Qu’il est beau ce texte d’Evangile qui fait immédiatement suite à celui que nous avons médité hier. Il est tellement beau que c’est l’un des textes qui a le plus compté dans mon chemin spirituel. C’est pour cela que je ne le commenterai pas dans cette homélie puisque j’ai prévu de le faire dans un enseignement. Je vais donc concentrer mon commentaire sur la 1° lecture.
Cette première lecture, elle nous permet de souffler un peu, après les textes vigoureux de ces derniers jours, voilà un texte dont la tonalité nous convient beaucoup mieux ! Dieu ne menace plus, il promet et, habituellement, on apprécie beaucoup plus. Permettez-moi quand même, avant d’aborder ces promesses, de dire un mot sur le sens général des menaces que l’on trouve dans le Premier Testament. Je m’excuse de répéter des choses que ceux qui m’entendent régulièrement ont déjà entendu, mais il faut aussi tenir compte des retraitants qui nous ont rejoints … et parfois ou pour certains, une 2°, voire une 3° couche ne fait pas forcément de mal.
Tout d’abord, il faut bien accepter que le Premier Testament ait été écrit à partir de ce que l’on connaissait de Dieu, à l’époque, de ce que l’on avait recueilli des révélations des prophètes. Du coup, il faut accepter que l’on ne connaissait pas encore tout de Dieu. C’est Jésus qui complètera et même achèvera la révélation sur Dieu : « Tout ce que j’ai appris de mon Père, dira Jésus, je vous l’ai fait connaître. » Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait certaines paroles du Premier Testament qui restent encore à affiner. Ceci dit, il ne faut pas non plus caricaturer le Premier Testament, comme le font certains qui le connaissent si mal en disant qu’il présente un Dieu violent alors que le Nouveau Testament présentera un Dieu d’amour. Non ! Il y a tellement de passages qui montrent que ce n’est pas vrai, les lectures du livre d’Osée que nous avions la semaine dernière en sont la preuve. Quand nous entendrons des menaces dans la bouche de Dieu, il conviendra donc de nous rappeler de tout cela.
Mais il y a encore un autre élément à prendre en compte. Non seulement, on ne savait pas tout de Dieu, mais en plus les textes ont été écrits avec les représentations mentales de l’époque, ce que les sociologues d’aujourd’hui appellent « l’imaginaire collectif. » Et l’une des manières de faire de l’époque, c’était de mettre dans la bouche de Dieu ou des dieux, des paroles, des sentences, des avertissements, des menaces pour leur donner plus de poids … même si Dieu n’était pour rien dans ce qui était annoncé ! Du coup, quand il y a une menace dans le Premier Testament, elle n’est jamais à entendre comme un désir que Dieu aurait de punir les hommes pour des crimes de lèse-majesté ! Non ! C’est plutôt Dieu qui explique aux hommes que tous les actes qu’ils posent ont des conséquences. Vous connaissez le proverbe : qui sème le vent récolte la tempête. La tempête n’est pas déclenchée par Dieu, elle est le résultat, la conséquence des mauvais choix des hommes. Quand une catastrophe survient, elle n’est donc pas une punition de Dieu, mais le résultat logique de choix tordus. Pour autant, Dieu n’est pas totalement étranger à tout cela car si les hommes étaient restés fidèles à la Loi, ils n’auraient pas fait ces choix tordus et donc n’auraient pas connu tous ces problèmes.
Vous l’aurez donc compris Dieu n’envoie jamais des problèmes, des catastrophes, des fléaux, par contre, il envoie toujours des prophètes pour annoncer la catastrophe qui se profile, avec l’espoir qu’ils parviendront à faire changer l’attitude des hommes. Et si, malgré l’intervention des prophètes, la catastrophe a lieu, cette catastrophe que Dieu redoutait, alors, Dieu s’engage aux côtés des hommes pour les aider à reconstruire, pour leur proposer à nouveau de marcher avec Lui, manifestant ainsi sa miséricorde.
Après cette mise au point, je voudrais souligner essentiellement un point de la 1° lecture, mais n’hésitez pas à la relire, à la méditer dans la journée. Ce point, je veux le souligner parce qu’il répond à 3 questions importantes : d’où viennent les insomnies qui peuvent pourrir certaines de nos nuits, quel est le remède à ces insomnies et pourquoi y a-t-il des moines ? Vous avez tout de suite perçu que ces 3 questions sont profondément liées !!!
