23 juillet : Ste Brigitte de Suède (Mc 3, 31-35) Nul ne pourra jamais enfermer Jésus !

Ce texte d’Evangile a un air de déjà entendu puisque, mardi, dans la lecture quasi-continue de l’Evangile de Matthieu que la liturgie nous propose, nous avons entendu le récit de la même scène que celle qui nous était présentée aujourd’hui dans l’Evangile de Marc. Ça arrive parfois quand une fête comporte des textes propres, ce qui est le cas, avec Ste Brigitte de Suède. Pour ne pas rabâcher, j’ai eu la curiosité de regarder le contexte et c’est très intéressant.

Nous sommes au début du ministère de Jésus, C’est juste quelques versets avant, dans ce même chapitre 3 que Jésus appelle les 12. Et, juste après l’appel, on voit deux groupes qui viennent auprès de Jésus avec, semble-t-il, l’intention de le détourner de la manière dont il envisage d’exercer son ministère. Ces deux groupes sont d’une part les pharisiens et d’autre part sa famille.

  • Les scribes et les pharisiens sont en pétard car Jésus vient de guérir, un jour de sabbat, un homme à la main desséchée. Ils avaient sûrement été déjà pas mal agacés par les guérisons précédentes que ce soient celles accomplies dans la fameuse journée de Capharnaüm que rapporte Marc au chapitre 1 ou la guérison du paralytique au chapitre 2 au cours de laquelle il se permet de dire qu’il pardonne les péchés. Ces guérisons ne pouvaient que les exaspérer en raison de la renommée qu’elles donnaient à Jésus et en raison de l’orthodoxie de la foi juive que Jésus malmenait à l’occasion. Je passe sur d’autres détails qui sont, en fait, bien plus que des détails qui ont scandalisé les scribes et les pharisiens : l’appel d’un publicain dans son entourage, les épis froissés le jour du sabbat. Tout cela les conduit à accuser Jésus d’agir sous l’autorité de Béelzéboul.
  • De l’autre côté, il y a sa famille. Quelques versets avant la péricope que nous avons lue, au verset 21, il nous est dit que « sa famille, ayant appris ce qui se passait, vinrent pour se saisir de lui car ils disaient (je traduis littéralement) : il est hors de lui »

Jésus commence par répondre aux scribes et aux pharisiens et c’est juste après leur avoir répondus qu’intervient sa famille qui demande à le voir, mais nous le savons, en fait, ils veulent plus que le voir puisqu’il était dit qu’ils étaient venus pour se saisir de lui. Ainsi donc, la réponse que Jésus fait à ceux qui viennent l’informer de la présence de sa famille me semble devoir être interprétée dans ce contexte plus large que je viens d’évoquer. Jésus va très clairement refuser que sa famille mette la main sur lui, sur son ministère comme il avait refusé que les scribes et les pharisiens mettent la main sur lui. 

Finalement, nous percevons assez nettement que Jésus veut pouvoir exercer son ministère hors de toute étroitesse. C’est clair : personne ne l’enfermera, ni les autorités religieuses, ni sa famille. Pour autant, Jésus ne veut pas exclure ceux qui cherchent à la mettre la main sur lui, il cherche comment les ouvrir, eux aussi, pour qu’ils quittent leurs étroitesses que soient celles d’une interprétation légaliste de la Loi ou celles des privilèges que donneraient les liens du sang.

Il m’a semblé que, lu dans cette perspective, cet Evangile pouvait aussi éclairer notre réfexion. En effet, bien des abus dans l’Eglise ont été commis en « régime d’étroitesse ».  Je m’explique.

C’est souvent, je dis souvent, pas forcément tout le temps, dans des groupes assez fermés qu’ont eu lieu les abus. Que ce soient les internats d’antan dans lesquels des prêtres et des religieux avaient une mission si étriquée, que ce soient des groupes de jeunes fonctionnant trop en autarcie ou des communautés trop peu reliées à l’Eglise ou ouvertes aux règles de sagesse édictées par l’Eglise pour régir la mission et la vie commune. Et, dans tous ces cas, les chefs qui se révéleront des prédateurs, régneront sans partage du pouvoir et adulés en raison de la réussite du groupe, cette satanée réussite qui est, hélas, plus souvent recherchée que la fécondité.

Accueillons donc la leçon de Jésus qui nous invite à nous méfier comme de la peste de l’étroitesse qui peut toujours conduire à des comportements tellement contraires à l’Evangile dans tant de domaines et laissons l’Esprit-Saint ouvrir nos cœurs, nos communautés et notre Eglise. Nous pouvons le demander par l’intercession de Ste Brigitte de Suède dont la vie témoigne tellement de l’action de l’Esprit-Saint qui ne cesse d’ouvrir les cœurs pour que tous puissent recueillir les bienfaits du Salut apportés par Jésus qui nous a aimés et s’est livrés pour nous. C’est ce grand mystère qui s’actualise maintenant pour nous dans l’Eucharistie que nous célébrons.

Cet article a 2 commentaires

  1. Adéline

    Amen ! Union de prières par ND de Grâces ici à Cotignac !

  2. Wilhelm Richard

    Avec Brigitte de Suede, comment ne pas penser au groupe de chanteurs ABBA avec leur célèbre titre, en français SVP, ´voulez-vous ´
    Oui, être un cep de la vigne enraciné en Dieu pour être fécond en étant à ses côtés, Dans ses pas , sans pour autant appuyer sur le champignon, en imposant notre rythme.

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