brebis perdue, Jésus précise que, seuls ceux qui ont fait l’expérience de l’amour immensément miséricordieux du Seigneur pourront vivre dans cette confiance. C’est vraiment intéressant qu’il ait lié les deux parce qu’il nous donne ainsi le moyen de faire un diagnostic sur notre vie de foi. Si tu n’arrives pas à vivre suffisamment dans la confiance, c’est peut-être que tu n’as pas encore vraiment fait l’expérience de l’amour immensément miséricordieux du Seigneur pour toi ou alors, si tu l’as déjà fait, tu l’as oublié ! Dans tous les cas, tu as bien fait de venir en retraite et de venir en retraite, ici à Chateauneuf, dans ce Foyer de charité. Car un Foyer de Charité, selon la demande que Jésus a transmise à Marthe, « c’est la maison de son cœur ouvert à tous », une maison, a-t-il encore précisé, qui a vocation à « accueillir les grandes détresses humaines qui ont besoin de puiser consolation et espérance pour vivre de grandes résurrections spirituelles. »

Tout ce que nous vivrons cette semaine, vous les retraitants du père Moïse et nous, dans la retraite « Va, Prie, Deviens » ainsi que les ados dans la « retraite poney », oui tout ce que nous vivrons n’a pas d’autre objectif que nous faire goûter à nouveau à l’amour immensément miséricordieux du Seigneur pour que notre confiance en lui soit, à jamais fortifiée. Et c’est ainsi que nous deviendrons de vrais croyants. En effet, avoir la foi, comme aime le dire un prêtre que nous avons accueilli ici, il y a 15 jours, ce n’est pas être ceinture noire de caté, c’est-à-dire chercher à tout savoir sur Dieu. Etre croyant, c’est accorder à Dieu, la même confiance qu’un enfant accorde à ses parents. Foi et confiance, c’est la même racine et le mot confiance nous aide à comprendre que la foi, ce n’est pas abstrait, encore moins intellectuel !

Je termine en disant que l’un des moyens qui nous est proposé dans une retraite pour faire grandir notre confiance en Dieu, c’est la lecture, la méditation amoureuse et savoureuse de la Parole de Dieu. C’est ce que demandait le Seigneur au prophète Ezéchiel, il lui proposait de se nourrir de sa Parole qui peut devenir savoureuse et bienfaisante comme le miel. Avec le père Moïse, avec tous ceux qui sont là pour vous accompagner et vous servir, nous nous recommandons à votre prière pour que nous puissions vous aider à vous nourrir de cette Parole et ainsi grandir en confiance, c’est-à-dire devenir d’authentiques croyants.

Cet article a 3 commentaires

  1. wilhelm richard

    cher père, rien ne vous perturbe après vos courtes vacances : Avec ou Sans son, nous restons attenTIFs à votre homélie qui vole toujours aussi haut et vous restez un sacré oiseau de bonne odeur.
    Notre Père du Ciel veut nous porter sur ses épaules et nous appelle :
    ne reste pas dehors
    tu restes mon trésor
    même si ne portes pas de Dior.
    une de vos précédentes interventions disait que Dieu (berger du troupeau) nous prenait sur ses épaules même si nous ne sentions pas bon.
    alors à bon entendeur, salut !!!

  2. Franchellin

    Bonjour père Roger, tout d’abord quelle joie de vous relire et ainsi se nourrir de vos réflexions toujours bien appropriées.
    Oui, matcher dans la foi c’est autre chose que de marcher à côté de jésus.. Pierre l’a bien compris lorsqu’il s »est aventuré à rejoindre jésus sur l’ eau en sortant de la barque
    Que Dieu bénisse cette retraite

  3. Adéline

    Merci… vous êtes bien mignon !
    (euh… pardon!)
    😀

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