19 Janvier : jeudi 2° semaine temps ordinaire. Jésus est bien le grand prêtre qu’il nous faut, c’est Lui et Lui seul qui apporte l’harmonie.

Je prends le train en route dans le commentaire de la lettre aux Hébreux que nous avons commencé avec le temps ordinaire. Je ne sais donc pas ce qui vous a été dit sur cette lettre. Si jamais vous n’aviez pas eu de présentation générale, je vous dis juste ces quelques mots pour situer cet écrit si particulier. D’abord, on appelle cet écrit la lettre aux Hébreux alors que ce n’est pas une lettre mais plutôt un traité théologique. Il n’y a que quelques versets parsemés dans l’écrit qui font penser à une lettre ainsi que les tout derniers versets. Le grand spécialiste de cet écrit, le père Vanhoye, exégète jésuite, créé cardinal par Benoit XVI, proposait comme titre : sermon sacerdotal. Evidemment, on ne peut pas changer le titre d’un livre biblique (surtout quand on est cardinal !), mais le père Vanhoye regrettait le titre officiel donné à cet écrit en expliquant que bien des gens risquaient de passer à côté de son message en se disant : nous ne sommes pas des hébreux et comme cet écrit fait allusion à toutes les coutumes des juifs, à la foi des juifs, ça ne nous concerne pas 

L’auteur de cet écrit n’est pas St Paul parce que Paul endosse toujours la paternité de ses écrits en se présentant au début, ce qui n’est pas le cas ici ! Cet auteur va donc développer un long propos théologique pour montrer et même démontrer, selon l’expression entendue dans la 1° lecture de ce jour que Jésus est bien le grand prêtre qu’il nous fallait, capable de sauver d’une manière définitive ceux qui, par lui, s’avancent vers Dieu. Le grand prêtre des hébreux officiait dans le Temple en offrant des sacrifices selon un rituel précis ; c’est la raison pour laquelle on a donné le titre de lettre aux Hébreux à cet écrit, c’est parce qu’il fait référence aux traditions liturgiques, sacrificielles des hébreux. L’auteur de cet écrit parlera donc beaucoup du Temple, des sacrifices, du grand-prêtre mais dans un but précis : montrer comment Jésus, dans sa personne et ses actions, s’en distingue. En résumé, la lettre aux Hébreux n’est pas une lettre, elle n’est pas écrite par Paul et ne s’adresse pas qu’aux Hébreux ! Voilà pour la présentation générale.

On n’a pas de peine à imaginer que les hébreux auront beaucoup de réticences à penser que Jésus puisse recevoir le titre de grand-prêtre. En effet, à leurs yeux, il a trop souvent pris parti contre tant de coutumes du Temple et son nettoyage un peu violent du Temple leur reste en travers de la gorge. En plus, il ne fait pas partie de la tribu des prêtres, la tribu de Lévi, or seuls les membres de cette tribu peuvent accéder au sacerdoce. Comme je le disais, l’auteur de la lettre aux hébreux va donc vouloir montrer et même démontrer que tous ces arguments ne tiennent pas : Jésus est bien grand-prêtre et même l’unique grand-prêtre. Hier, dans la lecture, il balayait l’argument de son origine en utilisant la figure de Melkisedek, figure emblématique du prêtre de la Première Alliance. Or Melkisédek n’était pas de la tribu sacerdotale et pour cause, cette tribu n’existait encore pas, Mlkisedek vivant au temps d’Abraham. Et puis, l’auteur précise que Melkisedek, on ne savait même pas d’où il venait, nul ne connait ses origines, l’argument des origines ne tient donc pas. Et l’auteur osait même dire que ça le faisait ressembler au Fils de Dieu !

Dans la lecture d’aujourd’hui, c’est un autre argument que l’auteur de la lettre aux Hébreux va balayer. Il va montrer que le fait que Jésus n’ait jamais officié au Temple, qu’il n’ait jamais offert de sacrifice au Temple n’est pas un obstacle pour attribuer à Jésus le titre de grand-prêtre car le sacrifice que Jésus va offrir est bien supérieur à tous les sacrifices du Temple puisqu’il s’est offert lui-même. Non seulement, la valeur du sacrifice de Jésus est bien supérieure à tous les sacrifices mais sa portée l’est également. En effet, le grand-prêtre était obligé de réitérer le grand sacrifice et le rituel de Yom-Kippour chaque année parce que lui-même restait pécheur, le peuple aussi ! Le sang d’un animal, versé en sacrifice, ne pouvait qu’apaiser les consciences pour un moment. Jésus lui, le sacrifice qu’il a fait de sa vie est définitif parce qu’il a tout donné en se donnant lui-même, en plus, lui, comme il est sans péché, par son sang, nous obtenons un salut définitif. Certes, nous resterons pécheurs, mais pécheurs pardonnés, sauvés. Je relis le verset qui affirmait tout cela : « Jésus n’a pas besoin, comme les autres grands prêtres, d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses péchés personnels, puis pour ceux du peuple ; cela, il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. »

