16 novembre : mardi 33° semaine ordinaire. Devenir bon pour de bon en l’accueillant, Lui, qui est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus !

Hier, j’ai beaucoup parlé de la 1° lecture, je ne le ferai pas aujourd’hui, laissant à chacun le soin de méditer sur ce témoignage extraordinaire que donne le vieux scribe Eleazar dont la droiture est tellement impressionnante. Je nous invite particulièrement à méditer sur les paroles qu’il prononce lui-même et qui peuvent devenir stimulantes pour chacune et chacun d’entre nous.

Hier, je n’ai donc pas consacré beaucoup de temps à Bartimée que Jésus guérit au moment de son entrée à Jéricho, aujourd’hui, je voudrais que nous suivions vraiment Jésus à Jéricho. Et suivre est bien le verbe adapté. Ceux qui ont déjà eu la chance de faire un pèlerinage en Terre Sainte ont un avantage sur les autres, ils sont forcément allés à Jéricho et ont leur a même montré, à l’entrée de la ville, le sycomore sur lequel Zachée s’était perché ! En fait de sycomore, l’arbre qu’on nous montre est un mûrier, mais peu importe, ça donne quand même une idée ! Jéricho, c’est une oasis, aux portes du désert qui a la réputation d’être la ville la plus basse au monde. Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un cours de géographie, mais tous ces détails, vous le verrez, ont leur importance. La ville, qui était une bourgade très vivante, à l’époque de Jésus, se situe donc à – 250 mètres en-dessous du niveau de la mer. 

Ainsi donc, Jésus descendait à Jéricho. De toutes façons, d’où qu’on vienne, on descend à Jéricho … sauf si on vient de la mer morte toute proche qui est encore plus bas à – 430 mètres. Mais au fait, d’où venait-il Jésus quand il arrive à Jéricho ? Comme vous connaissez tous par cœur ce texte de Zachée et que vous avez déjà entendu des dizaines et des dizaines d’homélies sur le sujet, j’ai choisi d’attirer notre attention sur ce détail et j’avoue que, pour moi, ça a été une découverte. Eh bien, si on remonte suffisamment loin dans l’évangile de Luc, on apprend que Jésus était à Jérusalem. Pour aller à Jéricho, on peut donc vraiment dire que Jésus descendait donc de Jérusalem à Jéricho. 

Tiens, tiens, mais les lecteurs avertis de l’Évangile, ça leur rappelle forcément quelque chose, ça ! Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Mais oui, c’est ainsi que commence la parabole du bon samaritain. Ça veut sûrement dire que ce qui va se passer à Jéricho dans cette rencontre est fortement lié à ce que Jésus a voulu faire comprendre en racontant l’histoire du bon samaritain. 

Jésus descendait donc de Jérusalem à Jéricho par cette route assez vertigineuse qui nous fait passer de 762 mètres au-dessus du niveau de la mer qui est l’altitude moyenne de Jérusalem à -240 mètres en-dessous du niveau de la mer. A la descente, ça va encore, quoique les genoux souffrent toujours à la descente ! Mais, si on doit la monter, c’est autre chose : 1000 mètres de dénivelé sur 25 kilomètres, la pente est raide. D’ailleurs, on pourrait se poser la question : où Jésus se rendra-t-il après Jéricho ? Eh bien à Jérusalem, c’est à dire qu’il va se payer à nouveau le dénivelé, mais, cette fois-ci dans le sens de la montée ! 

Puisque nous sommes dans les détails, posons-nous encore une autre question : qu’allait-il faire à Jéricho ? Si on s’en tient à l’Évangile, la réponse est claire : il n’avait rien à y faire sinon rencontrer Bartimée et Zachée ! Juste avant d’arriver, il va guérir Bartimée et l’ayant guéri, il ne dit pas : j’ai fait ma B.A. de la journée, maintrenant, profitons des joies de Jéricho ! S’il veut aller jusqu’à Jéricho, c’est parce qu’il lui faut descendre encore … tant pis s’il faudra tout remonter après ! Jésus est comme mû par une intuition : en descendant au cœur de la ville, en descendant encore plus bas, il rencontrera quelqu’un qui est tombé bien bas !

Il marche donc, fidèle à cette intuition. Et le voilà qui arrive à ce fameux sycomore au bord de la route. Et c’est là qu’il y a ce dialogue entre Jésus et Zachée, un dialogie dont Jésus a l’initiative, un dialogue qui se termine par l’expression d’une demande insensée de la part de Jésus : « Zachée, descends vite, aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » 

On sait ce que cette visite va produire dans la vie de cette crapule de Zachée : une conversion totale et fulgurante. On peut imaginer que Jésus a passé la nuit chez Zachée et que, le lendemain, courageusement, il a repris la route pour Jérusalem. Je dis courageusement à cause de la montée, mais aussi parce que, juste après, dans l’évangile de Luc, l’entrée à Jérusalem correspond aux Rameaux, ça signifie donc que c’était la dernière promenade de Jésus, si j’ose utiliser ce terme de promenade pour qualifier cette marche de 50 kilomètres avec 1000 mètres de dénivelé dans un sens et 1000 mètres de dénivelé dans l’autre sens !

