13 janvier : jeudi 1° semaine ordinaire. Deux tristes individus qui ont eu tant de successeurs !

« L’arche de Dieu fut prise, et les 2 fils d’Éli, Hofni et Pinhas, moururent. » C’est ainsi que se terminait la 1° lecture. Si j’osais, je dirai qu’ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient ! Mais comme ce n’est pas très chrétien de dire les choses comme ça, je dirai que ceux qui ont pris un chemin sur lequel ils ont choisi de semer la mort ne doivent jamais s’étonner de la croiser plus vite que prévu ! J’ai été éclairé sur le rôle de ces deux tristes individus, fils du prêtre Eli, par la lecture du livre du dominicain Philippe LEFEBVRE, livre au titre volontairement provocateur : Comment tuer Jésus ? Il a écrit ce livre pour apporter sa contribution à la grande œuvre de purification de l’Eglise. Ayant montré de la compassion, ayant écrit des articles pertinents sur le sujet, de plus en plus de personnes abusées se sont tournées vers lui, en lui demandant d’être leur porte-parole parce que, dans le moment, les responsables d’Eglise ne savaient agir qu’à la manière molle du vieil Eli à l’égard de ses deux fils au comportement si gravement déviant.

Hier, nous avons entendu le très beau récit de la vocation de Samuel dans lequel le Seigneur l’appelait par 3 fois. Mais de manière étonnante, la lecture s’est arrêtée juste avant de nous faire entendre ce que le Seigneur avait à dire à Samuel. Car si le Seigneur l’a réveillé en pleine nuit, c’était pour lui délivrer un message très important qui a mis le petit Samuel dans un grand embarras. Voilà ce que le Seigneur lui a dit : « Voici que je vais accomplir une chose en Israël à faire tinter les deux oreilles de qui l’apprendra. Ce jour-là, je réaliserai contre Éli toutes les paroles prononcées au sujet de sa maison, du début à la fin. Je lui ai annoncé que j’allais juger sa maison pour toujours, à cause de cette faute : sachant que ses fils méprisaient Dieu, il ne les a pas repris ! » Vous avez entendu, le Seigneur réveille Samuel pour lui annoncer que ça va chauffer pour Eli et ses fils. Le petit Samuel sera tellement ennuyé par cette annonce que lorsque le vieux prêtre lui demande : alors qu’est-ce que le Seigneur t’a dit ? Il faudra qu’Eli insiste en le suppliant de ne rien lui cacher pour qu’il ose cracher le morceau !

Et pourquoi donc le Seigneur est-il autant en colère ? Il est très en colère à cause du comportement des deux fils d’Eli et à cause de la manière dont Eli réagit vis-à-vis d’eux. Qu’ont-ils fait Hofni et Pinhas ? Le livre de Samuel nous relate deux méfaits horribles qu’ils aiment répéter et qui leur vaut ce jugement sans appel : ils ne connaissaient pas le Seigneur !

– Le 1° méfait, c’est qu’ils se servaient dans la viande apportée aux sanctuaires pour les sacrifices et ils se servaient avant que la viande ne soit sacrifiée quand elle est encore crûe précise le livre. C’était sans doute pour leur consommation personnelle et pour alimenter un trafic parallèle, la viande crûe, non-sacrifée, s’écoulait plus facilement et se vendait plus chère. Ils étaient magouilleurs, ils se servaient de leur fonction pour s’enrichir, ils ne servaient pas Dieu, ils se servaient de Dieu. Jeanne d’Arc aimait dire : « Messire Dieu, 1° servi » Eux c’était l’inverse : charité bien ordonnée commence par soi-même ! C’est d’ailleurs ce que montre l’épisode rapporté dans la 1° lecture : tout le monde cherche à se servir de Dieu en pensant qu’il se pliera à ce qu’on exige de lui : qu’il nous fasse remporter des victoires dans des combats inutiles. Ecoute, Seigneur, tes serviteurs te parlent ! Et vous aurez remarqué que le texte mentionnait la présence des deux fils d’Eli près de l’arche quand le peuple vient la chercher. Manifestement, ils sont complices, ça ne les dérange pas de laisser partir l’arche, ils ont tellement, eux aussi, l’habitude de se servir de Dieu.

– Et le 2° méfait, encore plus grave, lui aussi si souvent répété, ce sont des abus sexuels perpétrés sur les femmes qui accomplissaient leur service dans le sanctuaire en participant à la préparation des sacrifices. Comme le fait remarquer le dominicain dans son livre : sachant cela, on peut frémir devant ce qui aurait pu arriver à Anne si elle avait croisé ces prédateurs, elle qui montait seule au sanctuaire pour demander avec insistance ce fils qu’elle désirait tant.

Voilà, ça c’étaient les méfaits des deux fils, mais pourquoi le Seigneur était-il aussi en colère contre leur père, le vieux prêtre Eli ? Après tout, il n’était pas responsable du comportement déviant de ses fils et il devait être le 1° à souffrir de cette situation. 

