Dans l’Evangile, nous continuons d’entendre le dialogue entre Jésus et Nicodème dans cette rencontre qui a lieu de nuit. J’en ai déjà pas mal parlé hier et vous voyez qu’aujourd’hui encore, il y a toute une discussion qui s’instaure entre SAVOIR et CROIRE, pour reprendre les termes d’hier entre astronome et astronaute. Jésus dit à Nicodème : « Tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? » Autrement dit, tu sais beaucoup de choses puisque tu enseignes, mais tu ne connais encore pas ! Il te manque de pouvoir faire cette expérience fondamentale qui sera comme une nouvelle naissance tellement elle va changer de choses dans ta vie puisqu’elle te permettra de ne plus parler de Dieu comme les astronomes parlent du ciel, mais comme les astronautes en parlent en témoignant de ce qu’ils ont vécu. Je ne développe pas plus, j’en ai suffisamment parlé hier !
Et sur la nouvelle naissance, je cite à nouveau cette belle parole que citait le pasteur de Mulhouse, parole empruntée à Billy Graham, le célèbre prédicateur évangéliste. (Je la cite car hier, je l’avais dite uniquement dans la prédication, elle n’était pas écrite et donc, les lecteurs des homélies sur le blog ne l’ont pas eue.) Ceux qui ont vécu cette deuxième naissance peuvent se rassurer car ils ne mourront qu’une fois ! C’est-à-dire que cette 2° naissance va inscrire une dimension éternelle dans notre relation à Dieu, quelque chose qui ne mourra jamais mais qui, au contraire est promis à un épanouissement éternel. Notre savoir sur Dieu, quand nous serons devant lui, nous semblera bien dérisoire, peut-être même réaliserons-nous que nous avons été présomptueux. Par contre ce que, par grâce, il nous a fait goûter de son amour, c’est ce qui va s’approfondir et se développer.
Passons aux Actes ! C’était notre slogan, pour une année de la grande démarche d’évangélisation que nous avions vécue dans notre diocèse. Nous avions distribué à tous les diocésains un tiré à part du livre des Actes des Apôtres en invitant à lire, travailler, partager et le slogan fédérateur était donc : Passons aux Actes !
Dans cette lecture continue du livre des Actes, nous allons voir arriver un certain nombre de belles figures de l’évangélisation. Je prêche d’ailleurs une retraite qui reprend ces grandes figures des Actes, retraite que j’ai intitulée : sur les épaules des géants de l’évangélisation en reprenant cette représentation que l’on voit, notamment sur les vitraux de Chartres, des apôtres qui sont sur les épaules des prophètes. Cette représentation nous suggère qu’on ne voit juste que si on accepte de s’appuyer sur les enseignements et le témoignage des générations passées.
Aujourd’hui, le passage des Actes fait entrer en scène un personnage important, c’est Barnabé. Pour la plupart des gens, Barnabé n’est connu que dans le fameux dicton météorologique qui s’énonce de plusieurs manières : S’il pleut à la Saint-Médard (8juin), il pleut quarante jours plus tard sauf si Barnabé (11 juin) vient tout raccommoder ! Mais, bien plus qu’en météo, c’est dans l’évangélisation que Barnabé fait la pluie et le beau temps car son rôle a été essentiel !
C’est donc sur les épaules de Barnabé que je nous invite à monter. Je vous l’ai dit, il va souvent intervenir, donc je ne vais pas tout dire aujourd’hui, je voudrais juste souligner deux points.
J’aimerais relire au moins le début de la lecture, je ne lis que la 1° phrase, mais c’est toute la 1° partie qu’il faudrait lire : « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme. » La description qui suit nous montre une belle communauté, c’est vrai que tout n’a pas toujours été aussi beau … rappelez-vous ce que je disais des photos prises au réveil. Mais c’est vers cet idéal que voulaient tendre tous les membres. Nous allons voir, déjà aujourd’hui et dans les jours qui viennent à quel point Barnabé était une très belle figure, mais je veux commencer par souligner que cette première partie nous dit que ce sont les belles communautés qui font émerger les belles personnes. Il y a comme une fécondation mutuelle, un cercle vertueux, la belle communauté fait émerger de belles personnes et les belles personnes permettent à la communauté de rester belle. C’est une loi générale : la vie engendre la vie, ceux qui donnent leur vie par amour suscitent, à leur tour, le désir chez d’autres de se donner sans retenue. Barnabé ne pourra devenir ce si grand témoin que parce qu’il y a eu cette communauté généreuse qui a été capable de l’engendrer.
Le point que je me contenterai de souligner aujourd’hui à propos de Barnabé concerne son nom. C’est assez rare, mais voilà un homme dont on a complètement oublié le nom, on ne se rappelle que du surnom qui lui a été donné. Le texte des Actes nous le présente par son nom en précisant immédiatement son surnom : « Il y avait un lévite originaire de Chypre, Joseph, surnommé Barnabé par les Apôtres. » Et on apprend que ce surnom n’a pas été choisi au hasard, ce n’est pas un sobriquet, les apôtres lui ont choisi ce surnom entre tous, en effet, Barnabé veut dire : « homme du réconfort » certaines traductions disent « fils d’encouragement » et la suite du livre va nous montrer qu’il mérite bien ce nom ! Qui va se charger d’accueillir Paul pour le lancer dans la mission confiée par Jésus et l’aider à surmonter les nombreux obstacles qui se dressent ? Barnabé, le fils d’encouragement ! Qui va accompagner la fragile et enthousiaste communauté d’Antioche ? Barnabé, le fils d’encouragement !
La communauté chrétienne naissante va être aux prises à bien des défis, elle sera secouée par bien des problèmes et, même déjà des scandales. Eh bien, dans ces conditions difficiles, ce dont elle aura le plus besoin c’est d’un fils d’encouragement et c’est pour cela que Barnabé aura une telle importance. Finalement, il mérite bien la qualité que lui octroie le dicton météorologique, Barnabé peut tout raccommoder ! Quand ça ne va pas, on ne manque jamais de personnes qui donnent des leçons, les fameux « yaqu’à-fautqu’on » Mais ceux-là, dans une communauté comme dans la société ne sont d’aucune utilité ! Demandons au Seigneur qu’il nous fasse la grâce de devenir ces « filles et fils d’encouragement » et que s’il ne trouve pas suffisamment de matière première sur place, qu’il nous en envoie, autant que nous en aurons besoin, venus d’ailleurs !