13 décembre : le Seigneur est notre Go’el !

Le plus désagréable, quand vous regardez un film ou une série et que vous avez raté le tout début, c’est de vous rendre compte qu’il y avait justement, dans ce début que vous n’avez pas vu, une clé essentielle pour comprendre la suite. Oui, c’est une situation assez désagréable parce que vous avez beau faire des efforts pour vous mettre dedans, il vous manque la clé du début.

Eh bien, j’espère que vous n’avez pas raté le début de la 1° lecture, parce que la clé pour la comprendre se trouvait dans la 1° ligne du texte. Et donc, la clé pour comprendre mon homélie se trouve aussi dans la 1° ligne du texte de la 1° lecture.  

Allez, je vais vous la relire parce que je ne voudrais pas que vous regrettiez cet instant d’inattention que vous avez pu avoir et que, du coup, vous passiez tout le temps de l’homélie à demander à votre voisine : tu comprends de quoi il parle ? La 1° ligne du texte d’Isaïe, la 1° phrase disait ceci : « Ainsi parle le Seigneur, ton rédempteur » Et ensuite on entendait ce qu’il avait à dire.

« Ainsi parle le Seigneur, ton rédempteur » vous pourriez penser, si on a raté que ça ce n’est pas grave, c’est une introduction qui n’a rien ni d’originale, ni de géniale. Ça reste à voir ! Parce que, dans ces quelques mots, il y en a un, qu’on a l’habitude d’utiliser, mais dont peu de gens connaissent vraiment la signification. C’est le mot de Rédempteur, « Go’el » en hébreu.

Ecoutez bien, parce que ça va nous permettre de découvrir quelque chose de très beau concernant notre Dieu et la mission qu’il lui a donnée quand il l’a envoyé partager notre vie. La loi de Moïse avait prévu que lorsque quelqu’un était obligé de vendre tout ce qu’il avait et de se vendre lui-même comme esclave pour rembourser une dette importante, lui et ses biens pouvaient être rachetés par un proche parent. Celui qui acceptait de payer pour libérer son proche parent de cette situation infernale, on lui donnait le nom de Go’el, c’est-à-dire de Rédempteur. On n’a pas de peine à imaginer que celui qui avait été racheté vouait une reconnaissance éternelle à son Go’el qui lui avait évité de vivre l’enfer de l’esclavage, car c’était un enfer.

Eh bien, dans la Bible, Dieu ne cesse de se présenter sous ce nom de Go’el, de Rédempteur et ça veut donc dire deux choses essentielles

1/ Il nous considère comme étant de sa famille proche, immédiate car seul un membre très proche pouvait obtenir la libération d’une personne et l’effacement de ses dettes en payant pour elle et en devenant ainsi son Go’el.

2/ Il n’a pas regardé à la dépense pour nous libérer parce que nous sommes tellement précieux à ses yeux qu’aucune somme ne lui paraissait trop élevée. Il voulait que nous puissions retrouver la liberté. Et c’est bien vrai que tout au long de l’histoire d’Israël, dans les moments les plus dramatiques, Dieu a assuré. 

Ils se sont retrouvés esclaves en Egypte, Dieu s’est fait leur Go’el pour les libérer. Ils ont été emmenés en déportation à Babylone, Dieu s’est fait leur Go’el pour les libérer. Ils sont devenus le jouet de l’empire grec qui a voulu les anéantir en supprimant leur religion, Dieu s’est fait leur Go’el pour les libérer. 

Après la 1° fois, Dieu aurait pu dire : bon, je vous ai sortis de cette situation, faites bien attention. Eh bien, non, ils ont recommencé à fricoter avec les grandes puissances et leurs divinités-idoles, ils sont donc retombés. Dieu les a rachetés à nouveau. Là, il aurait pu dire : bon, maintenant, ça suffit. Eh bien, non ça n’a pas suffi ! Jamais Dieu ne s’est lassé … parce que ce peuple était son trésor, il n’a jamais baissé les bras et il a toujours fait ce qu’il fallait en devenant leur Go’el.

Je vous l’ai dit, celui qui avait été racheté vouait une admiration et une reconnaissance sans limite à celui qui l’avait racheté. Croyez-vous que le Peuple restera éternellement reconnaissant vis-à-vis de son Dieu de l’avoir si souvent racheté ? Pas du tout ! Dès qu’il pouvait lui être infidèle en courant après telle ou telle idole, il ne se privait pas de le faire … et à leurs infidélités, Dieu répondait par une fidélité vécue dans une ardeur renouvelée en se manifestant à nouveau comme leur Go’el. Elle est merveilleuse cette histoire dont nous, les chrétiens, nous sommes les héritiers.

Et pour Dieu, rien n’est jamais suffisant. Il a vu qu’il y avait un esclavage encore pire que tous les autres, pire parce qu’il ne se voit pas forcément, mais qui vient tellement plombé nos vies … c’est l’esclavage du péché. Pour toutes les autres opérations de rédemption, Dieu avait pu compter sur des hommes pour exercer, par leur intermédiaire, sa mission de Go’el, mais pour cette opération-là, aucun homme ne pourrait être à la hauteur. Alors Dieu a envoyé son Fils, son propre Fils. C’est ce que nous apprêtons à célébrer à Noël, la venue parmi les hommes du Rédempteur, du Go’el, envoyé par Dieu pour accomplir la plus délicate et la plus décisive opération de rachat pour que les hommes puissent enfin vivre dans la liberté et ne plus être entravés par le péché qui les asservit.

Et croyez-vous que les hommes soient reconnaissants ? Pas du tout, du moins pas tous et surtout pas tout le temps ! C’est un peu cette plainte qu’exprime Jésus dans l’évangile : je suis venu pour vous entrainer dans la danse de la liberté et vous, vous refusez de vous laisser entrainer en trouvant n’importe quel prétexte à la noix pour ne pas entrer dans cette danse. Je suis venu pour vous inviter à entrer dans la conversion et vous, vous l’avez refusé. Que ce soit Jean-Baptiste qui vous parle, que ce soit moi qui vous parle, rien n’y fait, vous êtes toujours en train de trouver des prétextes pour ne pas accueillir le don qui vous est proposé.

Oh Seigneur, fais-nous la grâce de quitter ce groupe de gamins mal élevés qui pensent que tout leur est dû et qui ne savent jamais se montrer reconnaissants. Fais-nous la grâce de mesurer la profondeur de ton amour, Toi qui t’es fait notre Go’el pour nous manifester que nous sommes ton trésor le plus précieux.

Laisser un commentaire