En s’offrant lui-même, Jésus a voulu faire du don de sa vie le plus grand des sacrifices qui ferait retomber sur tous les hommes la plus grande des bénédictions, c’est-à-dire le Salut. La lecture disait : « Tout grand prêtre est établi pour offrir des dons et des sacrifices ; il était donc nécessaire que notre grand prêtre ait, lui aussi, quelque chose à offrir. » Parce qu’il fallait que Jésus, notre grand-prêtre ait quelque chose à offrir, il a offert sa vie parce que, nous le savons, sa vie, personne ne lui a pris, puisqu’il l’avait offerte avant qu’on ne la lui prenne. Ainsi donc, désormais, nous n’avons plus besoin de médiateurs pour accéder à Dieu comme le prétendait l’ancien système des sacrifices offerts par les prêtres, ou plutôt, Jésus est le médiateur permanent qui ouvre pour nous le cœur de Dieu. Cet écrit est donc une grande méditation sur le Salut offert de manière définitive par le Christ, une méditation qui peut emplir nos cœurs de gratitude : on est sauvé, vraiment sauvé ! Cette méditation sur le Christ prêtre vous aidera aussi à mieux vivre votre sacerdoce baptismal et moi, mon sacerdoce ministériel. Vous avez compris que l’essentiel, pour vous comme pour moi, se vivra dans l’offrande de nous-mêmes, mais pour nous, cette offrande ne se fera pas une fois pour toutes, mais jour après jour, acte d’amour après acte d’amour.

Comme en écho à la 1° lecture, l’Evangile nous invite aussi à contempler la puissance du ministère de Jésus. Dans la 1° lecture, il est le Grand-Prêtre, capable de sauver tous ceux qui s’avancent vers Dieu, dans l’Evangile, nous le voyons apporter la guérison à tous ceux qui viennent vers lui et ils sont nombreux, venant de partout. Le drame, c’est qu’il semble bien que ce soient les démons qu’il expulse qui sont les 1° à reconnaître qui il est vraiment : « Toi, tu es le Fils de Dieu ! » Ceux qui ont été guéris n’ont pas ou en tout cas n’ont pas tous cette profession de foi qui monte de leurs lèvres. Pour un certain nombre, Jésus est celui qui vient régler leurs problèmes. Certains iront jusqu’à dire qu’il est le Messie, mais cette confession de foi a toujours semblé ambigüe pour Jésus. En effet, il y en avait trop qui attendaient un Messie puissant pour nettoyer le territoire de la présence des romains et redonner à leur pays sa splendeur passée. Jésus le savait et il expérimentera que, lorsqu’il faisait des miracles, les gens se mettaient à rêver que c’était lui le Messie tant attendu, que c’était lui qui allait accomplir ce coup de force. Alors, il préférait fuir dans le désert pour échapper à ce qu’on attendait de lui. On en a un brillant exemple avec la multiplication des pains.

Eux, les démons, ils ne disent pas que Jésus est le Messie, du moins pas dans ce passage, ils disent qu’il est le Fils de Dieu, ils ont compris son identité réelle, ils ont compris quel était le sens de sa mission et ça les perturbe considérablement. Si Jésus endossait les habits du Messie puissant, finalement, ça les arrangerait bien parce que ça pourrait faire grandir l’orgueil chez tout le monde et ça ferait leurs affaires. Mais ils savent que Jésus n’endossera pas ces habits, qu’il n’est pas venu pour cela. Il est le Fils de Dieu, ils savent que le Fils de Dieu s’est fait homme pour que les hommes puissent devenir Fils de Dieu et ça, les démons, ils n’en veulent pas. Ils ne peuvent pas supporter que les hommes se rapprochent de Dieu. Par un coup du diable, l’harmonie entre Dieu et les hommes avait été rompue et de cela ils en étaient contents, eux qui, depuis, en profitaient pour perturber la vie des hommes. Mais voilà que Jésus arrive et que lui, le Fils de Dieu, il s’est fait homme pour rétablir cette harmonie en permettant aux hommes de devenir Fils de Dieu.

Mais alors, on pourrait se demander pourquoi Jésus cherche à les faire taire ! Puisqu’ils disent la vérité, pourquoi ne pas leur permettre de la dire haut et fort ? On peut sûrement avancer plusieurs raisons. La première, c’est que ce serait quand même un comble que ce soient les démons qui deviennent les premiers évangélisateurs ! La deuxième raison, c’est que les démons, il ne faut jamais leur faire confiance. Ils peuvent commencer à dire des choses vraies mais c’est pour mieux faire tomber votre méfiance et quand ils voient que ça marche, ils vont vous jouer un sale tour !

C’est donc à nous qui savons qui est Jésus, à nous qui savons pourquoi Jésus est venu, de répandre la Bonne Nouvelle que Jésus est le Fils de Dieu que lui et lui seul est capable d’apporter cette harmonie que tous les hommes cherchent souvent de manière tordue et que cette harmonie se trouve dans la communion avec Dieu. Ne laissons pas le champ libre aux démons qui s’incrustent partout où ils trouvent un peu de place pour séduire et conduire les hommes à leur perte.

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