Eh bien, nous dit le texte, la faute d’Eli est claire : connaissant le comportement de ses fils, qui par ces méfaits, méprisaient Dieu, il ne les a pas repris avec suffisamment de force ! Il n’était pas resté totalement inactif, il leur avait fait des remontrances, le texte nous livre même le contenu d’une de ces remontrances : « Pourquoi faites-vous de pareilles choses, ces mauvaises choses que j’entends dire par tout le peuple ? Non, mes fils, elle n’est pas belle, la rumeur que j’entends colporter par le peuple du Seigneur. » Hofni et Pinhas violent et volent le Seigneur et leur père les prend entre 4 yeux et leur dit : c’est pas beau ! Le père Philippe LEFEBVRE dit que c’était exactement ce que faisaient les responsables d’Eglise, évêques et supérieurs religieux, avant la publication du rapport Sauvé, quand ils apprenaient le comportement déviant d’un de leurs prêtres ou d’un de leurs religieux : ils le prenaient entre 4 yeux pour éviter tout scandale et lui faisait la morale en disant : c’est pas beau ce que tu as fait ! Au mieux, ils le déplaçaient, au pire, ils le laissaient sur place jusqu’à ce que ça recommence. Seulement voilà, le fautif averti prenait plus de précautions pour que ça ne se sache plus aussi vite et il faisait de nouvelles victimes dont la vie était brisée.

Le Seigneur s’est fâché tout rouge contre le comportement déviant des fils d’Eli, il a fallu qu’il se fâche encore tout rouge pour que les choses bougent vraiment dans l’Eglise. Le Seigneur s’est servi du petit Samuel pour dénoncer la faute de ces deux vauriens, ce sont encore des enfants qui ont été les révélateurs de tant de scandales. Parmi ses enfants, il y a cet enfant dont le visage en larmes est désormais porté à la vue de tous dans le lieu mémoriel de Lourdes. 

Permettez-moi de vous relire quelques phrases de la si belle méditation de repentance de Mgr de Moulins Beaufort pour ne jamais les oublier : « Petit garçon qui t’en étais allé servir la messe, plein de fierté, petite fille qui allais te confesser le cœur plein d’espérance du pardon, jeune garçon, jeune fille, allant tout enthousiaste à l’aumônerie ou au camp scout. Qui donc a osé souiller votre corps de ses grosses mains ? Qui a susurré à votre oreille des mots que vous ignoriez ? Qui vous a imposé cette odeur qui vous imprègne ? Qui a fait de vous sa chose, tout en prétendant être votre meilleur ami ? Qui vous a entraîné dans son secret honteux ? Petit enfant qui, à jamais pétrifié, pleure sous les voûtes d’une cathédrale, petit enfant des centaines de milliers de fois multiplié ! … Petit enfant qui pleure sur un pilier d’église, là où tu devrais chanter, louer, te sentir en paix dans la maison de Dieu, Nous te regardons. Désormais, nous passerons devant toi en te voyant, en t’écoutant. Ô enfant bafoué, enfant humilié, enfant profané qui survit au fond de tant d’adultes ou adolescent suicidé, nous voulons apprendre à te regarder et à entendre le cri muet de ta souffrance. Petits garçons, petites filles qui pleurez cachés dans les adultes que tous voient, adolescents murés en un silence qui vous a été imposé, nous vous devons cela. Nous vous le devons sous le regard de l’humanité, sous le regard de notre conscience, sous le regard du Christ notre Seigneur, que vous vouliez chanter de toute votre âme, de tout votre être, et devant qui à jamais vous pleurez. Il est trop tard pour que nous puissions essuyer vos larmes. Il ne l’est pas de nous souvenir de vous. Votre image placée sous nos yeux, nous voudrions qu’elle imprègne nos âmes. Désormais, je ne peux entrer dans une église, pour y célébrer le mystère de la vie et de l’amour plus forts que la mort, sans porter le stigmate de votre visage qui pleure, si pauvre, si touchant, si seul, si désemparé, et si digne surtout. Tout le bien du monde ne rachète pas les pleurs d’un enfant. »

De l’Evangile, je n’en dis pas grand-chose car la semaine dernière nous avions déjà un récit de purification d’une personne lépreuse, récit que j’avais commenté en expliquant que le sacrifice prescrit par Moïse était extrêmement symbolique. Retenons seulement en lien avec le commentaire que je viens de faire que c’est par amour que Jésus a purifié cet homme malade de la lèpre, c’est donc par amour qu’il a entrepris de purifier son Eglise, de la débarrasser de cette lèpre des abus qui la défigure et qui a plongé tant de victimes dans une situation aussi peu envieuse que celle des personnes lépreuses à l’époque de Jésus. Qu’il purifie encore et toujours tout ce qui est à purifier en chacun de nous, dans nos attitudes et nos silences coupables pour que son Eglise soit pure.

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Merci !!! Amen !

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