9 mai : Difficile d’habiter sa mission … faire mieux que Jésus, possible ?

Nous avons donc l’épilogue de l’aventure à Antioche de Pisidie qui n’est donc pas à confondre avec Antioche de Syrie. Antioche de Syrie, c’est cette belle communauté fondée par des laïcs où les disciples de Jésus ont reçu pour la 1° fois le nom de « chrétiens » et Antioche de Pisidie, c’est dans l’actuelle Turquie. Ce fut donc une étape importante au début de ce 1° voyage missionnaire et qui va se terminer de manière un peu compliquée. A la synagogue, ça s’était bien passé, Paul et Barnabé avaient pu expliquer aux juifs que Jésus arrivait bien comme celui qui accomplissait les Ecritures. 

Mais, le sabbat suivant, il va y avoir une intervention des responsables juifs, la moutarde leur est montée au nez, c’est ce qui nous était rapporté : « Quand les Juifs (entendez les responsables religieux) virent les foules, ils s’enflammèrent de jalousie ; ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient. » Et il faut croire que ces responsables ont réussi à retourner la foule puisque Paul et Barnabé vont dire : « C’est à vous d’abord qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu. Puisque vous la rejetez, nous nous tournons vers les nations païennes. » Et, comme on le dit : à toute chose, malheur est bon, cette décision va remplir de joie le cœur des païens qui étaient là, ils vont être nombreux à se convertir et devenir missionnaires et, dit le livre des Actes : « C’est ainsi que la parole du Seigneur se répandait dans toute la région. »

Ce succès va encore plus énerver les responsables religieux, les poussant à remonter contre Paul et Barnabé les femmes des familles les plus influentes de la ville. Barnabé et Paul vont être contraints de quitter plus rapidement que prévu la ville, accomplissant le fameux geste prescrit par Jésus dans l’Evangile : ils secouent la poussière de leurs pieds pour bien montrer qu’ils n’emportent aucune rancune, du moins, c’est ainsi que j’interprète ce geste. Ce qui m’intéresse le plus, c’est de voir ce qui se passe après. Cette violence qui s’est déchainée contre eux, Paul et Barnabé auraient pu l’interpréter comme un appel à vraiment passer aux païens. D’ailleurs, évangéliser les païens, c’était la mission que Paul avait reçue lors de sa conversion. Il devait aller vers les païens, or on voit bien dans cette première étape importante de ce 1° voyage missionnaire que ce n’est pas auprès des païens qu’ils sont allés puisqu’ils se retrouvent à la synagogue. Puisque ça se passe mal, ils auraient dû interpréter cet échec comme une invitation à revenir à la mission confiée. On pense que c’est ce qu’ils ont fait puisqu’ils disent : « nous nous tournons vers les nations païennes. » Eh bien pas du tout ! Je vous invite à lire, quelques versets plus loin, leur arrivée à Iconium, ça sera la lecture de lundi, mais hélas, elle va sauter les premiers versets ! Quand ils arrivent à Iconium, qu’est-ce qu’ils font ? Je vous le donne en 1000 ! Le livre des Actes nous dit que Paul et Barnabé entrèrent dans la synagogue des Juifs ! Seulement voilà, les mêmes causes produisent les mêmes effets, les responsables juifs vont monter la foule contre eux, Et ils vont avoir des ennuis.

Quelles conclusions peut-on tirer ? Eh bien que même pour des grandes et belles figures de l’évangélisation comme Barnabé et Paul, il leur a fallu du temps pour habiter la mission qu’ils avaient reçue de la part du Seigneur. Je trouve que c’est beau et consolant de voir que même les plus grands ne sont pas arrivés du 1° coup à remplir à aimer la mission qu’ils avaient reçue, il leur a fallu tâtonner pour comprendre pour parvenir à se donner. Ils se sont décidés puis sont revenus sur leur décision avant d’accepter pour de bon de servir le Seigneur comme lui le voulait en renonçant à leurs projets personnels. Dieu a su être patient avec eux, il le sera aussi avec nous face à nos tâtonnements et nos reculades ! Mais Dieu a su être tenace avec eux, leur envoyant les signes qu’il fallait pour les remettre sur le bon chemin, avec nous, il fera de même nous poursuivant du même amour entêté pour nous convaincre de servir en entrant dans ses vues à Lui.

