Nous poursuivons la lecture des livres des Martyrs d’Israël qui nous donnent ce beau témoignage de la fidélité à la Foi d’un certain nombre de juifs.
Ces jours derniers, j’ai déjà eu l’occasion de faire un peu d’histoire pour que nous puissions mieux comprendre ces lectures. Mais comme je n’ai pas célébré la messe ici, je me permets d’en redire deux mots. Nous sommes au 2° siècle avant J.C. la géographie politique a été complètement bouleversée par les conquêtes d’Alexandre le Grand qui est devenu le maitre du monde connu à l’époque.
Mais, à sa mort comme il n’avait pas de descendant, il y a des luttes sévères pour le pouvoir et le grand Empire a été partagé en 4. Parmi ces 4 parts, il y a la province de Syrie dont la Judée fait partie. Après avoir eu des velléités d’indépendance, cette province va faire alliance avec les autres issues du grand Empire et demander à toute la population de se mettre au gout du jour : adopter les coutumes et la religion des grecs.
Cette grande opération qui doit conduire à l’apostasie du peuple juif est dirigée par Antiocos Epiphane. Hélas, beaucoup de juifs vont se laisser entrainer dans ce mouvement, nous en avons eu un triste exemple dans la lecture. Mais un groupe de juifs fervents va entrer en résistance, groupe fédéré par le prêtre Mattathias qui, à sa mort confiera à son fils aîné Judas Maccabée et ses autres fils le soin de continuer la résistance.
Ils seront extrêmement courageux, mais, comme, on l’a aussi entendu dans la lecture, ils ne feront pas dans la dentelle, égorgeant tous ceux qui les contrariaient qu’il s’agisse de leurs frères de sang ou des représentants du pouvoir en place. Evidemment, si nous devons admirer leur courage, nous ne pouvons approuver leurs méthodes. Mais n’oublions pas que nous sommes encore dans le 1° Testament. Tous ces héros n’avaient encore pas entendu la parole que Jésus adressera à Pierre qui avait fait usage de son épée pour le défendre : « celui qui se sert de l’épée périra par l’épée. » Jésus voulait dire par là que la violence ne peut qu’engendrer une autre violence qui se retournera toujours, tôt ou tard, contre celui qui avait cru pouvoir se débarrasser de ses adversaires. Tous ces héros n’avaient pas non plus entendu l’invitation de Paul dans la lettre aux Romains qui nous dit : « sois vainqueur du mal par le bien ! »
Ces précisions sont importantes parce qu’aujourd’hui, si nous, en Occident, nous ne nous retrouvons pas dans une situation où on cherche à nous conduire à l’apostasie par la violence, il n’en reste pas moins que la société s’organise pour que se généralise une apostasie silencieuse. Le matérialisme qui pousse les gens à s’installer dans un confort jamais suffisant, la société de loisirs à outrance et du culte du corps et tant d’autres choses encore chasse Dieu peu à peu hors des préoccupations des gens. Il n’y a plus de grandes déclarations de haine contre la religion comme au temps de l’anticléricalisme, mais on endort les gens en les invitant à vivre de telle manière que Dieu n’a plus de place dans leur vie, que leurs choix se font de manière totalement indépendante de la foi qui a pu les nourrir un temps.
Alors comment réagir ? Sûrement pas avec les méthodes de Mattathias ! Mais on peut demander que nous soit donnée son ardeur. Parce qu’aujourd’hui, ceux qui aimeraient que la religion disparaisse des écrans radars ne trouve pas beaucoup de résistance et quand ils en trouvent, c’est une résistance militante qui se nourrit à d’autres sources que l’Evangile.
Non, ce n’est pas d’une telle résistance que le Seigneur rêve. Ce qu’il attend, c’est qu’une nouvelle génération de chrétiens au cœur de feu puisse se lever pour manifester que, ce bonheur que tout le monde cherche, seul l’Evangile peut l’offrir.
Peut-être que le grand mouvement qui est en train de s’initier pour sauver la planète et qui a été grandement encouragé par l’encyclique Laudato Si du pape François est l’un de ces signes des temps que le Concile Vatican II nous encourageait à savoir lire. Par le biais de l’écologie, une prise de conscience est de plus en plus partagée : si on continue comme ça, on va droit dans le mur car on n’a pas de planète de rechange. Tout ce qui se met en place autour du concept de sobriété heureuse est prometteur car il nous invite à ne plus vivre comme si le bonheur se trouvait dans la consommation.
Une fenêtre s’ouvre pour que les chrétiens puissent s’engouffrer dans ce mouvement et ré-évangéliser non pas en partant en croisade mais en donnant le témoignage clair que Jésus n’est pas une réponse dépassée, qu’il est au contraire Celui qui peut nous aider à construire un monde nouveau promis à un bel avenir.
Il est temps que nous puissions réagir, il est temps de reconnaître que, dans ce grand mouvement, c’est le Seigneur qui nous visite. Et vous avez entendu l’Evangile : si nous ne reconnaissons pas les visites du Seigneur, si nous ne changeons pas, de notre monde, il ne restera pas pierre sur pierre !