Merci Seigneur, les textes que nous aurons à commenter durant ce temps de l’Avent vont un peu moins nous faire transpirer. Jusqu’à l’année prochaine, à pareille époque, nous en avons fini avec ces textes qui nous parlent de catastrophes et qui ne se contentent pas d’en parler mais qui en annoncent aussi. Nous en avons fini avec ces visions terrifiantes des bêtes de Daniel. Merci Seigneur, c’est devenu un peu plus confortable pour nous, les prédicateurs !
J’espère que, comme moi, vous admirez souvent Jésus pour ce qu’il fait, pour ce qu’il dit. Mais aujourd’hui, l’évangile nous montre un homme qui, lui, est capable de faire l’admiration de Jésus. Dites, vous n’aimeriez pas faire l’admiration de Jésus ? Pas pour frimer, pas pour en mettre plein la vue … non ! Faire l’admiration de Jésus, c’est-à-dire donner un peu de bonheur à Jésus parce qu’il nous en donne tant. Eh bien essayons de voir ce qui va plonger Jésus dans l’admiration.
Le premier point que je voudrais souligner, même si ce n’est pas celui que l’évangile souligne, c’est le fait que ce centurion est venu pour son serviteur. Vous savez, à cette époque, les gens avaient à peu près autant de considération pour leurs serviteurs que vous vous pouvez avoir vis-à-vis d’un kleenex usagé ! Eh bien, voilà que ce personnage quand même assez important se déplace pour demander la guérison de son serviteur. Non seulement, il se préoccupe de la santé de son serviteur, ce qui est déjà étonnant, mais en plus, il se déplace, lui-même pour demander la guérison de son serviteur. Admirable et je suis sûr que Jésus a su admirer cette démarche à sa juste valeur. Le soin que nous portons aux autres, particulièrement à ceux qui ne sont pas considérés, voilà qui peut déclencher l’admiration de Jésus à notre égard. Encore une fois, nous ne cherchons pas à briller à ses yeux pour en mettre plein la vue aux autres, non, nous voulons juste savoir ce qui met son cœur en joie pour l’accomplir et ainsi lui manifester notre reconnaissance pour tout ce qu’il fait pour nous.
Et, ensuite, il y a deux paroles du centurion qui vont provoquer l’admiration de Jésus. Et c’est là-dessus que va insister l’évangile.
- 1° parole : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. » Tiens, tiens, ça ne vous rappelle pas une parole que nous prononçons régulièrement et que nous allons encore prononcer dans un instant ? C’est formidable, ça, parce que ça veut dire que, nous aussi, à chaque fois que nous prononçons cette parole, et Dieu sait si nous la prononçons souvent, nous pouvons faire l’admiration de Jésus. Mais nous allons voir à quelle condition, le fait de prononcer cette parole peut nous valoir l’admiration de Jésus.
- 2° parole : à première écoute, elle peut sembler un peu plus énigmatique, c’est pourquoi je vous la redis : « Moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. » Eh bien, cette parole fait vraiment l’admiration de Jésus.
En fait il me semble que derrière ces deux paroles, il y a la même réalité qui se cache et c’est elle qui fait l’admiration de Jésus, c’est la foi, mais pas une foi intellectuelle, c’est une immense confiance de cet homme à l’égard de Jésus. Voyons en quoi ces paroles expriment la foi de cet homme.
Quand Jésus se rend compte qu’un notable a fait du chemin pour venir lui demander la guérison de son serviteur, il comprend qu’il a à faire à quelqu’un qui n’est pas comme les autres, alors, il répond tout de suite favorablement à la demande. Souvent, Jésus discute un peu : est-ce que tu crois que je peux faire pour toi ? Là, il voit la démarche de cet homme qui vient pour son serviteur, il n’hésite pas une seconde : « Je vais aller moi-même le guérir. » Sous-entendu, tu as fait une belle démarche en venant vers moi alors que rien ne t’y obligeait eh bien, moi je réponds à ta belle démarche, par une autre démarche : je vais aller chez toi le guérir. Et c’est là que l’homme lui dit : pas la peine et vous aurez remarqué que, lui, le païen, il s’adresse à Jésus en l’appelant : Seigneur ! Pas la peine, puisque tu es Seigneur, tu es capable de le faire à distance ! Ta puissance est telle que tu n’as pas besoin de venir … et ça tombe bien car je ne suis vraiment pas digne de t’accueillir chez moi, sous-entendu, puisque je suis un pécheur païen ! ADMIRATION de Jésus devant la foi de cet homme !
Et la 2° parole, on peut la comprendre de plusieurs manières, mais dans le temps de cette homélie déjà bien assez longue, je n’en développe qu’une ! Cet homme lui dit, je le traduis à ma manière : moi qui ne suis qu’un homme, j’ai une véritable autorité et je peux te dire que ça file droit quand je donne un ordre. Alors, Toi qui es le Seigneur, je ne me fais aucun souci, quand tu vas donner un ordre à cet esprit de maladie pour qu’il quitte mon serviteur, ça va filer droit ! ADMIRATION redoublée de Jésus devant la foi de cet homme !
Donc, vous l’aurez compris ce qui fait l’admiration de Jésus ce n’est pas que nous fassions des coups d’éclat. Tant mieux si nous en faisons, mais Jésus a toujours peur que ça nous rende orgueilleux ! Non, ce qui fait son admiration, c’est notre foi.
Et je vous l’ai dit, les mêmes causes produisant les mêmes effets, quand nous allons prononcer la même parole que le centurion, nous allons faire l’admiration de Jésus. « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri. » Oui, nous ferons l’admiration de Jésus à condition que nous la prononcions avec la même foi que le centurion. Lui, il ne récitait pas une formule apprise au catéchisme quand il disait cela, c’était son cri de foi, jailli de son cœur, c’est-à-dire qu’il croyait à ce qu’il disait. Est-ce que nous allons croire à ce que nous dirons ? Ce qui suppose :
1/ Que nous soyons convaincus d’être malades puisque nous lui demandons la guérison. Si nous allons communier comme des orgueilleux en pensant : oh Jésus quelle chance que tu as de venir chez moi, parce que chez moi, c’est quand même mieux que chez celle qui me précède ou celui qui me suit dans le mouvement de communion … Si nous allons communier dans un tel état d’esprit avoué ou pas, nous ne ferons pas l’admiration de Jésus, c’est sûr !
2/ Est-ce que nous croyons que Jésus peut vraiment nous guérir. Ou bien est-ce que nous sommes installés dans nos médiocrités et que nous ne les voyons plus ou que nous nous en avons pris notre parti alors que ces médiocrités font tant souffrir les autres ? Est-ce que, ce soir, nous allons accepter de les présenter au Seigneur en croyant qu’il peut vraiment faire quelque chose pour nous ? S’il dit cette parole que nous lui demandons de dire, je vous le promets, l’esprit de médiocrité va filer droit … mais il ne faudrait pas qu’à la sortie de la messe, nous lui courrions après pour le récupérer ! Le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous libérer afin que nous, les hommes, nous puissions vivre en Fils de Dieu. C’est sur ce mystère que nous allons méditer tt l’Avent.
Il ne faut pas penser que nous disons les paroles du centurion pour nous faire mousser, c’est plutôt par humilité, nous avons conscience de notre insuffisance