21 mars : lundi 3° semaine de carême. Quand les petits se révèlent plus fiables que les puissants !

Dans la 1° lecture que nous connaissons bien, il y a deux séries de personnages, d’un côté des puissants de l’autre côté des petits. J’aimerais que nous regardions successivement ces deux séries de personnages. Commençons par les puissants parce que leur attitude permettra de mieux mettre en valeur l’attitude des petits.

Parmi les puissants, il y a 3 personnages qui sont mentionnés, Naaman, le général syrien qui va occuper le devant de la scène, et deux rois, dont on ne mentionne pas le nom dans ce passage : le roi d’Aram et le roi d’Israël. Eh bien, passons ces 3 puissants personnages en revue pour voir ce que le texte nous dit de leur attitude en essayant de voir si nous pouvons en retirer quelques enseignements pour notre vie de foi.

Celui dont on parle le plus, c’est Naaman. Il fait partie des puissants puisqu’il est général et non seulement il occupe cette fonction élevée mais le texte nous dit qu’il jouissait d’une très bonne renommée, vraisemblablement en raison des victoires qu’il a engrangées. Seulement voilà que cet homme puissant va faire une expérience de pauvreté dont il se serait passé : il contracte la lèpre. C’est à dire que, presque du jour au lendemain, il va se retrouver au rang des parias. Peut-être que les lois de son pays à l’encontre des lépreux étaient moins dures que les lois d’Israël, mais il fallait nécessairement que les bien-portants se protègent de la lèpre en excluant les malades puisqu’on pensait que cette maladie était très contagieuse. Et non seulement il deviendrait un paria mais, en plus, il allait assister impuissant à la lente et répugnante dégradation de son corps. Vraiment, ce n’est pas rien cette épreuve qui s’abat sur lui, cette plongée inattendue dans une forme assez radicale de pauvreté. On voit bien qu’il est déjà passablement aigri par cette épreuve puisqu’il va se mettre dans une terrible colère quand il apprendra comment le prophète Elisée veut le guérir. Il estime qu’un puissant comme lui mérite plus d’égard et qu’Elisée aurait dû sortir le grand jeu pour obtenir une guérison dont les moyens auraient été à la hauteur de sa dignité. En résumé, Naaman est un puissant qui a bien du mal à habiter sa pauvreté.

Ensuite il y a les deux rois, celui d’Aram et celui d’Israël. Eux aussi, ils se comportent bien comme les puissants savent le faire !

  • Le Roi d’Aram apprenant qu’un prophète a des dons de guérison décide d’envoyer son général là-bas pour qu’il puisse être guéri. Est-il touché par l’épreuve que vit son général, a-t-il peur de perdre une pièce maitresse de son gouvernement, nous ne le savons pas, peut-être les deux en même temps ! En tout cas, ce que nous savons, c’est qu’il l’envoie avec une multitude de cadeaux : dix lingots d’argent, six mille pièces d’or et dix vêtements de fête. Il a une faveur à demander et il est prêt à payer ce qu’il faut pour l’obtenir d’autant plus que, dans le passé, il avait été en conflit avec ce roi d’Israël. La manière dont la jeune fille juive a été faite esclave et est devenue servante chez Naaman, le prouve. Les puissants sont comme ça, ils pensent que tout s’achète, que tout peut finir par s’obtenir quand on accepte d’y mettre le prix. 
  • Le Roi d’Israël, lui, il est juste mentionné pour sa réaction indignée. Il est sûr qu’il y a une entourloupe par derrière. Il oublie deux choses essentielles : d’abord qu’il y a un prophète dans son Royaume à qui Dieu a donné ce don de guérison. Et ensuite, il oublie de se réjouir que la renommée de la puissance de Dieu ait traversé les frontières. Heureusement que l’affaire est venue aux oreilles d’Elisée sans quoi Naaman n’aurait sûrement pas été guéri et il aurait très bien pu y avoir un conflit entre les deux Royaumes, chacun des deux rois se sentant offensé par la réaction de l’autre !

Bon, comme vous pouvez le constater, du côté des puissants, les attitudes ne sont pas géniales. Au passage, vous aurez pu noter que pas grand-chose n’a changé dans la manière dont les puissants réagissent. Alors, si nous ne voulons pas finir comme ça, si jamais c’était le cas, arrêtons d’avoir des rêves de puissance !

Regardons maintenant du côté des pauvres, des personnes humbles qui sont mentionnées dans le texte. Il y avait trois puissants, il y aura 3 personnes humbles.

