Ce texte d’Evangile a un air de déjà entendu puisque, mardi dernier, en la fête de Notre Dame du Mont Carmel, nous l’avons déjà entendu et l’évêque l’avait commenté pour nous. Pour ne pas rabâcher, j’ai eu la curiosité de regarder le contexte dans lequel ce texte se trouve et c’est très intéressant.
Nous sommes au début du ministère de Jésus, C’est juste quelques versets avant, dans ce même chapitre 3 de l’Evangile de Matthieu que Jésus appelle les 12. Et, juste après l’appel, on voit deux groupes qui viennent auprès de Jésus avec, semble-t-il, l’intention de le détourner de la manière dont il envisage d’exercer son ministère. Ces deux groupes sont d’une part les pharisiens et d’autre part sa famille.
- Les scribes et les pharisiens sont en pétard car Jésus vient de guérir, un jour de sabbat, un homme à la main desséchée. Ces guérisons ne pouvaient que les exaspérer en raison de la renommée qu’elles donnaient à Jésus et en raison de l’orthodoxie de la foi juive que Jésus malmenait à l’occasion en ne respectant pas le repos du sabbat. Je passe sur d’autres détails qui suivent et qui ont scandalisé les scribes et les pharisiens.
- J’imagine volontiers que, dans cette histoire, Marie a été comme « prise en otage » le reste de la parenté a voulu qu’elle les accompagne en pensant qu’avec elle, ils pourraient approcher Jésus. Mais elle ne partageait sans doute pas leur vision des choses même si elle a pu être interrogative sur certains points quant à la manière avec laquelle Jésus accomplissait sa mission.
Jésus commence par répondre aux scribes et aux pharisiens et c’est juste après leur avoir répondus qu’intervient sa famille qui demande à le voir, mais nous le savons, en fait, ils veulent plus que le voir puisqu’il était dit qu’ils étaient venus pour se saisir de lui. Ainsi donc, la réponse que Jésus fait à ceux qui viennent l’informer de la présence de sa famille me semble devoir être interprétée dans ce contexte plus large que je viens d’évoquer. Jésus va très clairement refuser que sa famille mette la main sur lui, sur son ministère comme il avait refusé que les scribes et les pharisiens mettent la main sur lui.
Finalement, nous percevons assez nettement que Jésus veut pouvoir exercer son ministère hors de toute étroitesse. C’est clair : personne ne l’enfermera, ni les autorités religieuses, ni sa famille. Pour autant, Jésus ne veut pas exclure ceux qui cherchent à la mettre la main sur lui, il cherche comment les ouvrir, eux aussi, pour qu’ils quittent leurs étroitesses que soient celles d’une interprétation légaliste de la Loi ou celles des privilèges que donneraient les liens du sang.
Accueillons donc cette invitation de Jésus qui nous invite à nous méfier comme de la peste de l’étroitesse qui empêche le Seigneur d’agit dans sa liberté souveraine et qui peut toujours conduire à des comportements contraires à l’Evangile.
De la 1° lecture, je retiens ce cri du prophète Michée : Seigneur, avec ta houlette, sois le pasteur de ton peuple. Ce cri, c’est celui d’un homme fatigué par ses contemporains, par les dirigeants de son peuple, tant au plan civil que religieux. Devant tant de difficultés, il crie vers le Seigneur et lui dit : C’est le moment, prends les choses en main, ne nous laisse pas errer plus longtemps ! Le Seigneur entend toujours ces cris de ras-le-bol que nous lançons vers lui, mais il ne répond pas forcément comme nous, nous aimerions qu’il réponde ! Il ne va pas faire un coup d’éclat et prendre directement les choses en mains considérant que les hommes ne sont plus capables de le faire.
Non, ça c’est notre rêve, mais Dieu n’agit pas ainsi ! Quand ça va mal, pour répondre à nos demandes insistantes, il va envoyer des messagers qu’il a préparés et à qui il donne mission de prêcher la conversion, une conversion qui consiste à remettre Dieu à sa vraie place. Car, lorsque ça va mal, c’est que Dieu n’a plus sa juste place parmi nous, la première, celle qui lui revient de droit. Mais évidemment, les messagers que le Seigneur envoie ne sont pas tous toujours bien reçus car ce qu’ils prêchent est exigeant.
Ste Brigitte de Suède que nous fêtons aujourd’hui a été l’une de ces messagères, envoyée par le Seigneur et c’est par son exemple qu’elle a voulu inviter ses contemporains à la conversion. Quel chemin, elle a vécu ! Elle qui vécut dans la grande noblesse décidera, à la mort de son mari, de quitter tout confort, de renoncer à tout pour l’amour du Seigneur. Je vous lis quelques lignes qui résument sa vie : Favorisée de grâces extraordinaires, elle suivait à la lettre le saint Évangile, pratiquant la pauvreté, mendiant même sous le porche des églises afin de récolter le mépris des passants. A une princesse romaine qui lui reprochait de ne pas savoir garder son rang, elle répondit : « Jésus s’est abaissé sans avoir eu votre autorisation. »
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet et de Ste Brigitte, demandons cette grâce d’une conversion qui nous permettra de donner, redonner au Seigneur toute sa place dans nos vies.