18 juin : samedi 11° semaine temps ordinaire. Attention au vocabulaire ! Jésus ne dit pas : tu ne dois pas, mais tu ne peux pas !

Je ne veux pas m’attarder sur la 1° lecture, j’en ai suffisamment dit hier pour que nous comprenions l’intérêt de lire ces textes remplis de violence, montrant la faiblesse des dirigeants. Je le redis, au milieu de tout cela, ce qu’il nous faut contempler c’est la grâce de Dieu toujours à l’œuvre qui arrive à se frayer un chemin pour accomplir son œuvre.

Dans l’Evangile, nous avons entendu cet avertissement de Jésus que nous connaissons bien : « Aucun homme ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. » Vous avez remarqué le vocabulaire utilisé par Jésus, il ne dit pas : « vous ne devez pas servir Dieu et l’Argent » il ne dit pas : « quand on est chrétien, ça ne se fait pas de servir deux maîtres. » Non, il ne fait pas une leçon de morale, il dit, plein d’inquiétude : « méfiez-vous, ce n’est pas possible d’aimer Dieu et l’Argent, ce n’est pas possible de servir l’un et l’autre en même temps. » Finalement, c’est un peu comme si Jésus nous disait : « à refuser de choisir entre Dieu et l’Argent, vous finirez écartelés » Vouloir servir en même temps Dieu et l’argent, c’est faire de manière continuelle un grand écart qui finira par nous écarteler. Je me rappelle toujours ce dessin qu’il y avait dans mon livre d’histoire quand j’étais en primaire, ce dessin qui illustrait la mort de Ravaillac, l’assassin d’Henri IV qui fut condamné à mourir écartelé, chaque membre étant attaché à un cheval qui était fouetté pour tirer le plus fort possible. Mourir comme ça, non merci, nul ne peut en rêver et Dieu ne rêve pas de cela pour nous, c’est pour cela que Jésus nous met en garde.

Alors, bien sûr, nous pouvons légitimement penser que nous ne sommes pas trop concernés. En vivant en communauté avec le partage des biens, en venant à la à la messe en semaine, c’est clair, nous montrons que nous aimons Dieu plus que tout et donc plus que l’Argent. D’abord méfions-nous, cet amour de l’Argent peut être plus envahissant que nous le pensons, la meilleure manière de le détecter, c’est de vérifier si nous aimons donner ou si ça nous coûte. J’aime bien cette formule qui dit : ceux qui ne donnent pas ne savent pas ce qu’ils perdent ! Et puis, faisons bien attention, car il y a un petit détail qui devrait nous rendre extrêmement vigilants. Le texte de l’Évangile écrit le mot Argent avec une majuscule. Ça pourrait sembler étonnant, parce que d’un côté Jésus dénonce l’attrait de l’argent et en même temps, son nom est écrit avec une majuscule, une majuscule comme pour un nom propre, alors qu’il s’agit de qualifier l’argent qui trop souvent entraine les hommes dans du pas très propre !

Dans le texte grec, le mot utilisé, c’est Mammon. Mammon, c’est la richesse adorée comme un dieu. Mais là où c’est terrible c’est que Mammon, cette idole qui veut se faire adorer comme un dieu, son nom a la même racine que ce petit mot que nous prononçons si souvent à la messe, je veux parler du mot Amen. Quand vous dites Amen à la messe, c’est comme si vous disiez : je crois à ce qui vient d’être dit, c’est vraiment du solide. C’est pour cela que toutes les prières prononcées par le prêtre se terminent par un Amen prononcé par l’assemblée qui dit ainsi : ce que le prêtre vient d’affirmer, j’y crois vraiment. C’est là que se trouve l’arnaque ! L’argent, qui trop souvent sali, a voulu se donner un nom propre en choisissant ce nom dans la racine évoque la solidité. Or, tout le monde le sait, il n’y a rien de plus fragile que la richesse. Aujourd’hui, on parle d’ailleurs de bulles financières, de bulles spéculatives car elles peuvent éclater comme une bulle de savon, c’est dire si la richesse n’a rien de solide ! Mammon, c’est donc le mensonge, l’argent qui vous fait de l’œil pour mieux vous séduire et qui ensuite va vous asservir.

Plus nous nous rapprochons de Dieu et plus nous sommes libres parce que nous avons su remettre chaque chose à sa vraie place. Plus nous nous attachons à l’argent ou à d’autres idoles et plus nous perdons notre liberté. Cela, nous l’avons tous expérimenté.

Mais alors, comment vivre ? Faut-il prendre à la lettre cet évangile et vivre comme les petits oiseaux ? D’abord, il convient de rétablir la vérité. Avez-vous déjà regardé des oiseaux ? Ce qui est étonnant, c’est qu’ils n’arrêtent pas un seul instant ! Les parents font des allers retours incessants pour nourrir leurs petits. En donnant les oiseaux en exemple, ce qui est sûr, c’est que Jésus ne nous invite pas à la paresse, à la nonchalance. Mais si Jésus les donne en exemple, c’est parce que les oiseaux, ils sont sûrs de trouver ce dont ils auront besoin pour nourrir leurs petits, la nature est bien faite, c’est pourquoi ils ne se font pas de soucis. Aujourd’hui, la nature est toujours aussi bien faite, mais hélas, une partie de l’humanité en capte les bienfaits empêchant l’autre partie, la plus nombreuse, de pouvoir vivre décemment. En donnant les oiseaux en exemple, Jésus nous invite sûrement à plus de justice pour que la nature puisse nourrir tout le monde, et elle le peut.

La grande leçon, je crois qu’elle nous est donnée dans la fin du texte et c’est elle qui pourra nous aider à vivre. Jésus nous dit : cherchez d’abord le Royaume des cieux et tout le reste vous sera donné par surcroît. Quand nous mettons le Seigneur en premier dans nos vies, non seulement, nous ne manquons jamais de l’essentiel, mais nous recevons toujours plus. Cet Evangile est donc une invitation à vérifier de manière extrêmement concrète l’ordre de nos priorités. Il est une invitation à demander que la grâce du Seigneur nous aide à reconquérir notre liberté intérieure en acceptant de remettre de l’ordre dans nos vies.

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