24 juin : fête du Sacré-Coeur. La fête bien nommée tant il est vrai qu’il a un sacré Coeur notre Seigneur !

Quelqu’un qui est super-bon en sport, on va dire de lui qu’il est un sacré champion. Un enfant particulièrement espiègle, on dira de lui que c’est un sacré numéro. Une personne qui fait divinement bien à manger, on dira que c’est un sacré cuisinier ou une sacrée cuisinière ! Eh bien moi, c’est dans cette ligne d’interprétation que je comprends les mots qui désignent cette fête. Pour moi, le Sacré Cœur de Jésus, ce n’est pas un cœur avec 1000 auréoles le rendant totalement inaccessible, non ! Parler du Sacré Cœur, c’est dire de Jésus ce qu’on dit de quelqu’un qui a tellement de talents que c’est un sacré champion. Oui, Jésus est champion de l’amour toutes catégories, détenant des records qu’il a pulvérisés les uns après les autres parce qu’il a un sacré Cœur ! Il faut dire qu’il a de qui tenir : tel Père, tel Fils ! Il me semble que c’est ainsi qu’on peut comprendre les lectures d’aujourd’hui qui parlent finalement d’un excès d’amour. 

La 1° lecture nous décrivait Dieu sous les traits d’un berger tellement attentif, tellement bienveillant qu’on voit bien que ses brebis, c’est toute sa vie. En fait aucun berger, même les meilleurs ne font ce qui est décrit dans ces lignes : La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Les moutons restent des moutons et aucun berger ne peut délaisser l’ensemble du troupeau pour s’occuper d’une ou deux bêtes mal en point. Et puis, de toutes façons, dans un troupeau, il y a suffisamment de bêtes pour se consoler de la perte de l’une ou de l’autre ! Mais pour Dieu, une brebis, c’est une brebis et chacune est unique puisqu’il s’agit de nous. Si, ça, ce n’est pas de l’excès d’amour, alors je n’y comprends plus rien ! 

Et dans la 2° lecture, Paul va développer ce raisonnement que nous connaissons bien et qui nous plonge, à chaque fois que nous l’entendons, dans un étonnement émerveillé : Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. C’est vraiment d’un excès d’amour dont Paul veut nous parler, un excès qui était déjà mentionné dès les premiers mots de la lecture par cette formule théologique d’une densité inouïe que j’aurai l’occasion de commenter avec les retraitants : L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Vous vous rendez compte, l’amour que le St Esprit répand dans nos cœurs, ce n’est pas un amour banal, encore moins frelaté, c’est l’amour de Dieu. Par sa venue en nos cœurs, l’Amour que l’Esprit-Saint répand en nous, c’est l’Amour-même qui unit le Père au Fils et le Fils au Père. Cet Amour, il est tellement grand que, pour nous les chrétiens, ce n’est pas un simple sentiment, mais quelqu’un et il porte ce beau nom, d’Esprit-Saint, d’Esprit qui fait les saints puisque, en venant dans nos cœurs, l’Esprit-Saint nous établit comme des Tabernacles de la Trinité et c’est ainsi et seulement ainsi que nous pouvons grandir en sainteté. Quel excès d’amour !

Dans l’Evangile, Jésus va reprendre les paroles d’Ezéchiel en leur donnant un caractère un peu plus invraisemblable. Cette histoire d’un homme qui a 100 brebis et qui abandonne les 99 pour partir à la recherche de la brebis perdue, c’est impensable. Si un loup ou une autre bête féroce arrivait, le berger aurait tout perdu : d’abord, il n’est pas sûr de retrouver celle qui s’est perdue et, en plus, il perdrait les 99 qu’il aurait laissé sans surveillance, très mauvais calcul ! Oui, mais voilà, notre Seigneur n’est pas calculateur ! On le voit d’ailleurs très bien dans la manière dont Jésus raconte cette histoire : Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue ? Pour Jésus ce comportement insensé parait le plus normal, il est persuadé que tous les hommes feraient comme lui ! Eh bien, non, Jésus, personne ne ferait comme toi ! Et cela pour une raison très simple, c’est que les hommes, eux sont des calculateurs, ils analysent en permanence le rapport entre deux variables : les risques possibles et les bénéfices attendus, si les risques sont trop grands, personne ne se lance dans l’aventure !

Toutes les paraboles de la miséricorde nous parlent de cet excès d’amour, d’un Dieu qui n’est pas calculateur, jamais radin en amour. La fin du texte l’affirmait encore de manière si suggestive. C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. C’est insensé de réagir ainsi, celui qui est revenu, il a fait ce qu’il devait faire, il n’y a pas à se réjouir, encore moins à faire la fête comme le montrent les deux autres paraboles de ce chapitre 15. Nous connaissons la fête organisée pour le retour du fils perdu mais il ne faudrait pas non plus oublier la fête organisée par cette femme qui a retrouvé l’une de ses 10 pièces et qui risque d’engager, pour cette fête, plus d’argent que ne valait la pièce retrouvée. Mais notre Seigneur est comme ça, et il n’est pas prêt de changer : il n’a jamais été et il ne sera jamais calculateur précisément parce qu’il a un Sacré-Cœur !

Dès lors, on comprend pourquoi, le pape Jean-Paul II a voulu faire de cette fête une journée de prière pour la sanctification des prêtres. Par tout leur ministère et particulièrement en offrant les sacrements, les prêtres doivent permettre à ceux qui leur ont été confiés d’être directement branchés sur le Sacré-Cœur du Seigneur. 

  • Nous comprenons mieux, dans ces conditions, le scandale que représentent les abus. Ceux-là mêmes qui devaient être à l’image du bon berger se sont transformés en prédateurs provoquant des blessures profondes chez ceux qu’ils ont agressés et provoquant aussi la peur et l’indignation dans tout le troupeau. En ce jour, nous pouvons particulièrement prier pour les pasteurs blessants et les brebis blessées afin que, dans un premier temps, la justice des hommes permette aux agresseurs de mesurer la conséquence de leurs actes et aux personnes blessées de s’engager sur un chemin de reconstruction. Selon les vœux de pape François, il faut que notre Eglise redevienne une maison sûre. Après la justice des hommes, il y aura la justice divine et, sur ce point, nul ne peut dicter à Dieu sa conduite.
  • Mais il n’y a pas que la question des abus qui doit nous mobiliser dans la prière. