9 janvier AUJOURD’HUI la Parole s’accomplit

Vous avez remarqué que j’écris mes homélies, ce n’est pas par manque de simplicité ou de confiance, c’est juste parce que je les mets sur mon blog. A Chateauneuf et ailleurs, il y a des personnes qui ne peuvent pas, certains jours, aller à la messe ou qui n’entendent pas, j’ai donc accepté de mettre à leur disposition, à peu près chaque jour, le texte de mon homélie. Mais, ici, je n’ai pas d’imprimante, il faut donc que j’envoie le texte par mail au secrétariat pour qu’on me l’imprime. Mais je ne sais pas quel circuit prend le message, toujours est-il qu’il faut un temps infini pour que de ma chambre où j’écris, il arrive au secrétariat qui est à une vingtaine de mètres en-dessous !

Eh bien, voyez-vous en méditant sur la 1° lecture, ce matin, je me suis dit qu’il devait y avoir le même problème de transmission en chacun de nous pour que ce qui arrive dans notre tête passe dans notre cœur, le cœur étant, comme nous l’apprend la Bible, le centre névralgique où devraient se prendre toutes les grandes décisions. Nous savons beaucoup de choses, notre tête est bien pleine et, comme moi, vous êtes capables de faire de belles homélies sur tant de sujets, mais nous en vivons si mal. La 1° lecture d’aujourd’hui, nous la connaissons presque par cœur à tel point que lorsque nous la lisons personnellement, nous sommes tentés de ne pas vraiment la lire, nous savons : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. » La grâce des grâces à demander, sans se lasser, c’est que ce qui se trouve dans notre tête puisse passer dans notre cœur avant de sortir sur nos lèvres. Mais le circuit semble bien compliqué, peut-être encore plus que le circuit des mails dans cette maison ! 

Avec l’Evangile, nous assistons au début du ministère public de Jésus chez Luc, le petit Jésus a bien vite grandi, 30 ans en quelques jours ! Ce texte, nous le connaissons bien puisque, chaque année, il est offert à notre méditation pour la messe chrismale. 

Mais la liturgie ne nous fait entendre que la partie glorieuse de cette première prédication de Jésus qui semble immédiatement emporter l’adhésion de son public. En fait, nous le savons, ça se termine mal puisqu’on cherche, dès sa première sortie à le faire mourir. Ce que je disais hier est bien confirmé : être bons, devenir de plus en plus saints est requis pour l’évangélisation, mais ça ne garantit pas la réussite. Jésus était totalement bon et saint et il a connu tant de difficultés. Je nous invitais donc à ne pas confondre réussite, succès et fécondité. Parce que, au final, la fécondité peut arriver là où il n’y a eu aucun succès apparent, la mort de Jésus sur la croix l’atteste. Elle nous rappelle que la fécondité n’est pas donnée par des techniques, même s’il n’est pas inutile de se former, mais la fécondité elle est au bout d’une vie donnée dans l’amour. 

Nous pouvons connaître, à certains moments de grosses difficultés, nous pouvons avoir eu un parcours chaotique, ce qui compte c’est la trajectoire de nos vies, c’est le fait qu’à chaque fois que nous nous retrouvons par terre nous nous laissions visiter et relever par la miséricorde et que nous reprenions encore plus résolus le chemin du don de nous-mêmes. Sachant que toutes ces expériences de pauvreté peuvent nous rendre meilleurs. Notre misère attire sa miséricorde et nous rend miséricordieux parce que miséricordiés. J’ai dit miséricordiés et miséricordieux pas indulgents vis-à-vis de nous-mêmes ou des autres ! L’indulgence est un compromis mou qui maintient dans la médiocrité !

Dans cet évangile, je voudrais surtout développer un aspect. Et, pour l’introduire, j’aimerais que nous nous rappelions la Parole que le pape St Jean-Paul II avait choisie pour le grand jubilé de l’an 2000, elle était tirée de la lettre aux Hébreux : « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement. » (13,8) Pour moi, cette Parole est devenue l’une des Paroles qui m’habite le plus régulièrement. Jésus est le même aujourd’hui qu’hier et il sera encore le même demain. Sa puissance est la même aujourd’hui qu’hier et elle sera encore la même demain. Son amour est le même aujourd’hui qu’hier et il sera encore le même demain. On peut décliner cette parole de bien des manières et c’est un exercice salutaire à faire pour renforcer notre foi.

Je l’ai dit déjà souvent, nous n’avons pas donné notre vie pour propager de belles idées et un art de vivre « love and peace. » Nous avons donné notre vie pour que la puissance de Jésus puisse relever AUJOURD’HUI ceux qui n’en peuvent plus, nous avons donné notre vie pour que l’amour de Jésus puisse AUJOURD’HUI guérir les blessures de tous les malmenés de la vie et Dieu sait s’ils sont de plus en plus nombreux.

A Nazareth, dans la synagogue, nous le savons, Jésus fait une homélie bien plus courte que les miennes, mais avec une puissance inouïe et cette puissance, elle est contenue dans un mot : AUJOURD’HUI ! C’est comme si Jésus disait : ce qu’on vous a annoncé, ce qui vous faisait rêver, AUJOURD’HUI, vous allez le voir et tout cela va s’accomplir par moi, par la puissance de mon amour. Et on l’a vu s’accomplir tout au long du ministère de Jésus : la Bonne Nouvelle a été annoncée aux pauvres, les captifs ont été libérés, il a guéri les aveugles et les aveuglements, il a libéré les opprimés de tant d’oppressions. Oui, il l’a fait, l’Evangile l’atteste et nous ne cessons de nous émerveiller de la puissance de son amour. 

Maintenant, la question nous est posée : est-ce que nous croyons que « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement » ? J’avais fait une retraite avec un vieux jésuite qui sans arrêt nous interrogeait en nous demandant : est-ce que vous croyez ou est-ce que vous croyez que vous croyez ? Parce que, vous savez, en français, c’est terrible, si je veux dire que je ne suis pas sûr qu’untel soit passé par là, je dis : je crois qu’il est passé ! Alors, est-ce que nous croyons que « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement » ou est-ce que nous croyons que nous croyons ? Si nous croyons, il faut que nous le montrions. Jésus a remis la puissance de son amour entre nos mains, il a remis son autorité, c’est-à-dire sa capacité à faire grandir en libérant, entre nos mains : est-ce que nous le croyons ou est-ce que nous croyons que nous croyons ?

Seigneur, viens au secours de la faiblesse de notre foi et nous croyons que tu peux nous en guérir puisque tu es le même aujourd’hui qu’hier et que tu le resteras éternellement. 

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