J’espère que vous voyez où je veux en venir : Jésus a fait tout ce chemin pour Bartimée et Zachée. Mais puisque c’est l’Evangile d’aujourd’hui, restons avec Zachée. C’est pour cette crapule de Zachée que Jésus s’est payé tout ce chemin et tout ce dénivelé. Je vous avoue que lorsque j’ai réalisé cela, ça m’a donné une grande émotion. Vous comprenez pourquoi je vous ai donné tous ces détails de la géographie, parce que si on ne connaît pas tout ça, la rencontre entre Jésus et Zachée est une belle histoire … comme les autres histoires de l’Evangile. Mais quand on prend conscience de tout ça, du chemin, du dénivelé, alors on réalise que la conclusion que Jésus tire lui-même à la fin de l’évangile, ce n’est pas une belle formule ! « En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » Oui, on peut dire que c’est bien vrai : il est venu chercher ceux qui étaient perdus et pour les trouver, il n’hésitera pas à faire des kilomètres sur une pente raide en plein soleil. Il est venu pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus, on comprend maintenant un peu mieux que rien ne pourra l’arrêter, ni le dénivelé, ni le fait que ceux qui sont perdus ont tellement honte qu’ils préfèrent se cacher dans un arbre. Rien ne l’arrêtera : il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus, jusqu’au bout, il sera fidèle à cette mission que le Père lui avait confiée en précisant qu’il voulait qu’aucun ne soit perdu. Le temps est resséré, sa fin approche, c’est donc le moment de mettre les bouchées doubles !

Alors, mes amis, cette histoire doit nous tenir dans la confiance. En effet, si pour cette crapule de Zachée, Jésus a été capable de faire un tel chemin. Ne craignons rien, nous qui n’avons jamais été aussi mauvais que Zachée, du moins je pense que c’est la situation de la plupart d’entre nous qui participons à cette messe, prêtres ou laïcs, il saura aussi venir nous chercher là où nous sommes, là où nous en sommes. Pour nous aussi, il fera ce qu’il faudra, il y mettra le prix qu’il faut, mais il ne nous laissera pas au bord du chemin, au fond du trou dans lequel nos péchés nous font dégringoler toujours plus bas.

Après, quand il nous aura trouvé, lui, il aura fait le job, ça sera à nous, à chacun de nous de décider : est-ce que je veux, oui ou non, accepter cette demande qu’il m’adresse : je veux demeurer chez toi ? Vous avez entendu, sa demande exprime son désir de demeurer chez nous. C’est à dire que son intention n’est pas de passer seulement quelques minutes avec nous, le temps d’une messe ou d’une petite prière plus ou moins vite fait ! Il veut demeurer chez nous. Il souhaite que, nous sans lui, lui sans nous, ça ne soit plus jamais possible. Le voulons-nous ? Sommes-nous prêts à lui ouvrir la porte, même si chez nous ce n’est pas bien présentable ? Plus j’avance et plus je me dis qu’en fait, Dieu a fait exprès que Jésus ne puisse pas naître à Bethléem dans des conditions normales ! Il a voulu que son Fils naisse dans une étable où ça ne devait pas sentir la rose pour qu’il ne soit jamais effrayé à l’idée de devoir demeurer dans un cœur où ça ne sent pas la rose ! Donc, pas de soucis, tu peux lui ouvrir la porte de ton cœur même si ce n’est pas tout à fait cleen chez toi.  

Tout à l’heure en venant communier, tu vas répondre à son appel : je veux demeurer chez toi. Si tu gardes sa présence en toi, toi aussi, tu connaîtras la joie de Zachée, et comme lui tu pourras devenir bon, vraiment bon, pour de bon !

Cet article a 3 commentaires

  1. Franchellin Jean Marc et Agnès

    Merci cher Roger pour tous ces détails. Je suis aller en pèlerinage en terre sainte et je visionne bien l’endroit de Jericho.
    Aussi je vais faire suivre par courrier cet Évangile de Zaché et votre commentaire à des personnes détenues.
    … » Au son de sa voix, ne t’endurci pas. « 

    1. Valérie Bonnefoi

      Merci Jean-Marc de m’avoir fait suivre cette belle homélie du père Roger. Je devais aller, pour la 1ère fois, en Terre Sainte mais… les événements actuels ont fait que…. ce n’était pas le bon moment pour ma rencontre avec cette Terre.
      Je visualise mieux et je me rends compte à quel point Jésus m’aime, moi aussi, telle que je suis, et je Le remercie de m’avoir choisie. Je l’ai, cette fois, entendu et je suis devenue chrétienne par ma Foi et mon amour il y a 3 ans, mais mon amour pour Lui est de toujours et je sais que Son Amour, pour chacun de nous, et jusqu’au dernier souffle de notre vie terrestre, est sans limite…

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