19 janvier : vendredi 2° semaine temps ordinaire : quelle voix choisissons-nous d’écouter ? … Jésus ne se trompe jamais quand il appelle !

De ce texte que nous avons entendu en 1° lecture, il ne faudrait évidemment pas faire trop vite d’actualisations hasardeuses en encourageant tous ceux qui ont été des victimes de personnes ordonnées ayant, elles aussi, reçu l’onction du Seigneur à se taire. D’ailleurs, vous avez remarqué que David ne se tait pas, il dénonce les mauvais agissements de Saül et il attend que la justice divine se prononce. Mais au temps de David, l’organisation de la justice n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui et il était impensable d’attaquer le roi en justice.

Si, dans ce texte, il y a quelque chose à entendre pour nous, aujourd’hui, à mon avis, c’est tout autre chose. Vous avez remarqué que lorsque les hommes de David découvrent, stupéfaits, qu’une occasion en or se présente d’éliminer Saül qui se comporte si mal à l’égard de David, ils lui disent : « Voici le jour dont le Seigneur t’a dit : “Je livrerai ton ennemi entre tes mains, tu en feras ce que tu voudras.” » Il n’est pas impossible que David, dans un 1° élan, n’ait pas été tenté de leur obéir. Quand il sort son épée, peut-être que, dans un 1° élan, il avait imaginé se débarrasser de Saül. Et puis, il ne le fera pas, avec son épée, il ne tranchera pas la gorge de son ennemi, mais il tranchera juste un pan de son manteau. C’est-à-dire qu’il a refusé d’écouter la voix de ceux qui l’encourageaient à la violence, à la vengeance pour mieux écouter la voix de sa conscience qui lui disait qu’il devrait plutôt compter sur la justice de Dieu. 

Voilà donc la question qui nous percute, aujourd’hui encore, quelles sont les voix que nous écoutons ? Est-ce que ce sont les voix du monde, celles qui nous poussent à agir en fonction de nos états d’âme ou est-ce que c’est la voix de notre conscience, ce sanctuaire sacré en nous, que Dieu habite et à partir duquel il nous inspire de faire ce qui est juste ? Chaque matin, à l’office de Laudes, dans le psaume invitatoire (94), nous entendons d’ailleurs le Seigneur nous poser la question : Aujourd’hui écouterez-vous ma Parole ? Est-ce à ma Parole, à ma voix, jaillie de ta conscience que tu seras attentif aujourd’hui ou est-ce à toutes les voix du monde et celles des puissances des ténèbres que tu accorderas ton attention ? Bonne question que nous avons bien besoin de réentendre chaque matin !

Quelques mots sur l’Evangile qui nous rapporte l’appel et l’institution des apôtres. Je fais juste 2 petites remarques :

1° remarque : Jésus a appelé ceux qu’il voulait, c’est ce que nous dit le texte. Personne ne l’a influencé, personne n’a fait de pression sur lui. Après avoir prié, Jésus a choisi ceux qu’il voulait. Le mot est très fort car c’est le même que dans la prière du Notre Père : « que ta volonté soit faite. » J’insiste fortement parce que ça veut dire que Jésus ne s’est trompé sur aucun d’eux, Jésus ne se trompe jamais quand il appelle ! Il ne s’est pas trompé en appelant Judas qui va le trahir, il ne va pas se tromper en appelant Pierre qui va le renier. Il ne se trompe pas non plus en appelant les autres qui l’abandonneront tous, comme le précise l’Evangile de Marc après l’arrestation à Gethsémani. Certes, Jean se reprendra vite, Pierre aussi, mais il y a eu un moment où ils l’ont tous abandonné. Eh bien, j’ose affirmer que, malgré tout, Jésus ne s’est pas trompé en les appelant. Après leur appel, les apôtres auront parfois des comportements tordus, mais, lui, Jésus, quand il les a appelés, il ne s’est pas trompé. 

Je peux dire exactement la même chose en parlant de nous. Jésus ne s’est pas trompé en nous appelant. Après notre appel, nous aussi, nous pouvons avoir des comportements tordus, nous pouvons même, en certaines circonstances, nous montrer tordus. Mais lui, Jésus, il ne s’est pas trompé en nous appelant. Et, comme pour les apôtres, il ne regrettera jamais de nous avoir appelés. C’est pour cela qu’il nous proposera toujours de transformer nos chutes, nos coups tordus qui nous humilient tant et qui font du mal autour de nous, en autant d’occasions de plonger dans l’humilité, cette humilité qui lui permettra de déployer toute sa puissance dans notre faiblesse pour réaliser pour nous et par nous des merveilles.

2° remarque : La mission des apôtres, dans cet Evangile, elle est résumée dans ces deux expressions : être avec lui et annoncer l’Evangile. « Il en institua douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle. » Voilà ce qui définit un disciple de Jésus : il passe du temps avec Jésus et il annonce l’Evangile, pas seulement par des paroles, mais aussi par sa manière de vivre. C’était vrai pour les 12, ça demeure vrai pour nous aujourd’hui ! Il n’y a pas grand-chose à rajouter !

Ce qui fait l’identité d’un disciple, c’est le fait qu’il vit un réel compagnonnage avec Jésus et qu’il déploie un réel enthousiasme pour évangéliser. C’est ce que le pape François résume sous le mot de disciple-missionnaire, il lie toujours les deux mots par un trait d’union. Disciple, c’est être avec Jésus, missionnaire, c’est annoncer l’Evangile. Après, nous pourrons le vivre de bien des manières selon notre état de vie, selon nos charismes, selon nos missions, selon les défis qui s’imposent à nous. Mais l’identité profonde du disciple-missionnaire reste la même, quels que soient les lieux, les cultures et même les états de vie : pour vivre en disciples-missionnaires, il nous faudra toujours conjuguer ces deux attitudes fondamentales ; être avec Jésus et évangéliser. 

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons d’être profondément renouvelés dans cette identité de disciple-missionnaire et de la vivre dans une joie rayonnante.

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