12 août : samedi 18° semaine ordinaire. Quand la foi fait déplacer des montagnes … mais pas n’importe lesquelles !
Je trouve que la liturgie est formidable, elle nous donne toujours les bons textes au bon moment ! Vous vous apprêtez à partir, à rejoindre vos lieux de vie habituels, pour certains, il y aura encore un détour par un lieu de vacances pour quelques jours, mais, sans chercher à vous couper le moral, la rentrée est en ligne de mire ! Alors une question se pose : comment ne pas perdre le bénéfice de cette retraite ? Comment vivre chez nous en restant habités, transformés par ce que nous avons vécu au cours de cette retraite ? Eh bien les textes d’aujourd’hui peuvent nous apporter de bonnes réponses, des réponses opérationnelles.
Commençons par la 1° lecture : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Alors, si vous voulez que la parole devienne parlante pour vous, il va falloir remplacer « Israël » par chacun de vos prénoms, de nos prénoms, parce que, bien sûr ça me concerne aussi. Écoute, Roger : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et si on le faisait ensemble à haute voix ? Redisons la Parole en mettant notre prénom
Il y avait deux parties dans cette Parole, je vais les reprendre l’une après l’autre, mais auparavant, je commence par cette injonction : Écoute ! Nous nous tracassons souvent pour savoir comment nous allons dire telle ou telle chose, comment trouver les mots justes … La Parole de Dieu pointe cette nécessité primordiale qu’est l’écoute. Et tant de choses se passeraient mieux dans nos journées si nous écoutions le Seigneur, sa Parole, si nous écoutions vraiment les autres. Vous connaissez la boutade Dieu nous a fait une langue et deux oreilles pour que nous écoutions deux fois plus que nous ne parlons ! Écoute !
Première partie : Le Seigneur notre Dieu est l’Unique. En nous invitant à dire cela comme une véritable profession de Foi, il me semble que nous sommes invités à prendre un double engagement.
- 1/ Dieu est l’Unique, ce sont les paroles du chant que je citais hier qui explicitent cette parole : J’ai cherché, cherché, personne, personne ! J’ai fouillé, fouillé, personne, personne ! J’ai tourné, tourné, personne, personne ! Il n’y a vraiment personne comme lui ! En professant que Dieu est l’Unique, je m’engage donc à dire qu’il n’y a personne comme Lui. Je m’engage à ne rien oublier de tous les bienfaits reçus depuis mon arrivée dans le monde. Autrement dit, je m’engage à cultiver la gratitude à l’égard de Dieu, ce que j’évoquais, hier, en parlant de la mémoire spirituelle. Oui, l’un des moyens de ne pas perdre les bénéfices de cette retraite, ça sera de cultiver la mémoire spirituelle en n’oubliant rien de ce qu’il a fait pour moi et en prenant la décision de ne pas m’endormir sans lui avoir offert un bouquet de gratitude en reconnaissance.
- 2/ Dieu est l’Unique, ça signifie que je suis prêt à congédier de ma vie, toutes les idoles qui avaient pris une place que Dieu seul devait tenir dans ma vie. Quelqu’un qui voudrait repartir en lune de miel avec son conjoint ne pourrait pas le faire s’il n’acceptait pas, auparavant de rompre avec toute relation inajustée. Eh bien, avec le Seigneur, c’est pareil ! Vous avez peut-être vécu ou revécu une lune de miel avec Lui pendant cette retraite, si vous voulez que ça dure, vous ne pouvez pas, en arrivant chez vous, reprendre comme ça toutes les idoles qui vous faisaient de l’œil et à qui vous cédiez si vite … il faudra entrer dans un combat en sachant que l’Esprit-Saint est prêt à devenir notre allié dans ce combat.
Deuxième partie : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. On pourrait expliciter cette Parole en disant : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu avec tout ce que tu es. Dans cette énumération, cœur, âme et force on entend bien que c’est toute notre personne qui doit s’engager dans le combat pour l’amour de Dieu.
