Nous connaissons tous la savoureuse publicité pour les Choco-Suis’ où cet enfant, les lèvres encore toutes barbouillées de chocolat, voyant son père arriver, accuse son poisson rouge d’avoir mangé 3 choco-Suis’ en lui disant : « tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice ! » Eh bien, en entendant les textes d’aujourd’hui, c’est au Seigneur que nous aurions envie de dire : « tu pousses le bouchon un peu trop loin, Seigneur ! » Je vous fais un best-off des paroles entendues :

Le Seigneur ton Dieu te commande de mettre en pratique ces décrets et ces ordonnances. Tu veilleras à les pratiquer de tout ton cœur et de toute ton âme. Tu suivras ses chemins, tu garderas ses décrets, ses commandements et ses ordonnances, tu écouteras sa voix. Tu devras garder TOUS ses commandements. Ça c’était pour la 1° lecture ! Dans l’Evangile, ça se corse encore un peu plus : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. Oui, Seigneur, je te le demande à nouveau : « N’aurais-tu pas l’impression de pousser le bouchon un peu trop loin ? »

Vous savez, le Seigneur aime bien quand on a des conversations franches avec lui. Il préfère ceux qui lui disent les yeux dans les yeux : je pense que tu pousses le bouchon un peu trop loin à ceux qui lui disent par devant : tout ce que tu as dit, Seigneur, nous le mettrons en pratique et qui, dès qu’il a le dos tourné se fabriquent un veau d’or. Puisque l’écoute de la Parole de Dieu est l’un des points concrets d’efforts proposé dans les Equipes Notre Dame, vous voyez forcément à quelle scène je fais référence ! Donc, quand nous trouvons que le Seigneur pousse le bouchon un peu trop loin, quand nous trouvons qu’il en demande un peu trop, qu’il met la barre un peu trop haute, utilisez l’expression que vous voulez, ce qui compte, c’est d’oser le lui dire ! 

Et ce qui est formidable avec Lui, c’est que lorsque nous entrons dans un dialogue avec lui, même et surtout si ce dialogue est musclé, il finit toujours par répondre. Souvent discrètement, c’est vrai, rappelons-nous avec Elie, il parlera au cœur du silence ténu d’une brise légère, c’est dire s’il faut tendre l’oreille et faire silence pour l’entendre ! Il répond également par les événements de notre vie ou par les personnes qu’il met sur notre route.  Enfin, bien sûr, il répond aussi par sa Parole, un verset de l’Ecriture entendu 1000 fois va, un jour, nous percuter et nous apporter une réponse lumineuse à une question que nous avions pu poser au Seigneur et qui était restée, jusque-là, sans réponse. Et parfois, il peut répondre de manière plus directe avec quelque chose d’étonnant qui monte et s’installe dans notre cœur. Personnellement, il y a eu un moment dans ma vie où j’ai trouvé qu’il m’en demandait un peu trop, alors, j’ai crié vers Lui et je lui ai vraiment reprocher de pousser le bouchon un peu trop loin. Le Seigneur m’a écouté, car, Lui, il écoute toujours, et il m’a répondu en deux temps. 

Dans le 1° temps, je l’ai entendu me dire : tu rouspètes parce que je t’en demande un peu trop, mais qui t’a dit que tu devais répondre en comptant uniquement sur tes pauvres forces ? Je sais trop bien que tu es quelqu’un de moyen, mais, moi, ce n’est pas à la moyenneté que je t’appelle, je t’appelle à l’excellence parce que mon amour est excellent ! Alors si tu trouves que la barre est un peu trop haute pour toi, cherche comment font ceux qui veulent passer des barres trop hautes pour eux ! Et j’ai compris que c’était au saut à la perche que le Seigneur m’appelait. Enfin, le saut à la perche spirituelle parce que je ne me suis jamais trop risqué au vrai saut à la perche, je n’ai pas le profil adapté ! C’est vrai qu’en saut à la perche, les athlètes deviennent capables de passer des barres absolument infranchissables par leurs seules forces. Sauter à plus de 5 mètres et même 6 mètres de haut, ce n’est pas possible sans une perche … et un bon entrainement ! J’ai compris que la perche que le Seigneur m’offrait, c’était le Saint-Esprit et qu’avec lui, en comptant sur lui, je deviendrai capable de passer des barres qui, de fait, étaient absolument infranchissables par mes seules forces. Jusqu’à maintenant, j’avais peut-être trop compté sur moi, sur ma bonne volonté, sur mon courage. Et, là, dans ce moment, je connaissais un coup de mou, je n’avais plus rien de tout cela. 

