Homélie nuit pascale

Il y aura 4 points dans l’homélie.

1/ On peut imaginer que ces femmes, elles attendaient le lever du soleil avec une grande impatience. Ce lever du soleil allait marquer la fin du shabbat et elles pourraient donc, enfin, se rendre au tombeau. Dans les autres évangiles, il est dit que les femmes avaient apporté des aromates pour accomplir les rites d’embaumement qui n’avaient pu être faits le vendredi. Il avait fallu faire très vite pour mettre le corps de Jésus au tombeau avant que ne commence le shabbat et il fallait vite aller s’occuper du corps de Jésus. Ici, dans l’évangile de Matthieu, il n’en est pas question, et c’est peut-être encore plus beau, elles sont parties de grand matin, nous dit le texte, juste pour regarder le tombeau. Jésus leur manque tellement, même mort, même derrière une pierre qui le cacherait à leurs yeux, elles seront mieux qu’à tourner en rond dans la pièce où elles avaient passé la nuit. Cet amour de ces femmes pour Jésus me touche toujours beaucoup. Ça me touche de voir à quel point Jésus leur manquait déjà et ça m’interroge et ça m’invite à nous interroger : est-ce qu’il arrive que Jésus nous manque ? Est-ce qu’il nous arrive de souffrir quand nous faisons l’expérience de l’absence de Jésus ? Nos frères et sœurs confinés, je pense pourraient répondre avec plus de cœur à cette question que je nous pose. Leur éloignement des sacrements depuis un mois et particulièrement en ces jours saints leur font sûrement expérimenter quelque chose de ce que les saintes femmes ont pu expérimenter. Nous qui n’avons pas été privés, puissions-nous ne jamais nous habituer à la chance que nous avons de ne pas être privé de sa présence eucharistique. Communions pour deux, adorons pour deux et même pour 10 ou 100 !

2/ L’autre détail qui m’a frappé, il y en aura encore deux autres à la suite ! Le 2° détail, propre au texte de Mathhieu, c’est l’ange qui est assis au-dessus de la pierre qu’il vient de rouler. Je ne sais pas comment vous visionner cette scène, mais moi, elle me fait penser à ces photos sur lesquelles on voyait des chasseurs en Afrique qui venaient de tuer un lion. Vous savez, ils posaient fièrement avec un pied sur la bête qu’ils avaient terrassée. Eh bien, pour moi, l’ange, assis sur la pierre, il prend, lui aussi, la pause pour qu’il soit bien clair que la bête a été terrassée, vous avez bien entendu : la mort est morte ! Ça signifie que ce qui est arrivé dans la nuit ne concerne pas seulement Jésus, même si ça le concerne en 1° lieu, mais ce qui est arrivé a des conséquences pour toute l’humanité. La mort n’aura plus jamais le dernier mot. C’est cette certitude de foi qui fait que Paul pourra s’écrier : « La mort a été engloutie dans la victoire. Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? » 1 Co 15,54 Benoit XVI dira : « Dans la résurrection de Jésus, une nouvelle possibilité d’être homme a été atteinte, une possibilité qui intéresse tous les hommes et ouvre un avenir, un avenir d’un genre nouveau pour les hommes. » En cette nuit de Pâques, il y a comme une inversion du cours de l’histoire : la vie ne conduit plus à la mort, mais vers plus de vie, même si, bien sûr, il nous faut encore passer par la mort, mais la mort n’est plus qu’un passage qui permet le dépouillement nécessaire pour que nous puissions éternellement mener une vie désencombrée. Est-ce que nous y croyons vraiment et est-ce que ça change notre manière d’envisager et la vie et la mort ?

3/ Vous avez remarqué que l’ange envoie les femmes évangéliser les disciples, évangéliser, c’est-à-dire leu annoncer la Bonne Nouvelle de la résurrection. Elles partent remplies de joie, elles se mettent même à courir, c’est tellement extraordinaire. Oui, mais c’est comme si elles avaient oublié un détail et quel détail !

C’est pour rattraper cet oubli que Jésus lui-même les rejoint. Elles partaient très enthousiastes par la nouvelle qui leur avait été révélée, mais Jésus ressuscité, elles ne l’avaient pas rencontré. Comment auraient-elles pu évangéliser sans avoir fait cette rencontre ? On ne peut pas évangéliser en ne parlant que de ce qu’on nous a dit ! Dans l’évangélisation, les meilleurs ne sont pas ceux qui développent la meilleure argumentation, mais ceux qui ont fait une rencontre bouleversante avec le ressuscité. D’ailleurs, avant même qu’ils ne parlent, on lit sur leur visage que ce qu’ils ont à dire est une vraie bonne nouvelle. Demandons cette grâce, en cette nuit de Pâques de refaire cette expérience bouleversante de rencontre avec Jésus ressuscité pour que notre évangélisation puisse devenir vraiment féconde.

4/ Enfin, le dernier point que je veux souligner, c’est le geste des femmes qui se saisissent des pieds de Jésus, un détail touchant. Les pieds de Jésus, Marie-Madeleine les avait oints de ce parfum précieux dont les spécialistes nous disent qu’il était un parfum si pur que l’odeur imprégnait celui qui le recevait pour plusieurs jours. Prenant les pieds de Jésus, c’est comme s’il y avait cette signature d’authenticité : c’est bien lui ! Après, on pourra bien malmener leur témoignage en pensant, comme le dit un autre évangile, que ce sont des racontars de bonne femme, elles, non seulement elles ont rencontré Jésus ressuscité, mais elles ont pu avoir la preuve que c’est bien lui … alors ce que pensent et disent les autres leur est bien égal. Mais vous voyez que c’est très beau parce que c’est le geste d’amour qu’elle a fait pour Jésus qui lui permettra de le reconnaitre. Quand nous rencontrons Jésus, il sait toujours donner à nos gestes d’amour une valeur et une portée que nous n’aurions pas osée imaginer. Quand nous allons devant le Saint Sacrement alors que nous n’en n’aurions pas envie, quand nous restons alors que ça ne nous dit plus rien, quand nous servons un frère ou une sœur alors que ce service nous coûte… ces marques d’amour ne servent pas à nous accumuler des mérites pour l’au-delà, ces marques d’amour, Jésus saura les mettre en valeur et nous les rendre en joie quand il se donne à rencontrer.

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    En ce jour de la Résurrection, ah …. sans soeurs, que ferions nous ? Nous ne monterions pas bien haut !!!
    Comme vous êtes béni entre toutes les femmes en ce moment, je vous souhaite de Saintes Fêtes Pascales tout en découvrant les qualités de leur coeur respectif.

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