15 janvier : Samuel et la belle-mère de Pierre

Nous le connaissons bien ce texte que nous avons entendu en 1° lecture. En préparant cette homélie, il m’est revenu le souvenir que j’avais joué dans une saynète qui le mettait en scène au cours d’un rassemblement d’enfants de chœur alors que je devais avoir une dizaine d’années ! Je voudrais retenir 3 points de ce texte.

1/ On voit que Anne, la maman de Samuel dont on a lu l’histoire ces deux derniers jours a tenu sa promesse. Elle était bien malheureuse de ne pas pouvoir avoir d’enfants, elle a exprimé sa souffrance au Seigneur qui lui a promis, par la bouche d’Eli, qu’elle aurait un enfant. Mais ce qui est extraordinaire, c’est qu’elle a promis que si elle avait la joie d’enfanter, cet enfant, elle le donnerait au Seigneur. Elle a obtenu cet enfant, elle l’a donné au Seigneur puisqu’on le voit, très jeune en compagnie du prêtre Eli commencer sa formation. C’est une belle figure que celle de cette femme, Anne, qui peut nous aider à tenir parole quand nous nous engageons vis-à-vis de Dieu.

2/ Quand on ne connait pas assez le Seigneur, on ne peut pas le reconnaître quand il nous parle, on ne peut pas reconnaître que c’est Lui qui nous parle. Le texte le dit fort bien : « Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. » On peut dire que Samuel était encore en apprentissage, il était jeune, sûrement pas depuis très longtemps encore aux côtés d’Eli, alors il ne connaissait encore pas le Seigneur. Et, bien sûr, quand vous ne connaissez pas quelqu’un ou quand vous ne le connaissez encore pas bien, vous avez du mal à le reconnaître. Quelqu’un que vous aimez et que vous fréquentez souvent, quand il vous appelle, même si son nom ne s’affiche pas sur votre téléphone, il suffit qu’il dise « allo » pour que vous puissiez déjà l’identifier ! Si nous avons parfois du mal à reconnaître que le Seigneur nous parle, si nous avons du mal à reconnaître sa voix, c’est peut-être le signe que nous ne le connaissons encore pas bien, que nous ne le fréquentons plus assez. Du coup, nous avons perdu cette familiarité qui nous permettait de distinguer sa voix entre 1000, de goûter à ces moments où il parlait à notre cœur, d’attendre ce qu’il avait à nous dire pour nous décider …

3/ Samuel n’est encore pas très avancé sur le chemin de la foi, mais il a bien compris ce qu’Eli lui a proposé de dire et il répète les bonnes paroles : parle, Seigneur, ton serviteur écoute … nous, avec les années, nous risquons d’avoir tous les bons mots mais plus dans le bon ordre parce qu’il nous arrive si souvent de dire : écoute, Seigneur, ton serviteur parle ! La prière n’est pas toujours ce lieu où nous faisons silence pour l’écouter et même s’il n’a rien à dire, nous restons en silence, goûtant la joie d’être en sa présence. Nos prières sont souvent des moments où nous convoquons le Seigneur pour qu’il nous écoute et qu’il nous obéisse le plus vite possible !

Quant à l’évangile, nous le connaissons bien aussi ce récit de la guérison de la belle-mère de Pierre. Peut-être que ce récit peut sembler un peu macho pour vous les femmes ! Voilà une bande de gars qui arrive à la maison et la seule femme de la maison est couchée avec la grippe, qui va préparer le frichti ? Qu’à cela ne tienne, Jésus se sert de sa puissance, il guérit la belle-mère et elle peut les servir : ouf, on est passé près de la catastrophe !

Evidemment, il ne s’agit pas de cela, Jésus n’était pas macho et il a rappelé à plusieurs reprises qu’il n’était pas venu pour être servi mais pour servir. Pour comprendre ce texte, il faut le replacer dans son contexte et découvrir quelques versets plus haut qu’on est un jour de sabbat. Le texte que nous avions hier, nous présentait Jésus à la synagogue de Capharnaüm qui enseignait avec autorité. Chaque sabbat, le samedi matin, il y a un office à la synagogue qui est structuré autour de la lecture de la Torah qui peut être commentée, c’est ce que Jésus a fait. A la sortie de la synagogue, il y a un repas familial important. 

Certes, le repas le plus important, c’est celui de la veille au soir, quand on entre dans le sabbat. Et ce repas ne peut commencer que lorsque la maitresse de maison a allumé les lumières du shabbat et introduit la liturgie domestique. Eh bien voilà le drame, dans cette maison puisque la femme était couchée, la maison avait dû rester dans la nuit … peut-être avait-on fait appel à une femme du voisinage pour remplir ce rôle que seule la femme pouvait tenir, mais si ça a été le cas, elle n’avait pas pu rester et comment allait-on pouvoir conclure le shabbat ? En guérissant la belle-mère de Pierre, Jésus ne remet pas sur pied une femme pour qu’elle serve de boniche à cette bande d’hommes incapables de cuisiner ! En guérissant cette femme, Jésus lui permet de tenir sa place dans la maison pour que cette maison, comme toutes les maisons, grâce à ce que j’oserais appeler le ministère des femmes, puisse redevenir une maison de croyants où l’on prie. Il permet ainsi à cette maison de ne pas être comme les maisons de païens, un lieu où l’on se contente de manger et de dormir !

Merci Seigneur pour ce que tu as fait pour cette femme qui a retrouvé sa belle mission au service de sa maison. Viens nous guérir de toutes ces fièvres qui nous empêchent de tenir la place qui est la nôtre, d’accomplir la mission que tu nous as confiée.

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