La question se posait à moi : est-ce que j’allais me résoudre à vivre dans la moyenneté en ne franchissant plus que les barres qui me semblaient accessibles, c’est-à-dire de plus en plus basses ou est-ce que j’allais tenter le saut à la perche pour continuer à répondre à l’appel du Seigneur. J’ai osé croire que c’était possible, je suis allé voir des frères qui étaient devenus des spécialistes du saut à la perche spirituelle, je me suis entrainé avec eux et j’ai constaté avec émerveillement que c’était possible, finalement assez simple et terriblement reposant ! Bon, ceci dit, je reconnais humblement qu’il y a encore trop de jours où j’oublie ma perche au vestiaire ! J’ai encore une belle marge de progression !

Si vous trouvez que pour votre vie de couple, le Seigneur met souvent la barre un peu trop haute, passez, vous aussi, au saut à la perche. Et, comme vous faites partie d’une Equipe Notre Dame, c’est merveilleux, vous aurez non seulement le Saint-Esprit, mais aussi des équipiers pour vous soutenir et vous permettre de ne pas vous contenter de la moyenneté !

Tout cela, c’était le premier temps de la réponse du Seigneur. J’ai quand même continué à l’interroger. Merci, tu m’as permis de faire des progrès et je t’en suis très reconnaissant. Mais explique-moi comment on fait pour mettre en application cette parole de l’Evangile dans laquelle tu nous dis : Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! Parce que là, la barre est plus que très haute, tu me demandes carrément de tutoyer le ciel ! Et le Seigneur a encore répondu ! Sa réponse je l’ai entendue dans un très bel enseignement que j’ai écouté et qui parlait précisément de cet appel complètement fou que lance Jésus : Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! Le prédicateur expliquait que cet appel de Jésus n’était pas un appel à serrer les dents et à se fixer comme objectif de carême, la perfection. Si nous le faisons, nous allons finir le carême complètement épuisés, parfaitement déçus et totalement imbuvables ! Ce n’est pas le but ! Il expliquait que cette parole, il faut l’entendre de cette manière-là : laissez-vous parfaire par votre Père céleste qui est le seul capable de le faire puisque, Lui, il est parfait ! 

Surtout, n’allez pas penser que c’est tiré par les cheveux ! C’est la grande théologie de l’Eglise qui s’exprime dans cette reformulation de la Parole de Jésus. St Augustin, qui avait l’art des formules, aimait dire : Dieu donne ce qu’il ordonne. C’est-à-dire : Dieu ne te demandera jamais rien sans te donner en même temps la force de l’accomplir. C’est bien ce qu’exprime cette reformulation : Le Seigneur t’appelle à la perfection, or tu n’es pas capable d’y parvenir par toi-même, eh bien, puisque Dieu donne ce qu’il ordonne, laisse-toi parfaire !

Très bien, mais où trouver des salons de beauté spirituelle qu’on pourrait fréquenter pour devenir de plus en plus parfaits, de plus en plus beaux d’un point de vue spirituel ? Oui, bien sûr que ça existe ! Ici, c’en est un. Tous ceux qui viennent dans un Foyer de Charité, mais plus largement dans un lieu de retraite spirituelle, ressortent en étant mieux, meilleurs, ils le disent eux-mêmes. Votre Equipe Notre Dame est également un lieu qui vous aide à devenir meilleurs grâce à l’entr’aide spirituelle, fraternelle que vous vous apportez les uns aux autres. Quand j’étais moi-même conseiller spirituel d’une Equipe, je disais toujours aux membres qui voulaient arrêter en prétextant qu’ils ne vivaient pas assez les points concrets d’efforts : pensez à ce que vous allez devenir, à ce que votre couple risque de devenir sans le soutien de l’équipe … en principe, ils restaient !

Peu importe le salon de beauté spirituelle que l’on choisit, l’essentiel, c’est d’en trouver un ! La paroisse fait le gros œuvre et après, il faut en trouver un pour les finitions. Tout en sachant que ça ne suffira encore pas et qu’il sera nécessaire de recourir, au moins de temps en temps, au sacrement de la réconciliation ! Parce qu’il n’y a pas de résultats durables au niveau de la beauté spirituelle si on n’enlève pas régulièrement les impuretés. S’initier au saut à la perche spirituelle, fidélité au salon de beauté spirituelle, recours au sacrement du pardon, voilà 3 bonnes résolutions pour ce carême sans oublier que Dieu donne toujours ce qu’il ordonne.