Venons-en à l’Evangile. Avant de m’arrêter sur le dialogue entre Jésus et Philippe, je voudrais commenter brièvement deux versets qui peuvent poser question.

  • Le 1°, c’est : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. »  Est-ce vraiment possible de faire de plus grandes œuvres que Jésus ? Aussi étonnant que ça puisse paraitre, les apôtres ont fait de plus grandes œuvres que Jésus, on en a au moins deux attestations. Pour guérir les malades, il suffisait que l’ombre de Pierre passe sur eux, Ac 5,15. De la même manière, il suffisait qu’on applique sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché Paul pour qu’ils soient guéris. Ac 19,12. Etonnant ! Ça, Jésus ne l’a jamais fait ! Evidemment, ça ne veut pas dire que les apôtres sont devenus plus forts que Jésus, mais il a plu à Jésus de donner aux apôtres cette capacité, non seulement de faire des miracles, mais de pouvoir les accomplir de manière étonnante. Forcément nous devons nous laisser interroger au moins par la 1° partie de la déclaration solennelle de Jésus : « celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. » Dautant plus que cette déclaration est introduite par cet « amen, amen je vous le dis » qui annonce une parole de la plus haute importance.
  • Le 2° verset qui peut nous poser problème, c’est : « tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. » Nous aurions tous envie de dire à Jésus : mon œil ! Je t’ai demandé telle et telle chose et je n’ai rien reçu. Quand ce sont de petites grâces, on s’en remet, mais quand des personnes prient pour la guérison d’un papa, d’une maman, d’en enfant et qu’il meure, c’est plus difficile à s’en remettre. Peut-être faut-il s’arrêter sur le « en mon nom » pour nous interroger : est-ce que ce que je demande, je le demande dans le nom de Jésus ? Il y a un refrain de Prière Universelle qui, certes, s’adresse à Marie mais qui pourrait tout à fait nous aider à comprendre ce que signifie « demander dans le nom de Jésus. » Vous connaissez ce refrain : « Ô Marie, prends nos prières, purifie-les, complète-les, présente-les à ton fils. » Eh bien, si nous mettons Jésus à la place de Marie, nous aurons une belle explication de ce que signifie « demander dans le nom de Jésus. » « « Ô Jésus, prends nos prières, purifie-les, complète-les, présente-les à ton Père. » Si nous prions dans le nom de Jésus, ça signifie que nous lui demandons de les purifier et de les compléter. Une fois qu’elles seront passées par les mains et le cœur de Jésus, elles ne seront donc plus tout à fait les mêmes.

Je ne dis que quelques mots du dialogue entre Jésus et Philippe parce que c’est un dialogue qui m’interroge toujours. « Montre-nous le Père et cela nous suffit ! » Je ne sais pas si je suis capable de dire ça ! Oui, bien sûr que je suis désireux sinon de voir le Père au moins d’être en grande communion avec Lui. Mais est-ce que je peux dire en vérité que ça me suffit, que c’est le moteur de ma vie, que tous mes désirs sont accomplis dans ce grand désir ? Théologiquement, mystiquement, oui, bien sûr, mais dans le concret de ma vie, est-ce que je peux dire en vérité : « Montre-moi le Père et cela me suffit ! » En écrivant cela, me revenaient en mémoire les paroles du très beau chant qui met en musique la prière de St Ignace et qui peut être une belle manière de nous approprier la demande de Philippe : « Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence, toute ma volonté. Reçois tout ce que j’ai, tout ce que je possède, c’est toi qui m’as tout donné, à toi, Seigneur je le rends. Tout est à toi, disposes-en, selon ton entière volonté, et donne-moi ta grâce, elle seule me suffit. Et donne-moi, donne-moi, donne-moi seulement de t’aimer. 

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    en cette Évangile 9 mai 2020, il y a la déclaration de Jésus. Mais le 9 mai 1950, il y avait la déclaration de Robert Schuman qui proposait officiellement l’unification de l’Europe. Son projet était l’interdépendance de tous car l’égoïsme ne paie plus.
    Un Mosellan que j’aime bien et nous pouvons le considérer comme un saint laïc en veston ! (dossier de béatification en cours). Comme quoi, ne perdons jamais espoir et espérance car rien n’est impossible à Dieu : c’est encourageant même si nous pouvons entendre « l’habit ne fait pas le moine ».

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