Je ne vais pas reprendre chacune de ces 3 dimensions cœur, âme et force dans le détail parce que je ne suis pas un grand spécialiste d’anthropologie biblique, le père Stéphane serait plus qualifié que moi pour le faire ! Retenons juste que Dieu ne veut pas être aimé juste par une partie de nous-mêmes, la partie spirituelle de nous-même, le reste faisant ce qu’il veut. Non ! C’est de nous, tout entier que le Seigneur veut être aimé. C’est toute notre personne qui doit s’engager dans l’amour de Dieu, car il y aura forcément un combat à mener pour le vivre le mieux possible. Il n’y a pas de vrais oui qui ne soient accompagnés de vrais non, de renoncements souvent crucifiants. Mais encore une fois, nous ne sommes pas seuls pour mener ce combat, le Saint-Esprit est notre allié.
Il me faut vite compléter ce commandement de l’amour de Dieu, en effet, quand Jésus l’évoquera, il dira qu’il y en a un 2° qui lui est semblable, c’est l’amour du prochain. Il rajoutera l’amour du prochain comme soi-même, je lisais le commentaire d’un exégète qui disait qu’on pourrait comprendre cette parole en ces termes : tu aimeras ton prochain qui est un autre toi-même. C’est-à-dire que mon prochain, il est comme moi, il est pauvre et il a besoin d’être aimé. Comme le monde serait beau si j’acceptais de reconnaître ma pauvreté et donc mon radical besoin d’être aimé. Comme le monde serait beau si je considérais chaque personne comme un autre moi-même, qui a, avant tout, besoin d’être aimée, parce que, comme moi, elle est pauvre et donc mendiante d’amour.
C’est donc avec cette double invitation qu’il nous faut repartir : amour de Dieu et amour de tous mes prochains. Le Deutéronome disait : ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Il ne faudrait surtout pas les oublier en rentrant ! Pour cela le Deutéronome donne des moyens concrets : tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé. Ça on peut tous le faire : repasser ces paroles dans notre cœur, demander au Saint-Esprit de les reprendre en boucle dans notre cœur. La suite, vous le savez, les juifs l’ont appliquée à la lettre : tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville. C’est le sens de ce qu’on appelle les téfilin, ces lanières de cuir tenant des étuis contenant ces paroles de la torah que les juifs s’enroulent sur les bras et sur le front ou encore les mezzouzas ces boites au-dessus du linteau de la porte d’entrée contenant aussi cette Parole de la Torah. Olivier Giroud, le célèbre joueur de foot, lui, il a choisi un autre moyen pour ne pas les oublier il a fait tatouer ces Parole sur les bras. A vous de trouver les moyens qui vous permettront de ne jamais les oublier !
Juste un mot de l’Evangile, je m’intéresse juste à la dernière phrase : Amen, je vous le dis : si vous avez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. Jésus ne dit pas ça en l’air ! Quand il prononçait cette parole, il devait montraer du doigt une montagne bien particulière, celle de la transfiguration. Pourquoi je dis cela ? Tout simplement parce que c’est sur cette montagne qu’il était juste quelques versets avant notre texte. Alors, cette parole est absolument géniale pour vous qui partez ! Tressaint, ça a été un peu pour vous la montagne de la Transfiguration, peut-être que vous auriez envie d’y rester, comme Pierre qui ne voulait plus redescendre ! C’est vrai, voir Jésus, se laisser voir et transformé par Jésus, quelle belle expérience, les actions de grâce partagées hier soir le montraient de si belle manière. Mais il vous faut partir !
Alors, c’est là que la parole de Jésus est géniale, il nous dit que si nous avons la foi, la montagne de la Transfiguration peut se déplacer avec nous. L’expérience de Transfiguration vécue à Tressaint peut vous accompagner. Si vous croyez, c’est possible ! Si vous croyez, si vous prenez les moyens de rester branchés sur la source d’amour, vous deviendrez ces oasis ambulantes. Jésus n’est pas confiné à Tressaint ! Si vous croyez en sa promesse, il vous accompagnera car il l’a promis : je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. Amen, je vous le dis : si vous avez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous direz à Tressaint : Transporte-toi d’ici jusque chez moi, et Tressaint se transportera ; rien ne vous sera impossible. Est-ce que nous sommes prêts à le croire ?