1/ D’où viennent nos insomnies ? Et je complète la question en rajoutant : pourquoi certains n’arrivent pas à dormir plus longtemps le matin et sont souvent réveillés avant que le jour ne se lève ? La 1° lecture apporte une magnifique réponse à ces questions que se posent inévitablement ceux qui ont un sommeil perturbé. Voilà ce que disait Isaïe : « Dire ton nom, faire mémoire de toi, c’est le désir de l’âme. Mon âme, la nuit, te désire, et mon esprit, au fond de moi, te guette dès l’aurore. » Si vous vous réveillez la nuit, ce n’est parce que vous êtes en manque de lecture, d’émissions de radio ou de vidéos, ce n’est pas non plus parce que vous avez faim ! Or, quand on se réveille, la plupart du temps qu’est-ce qu’on fait ? On lit, on écoute la radio, on regarde des vidéos ou on va grignoter un petit quelque chose ! Mauvaise réponse ! : « Dire ton nom, faire mémoire de toi, c’est le désir de l’âme. Mon âme, la nuit, te désire. » Si vous êtes réveillés la nuit, c’est parce que votre âme a faim du Seigneur, elle a envie, elle a même besoin de dire, de répéter amoureusement le nom du Seigneur, de faire mémoire de Lui, de tous ses bienfaits dans l’histoire du Salut et dans votre histoire sainte, c’est ce désir de votre âme devenu si intense qui vous a réveillés ! Et s’il vous semble que vous êtes réveillés trop tôt, c’est, continue Isaïe, parce que « votre esprit, au fond de vous, attend la rencontre avec l’amour du Seigneur dès l’aurore ! »
2/ Du coup, vous avez compris quel était le remède ! Si vous vous réveillez la nuit, inutile de lire, écouter la radio, regarder des vidéos ou grignoter, répondez au désir de votre âme ! Avant on disait que pour se rendormir, il fallait compter les moutons, Isaïe nous laisse entendre qu’il serait plus profitable de parler au berger ! Si vous vous réveillez trop tôt à votre goût, inutile de tourner et retourner dans votre lit en vous énervant, levez-vous et allez à la rencontre du Seigneur puisque votre esprit, au fond de vous, guette le Seigneur dès l’aurore !
3/ Et 3° question qui est, vous le comprenez bien, dans la suite parfaitement logique des deux précédentes : pourquoi y a-t-il des moines ou des moniales ? Tout simplement parce qu’il y en a qui ont une âme plus gourmande que les autres ! « Dire ton nom, faire mémoire de toi, c’est le désir de l’âme. Mon âme, la nuit, te désire, et mon esprit, au fond de moi, te guette dès l’aurore. » Il n’y a pas que la nuit que le désir de leur âme les conduit vers le Seigneur, mais le jour aussi, il n’y a pas de moment où leur âme les laisse en paix, elle est insatiable ! C’est clair, les moines, les moniales qui sont particulièrement à l’honneur en cette fête de Notre Dame du Mont Carmel, ne sont pas des êtes plus courageux que les autres, ils et elles sont dotés d’une âme plus gourmande que le commun des mortels ! Vous savez ceux qui font des performances étonnantes au marathon, ils arrivent à de telles performances, bien sûr, parce qu’ils s’entrainent, mais surtout parce qu’ils ont un cœur qui bat plus lentement que le cœur du commun des mortels. Ils n’ont donc pas que du mérite dans leurs résultats. Eh bien, il en va de même pour les moines et les moniales qui, comme les marathoniens, ont découvert cette particularité de leur anatomie, mais là, pour le coup, il s’agit de l’anatomie spirituelle, ils ont une âme plus gourmande et, de cette particularité, ils ont voulu, en faire un atout pour réussir leur vie et rappeler que tout le monde doit répondre un peu mieux au désir de son âme qui ne cesse de dire en reprenant les mots de St Augustin : Tu nous as faits pour Toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi.
En appelant Dieu Notre Père, nous ne Père-dons pas le nord. Il devient si proche de nous qu’Il nous divinisera pour nous rendre plus humain ! Joug contre joue, son Amour dépassera le coronavénus.
En passant, Vive Notre Dame du Carmel !!!!
« qui sème le vent récolte la tempête. La tempête n’est pas déclenchée par Dieu, elle est le résultat, la conséquence des mauvais choix des hommes. Quand une catastrophe survient, elle n’est donc pas une punition de Dieu, mais le résultat logique de choix tordus. Pour autant, Dieu n’est pas totalement étranger à tout cela car si les hommes étaient restés fidèles à la Loi, ils n’auraient pas fait ces choix tordus et donc n’auraient pas connu tous ces problèmes. »
=> me parle tant, entre autres !
Merci 😉