12 décembre : des promesses comme des flocons et la figure paradoxale du Baptiste

Ça va peut-être vous sembler idiot, mais, moi, quand j’étais petit et qu’il neigeait, j’aimais bien sortir dehors et j’ouvrais la bouche pour essayer d’avaler le plus possible de flocons et je comptais le nombre de ceux que j’avais pu avaler. Mais évidemment, j’étais très déçu car le nombre que j’avais pu avaler était dérisoire par rapport au nombre de flocons qui étaient tombés !

Quand je lis des passages du livre d’Isaïe comme celui que nous avons entendu dans la 1° lecture, je repense toujours à ce que je faisais quand il neigeait. Dans le livre d’Isaïe, ce ne sont pas de flocons que Dieu fait tomber sur la terre, mais des promesses. Et, il en tombe autant que de flocons quand il neige ! Dans la 1° lecture j’en ai compté une vingtaine ! Peut-être n’en avez-vous retenu que 2 ou 3, et je ne vous en fais pas le reproche parce que, comme moi qui ne pouvais avaler tous les flocons qui tombaient, vous ne pouvez pas retenir toutes les promesses que Dieu fait et en profiter à fond. Mais c’est ça qui est beau, Dieu ne diminue pas le débit de ses promesses sous prétexte que nous ne sommes pas capables de toutes les retenir. Dieu est comme ça, il en fait toujours trop ! St Paul dira fort justement qu’il nous a aimés d’un excès d’amour. Dieu est dans la démesure. Si nous ne retenons pas toutes les promesses, retenons au moins ça : Dieu est dans la démesure. 

Et, du coup, nous pouvons comprendre que régulièrement, nous devons le faire souffrir parce que nous, nous sommes dans la mesure et pour être plus directes, nous sommes radins. Nous sommes radins dans l’amour que nous lui donnons : une petite prière de temps en temps, une petite messe en espérant qu’il saura s’en contenter. Et quand nous lui demandons quelque chose, nous marchandons : je ferai ceci ou cela si j’obtiens ce que je te demande ! Demandons-lui de venir casser en nous tout ce qu’il peut y avoir d’étroitesse, de radinerie, qu’il nous fasse entrer, au fur et à mesure que nous le fréquentons, dans la démesure de l’amour.

Et dans l’Evangile, vous aurez remarqué que Jésus parle de son cousin Jean-Baptiste de manière assez paradoxale : il est à la fois le plus grand et le plus petit. Comment s’est possible d’être les deux à la fois ?

  • Il est le plus grand parmi les hommes qui ont vécu jusqu’au moment où Jésus prononce ces paroles et cela pour deux raisons
    • Il est celui qui a le plus pris au sérieux l’appel à la conversion si souvent répété par Dieu. Les évangiles nous le présente comme quelqu’un qui ne faisait pas dans la demi-mesure : vêtu de poils de chameaux, mangeant des sauterelles, vivant au désert, plus austère que lui, tu meurs ! Et Jésus salue la radicalité dans laquelle il a voulu vivre pour prendre au sérieux l’appel à la conversion.
    • Il est aussi celui qui a eu la chance d’être le dernier prophète. Tous les autres ont annoncé la venue du Messie, lui, il a eu le privilège non plus de l’annoncer mais de le montrer.

Voilà en quoi Jean-Baptiste est le plus grand des hommes, il l’est dans sa radicalité et dans sa proximité avec Jésus le Messie annoncé.

  • Mais pour autant, il est le plus petit dans le Royaume parce qu’il appartient encore à l’Ancien Testament. Il a vu Jésus, il l’a désigné comme Celui qui venait accomplir la grande promesse de Dieu de sauver les hommes. Mais il est mort avant d’avoir vu se réaliser tout cela. Jean-Baptiste fera partie de ceux que Jésus ira chercher dans sa descente aux enfers. On voit ça dans les icônes de la résurrection. Jésus sort victorieux du séjour des morts et il tient par la main tous ceux qui ont vécu avant lui et qu’il est allé chercher pour qu’ils puissent bénéficier du Salut. On le voit il tient par la main Adam et Eve qui tiennent, eux-mêmes par la main tous ceux qui les ont suivis jusqu’à Jean-Baptiste. Ainsi s’accomplit la grande promesse de Salut.

Mais cette mise en scène nous permet aussi de comprendre en quoi Jean-Baptiste reste petit et pourquoi le plus petit du Royaume est plus grand que lui. Jean-Baptiste, quand il prêchait, avec force, la conversion en donnant l’exemple d’une vie vécue dans la plus grande radicalité ne pouvait qu’inviter tous ceux qui l’écoutaient à avoir du courage, beaucoup de courage pour essayer de l’imiter.

Oui, mais le drame, c’est que la plupart des gens n’avaient pas le courage de Jean-Baptiste et n’avaient sûrement pas envie de s’habiller comme lui, de manger comme lui, de vivre comme lui, dans le même inconfort. Jean-Baptiste montrait un beau chemin, mais en même temps, il devait faire déprimer pas mal de monde qui se disaient : nous n’aurons jamais la force d’emprunter jusqu’au bout ce chemin.

Un peu comme quelqu’un qui m’expliquerait comment gravir le Mont Blanc, il me ferait baver d’envie mais avec mes kilos en trop et mes genoux en mauvais état, je ne peux plus y monter !

Jésus ne s’est pas contenté de montrer le chemin, en donnant sa vie et en nous donnant le St Esprit, il nous donne aussi la force de marcher sur ce chemin de conversion qui, à certains moments peut être assez raide.

Et, à chaque fois que nous venons à la messe, c’est cette force que nous recevons. En effet, en participant à la messe c’est Jésus, lui-même, que nous accueillons. Il se donne à nous pour que nous ne soyons pas de ceux qui regardent les sommets de la vie chrétienne comme je regarde le sommet du Mont Blanc en disant : dommage que ça ne soit pas pour moi ! Il se donne à nous pour que nous puissions monter toujours plus haut et quand nous n’en pouvons plus, non seulement il nous encourage, mais il nous porte. Je vous le disais Dieu est dans la démesure de l’amour et vous savez ce qu’on dit : tel Père, tel Fils, eh bien, celui que nous allons recevoir va nous entrainer dans cette démesure. Qu’il soit béni !

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