La première, c’est cette jeune fille, qui avait été faite esclave au cours d’une campagne guerrière menée sûrement par Naaman en terre d’Israël. Elle était devenue l’esclave de la femme du général. Cette jeune fille, en apprenant que l’époux de sa maitresse est devenu lépreux aurait pu penser : « Bien fait pour lui, il n’a que ce qu’il mérite. Dieu l’a puni à cause de ce qu’il a fait à mon égard ! » Eh bien, ce n’est pas ainsi qu’elle réagit, elle réagit comme une authentique fille de Dieu, elle sait que Dieu ne peut pas punir et elle a un cœur miséricordieux comme le cœur de son Dieu, c’est pourquoi elle propose à sa maitresse d’envoyer son mari voir le prophète. Le psaume a bien raison de dire que la splendeur de Dieu est chantée par les petits. L’attitude de cette jeune fille esclave l’atteste.

La deuxième personne humble, c’est un groupe, en fait : Il s’agit des serviteurs de Naaman. J’ai déjà évoqué la colère de Naaman quand il apprend que le prophète pense le guérir en l’envoyant se plonger 7 fois dans le Jourdain. En plus, ce prophète a commis un crime de lèse-majesté, il n’a pas daigné se déplacer lui-même, il a envoyé un serviteur. Enfermé dans sa colère, il est prêt à rentrer chez lui en ruminant sans doute comment faire payer cet affront. C’est là qu’interviennent ses serviteurs. Pour se faire bien voir, ils auraient pu emboucher la même trompette que leur maître en lui disant : tu as bien raison de te mettre en colère, c’est scandaleux, venge-toi, ils ne méritent pas mieux ! Les puissants, habituellement, aiment bien s’entourer de gens qui pensent comme eux qui leur disent tel le miroir, le beau miroir de l’histoire de Blanche-neige : oui, tu es le plus beau ! Là, ils sont courageux, ils s’opposent à leur maître qui est pourtant en colère. Et ils vont faire entendre a voix du bon sens : Si le prophète t’avait ordonné quelque chose de difficile, tu l’aurais fait, n’est-ce pas ? Eh bien, puisqu’il te demande de quelque chose de facile, pourquoi n’essaies-tu pas ? Ils ne sont pas du peuple de Dieu, mais manifestement ils ne sont pas dépourvus d’Esprit-Saint !

Enfin, le 3° personnage humble, c’est celui qui est absent, Elisée. Moi, d’abord, ça me plait qu’il n’ai pas tout laissé en plan en disant : c’est un général qui me demande, il faut que j’y aille, moi-même en personne et en plus tout de suite ! En envoyant son serviteur, Elisée manifestera deux choses essentielles : ce général n’est pas plus important que les autres hommes, pas moins non plus, mais pas plus comme les honneurs qui lui sont rendus le lui ont fait croire. Et puis, surtout, Elisée manifestera la puissance de sa foi, de sa confiance en Dieu. Elisée sait bien que ce n’est pas lui qui va guérir, mais le Seigneur, il n’a donc pas besoin de se déplacer, il n’a pas besoin d’utiliser un pendule ou un autre outil du diable. Il ne donne pas à son serviteur un rituel compliqué en lui disant : observe-le à la lettre autrement ça ne marchera pas. Il ne donne aucun pouvoir spécial à son serviteur dans un rite initiatique et secret. La méthode est simple : tu lui diras de se tremper 7 fois dans le Jourdain, mais il aurait pu lui dire pareillement : tu lui diras de faire 7 tours sur lui-même en plantant son doigt dans la terre ! Peu importe ! Et sur ce point Naaman a raison, le Jourdain n’a aucune propriété particulière, d’ailleurs quand on voit comme il est sale, on le comprend très vite ! Elisée veut juste que Naaman puisse comprendre que c’est Dieu qui va guérir et que Dieu lui demande un acte de foi qui se manifeste par la confiance qu’il va accorder à la parole du prophète. Et bien sûr, ça va marcher !

J’en tire deux conclusions ! La première, c’est qu’il vaut mieux prendre les petits comme modèles. Ils sont souvent plus fiables que les puissants ! Et la 2° conclusion, c’est que Dieu n’a rien perdu de sa puissance, ce qu’il a fait pour Naaman, il veut et il peut le faire pour chacun de nous. Et si nous avons l’impression que ça ne marche pas bien parce que nos demandes de guérison ne sont pas toujours exaucées, ce n’est pas le signe que nous avons manqué de foi, comme on l’entend dire parfois. Non, c’est plutôt le signe que Dieu veut manifester qu’il peut accomplir des merveilles dans le cœur d’une personne blessée, fragile, malade. Ça sera le signe nous pouvons marcher vers la sainteté qui est le véritable but de la vie chrétienne en étant cassés, malades … pour nous, dans les Foyers, l’exemple de Marthe l’atteste bien !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    faible et fiable: juste une interversion! 😉

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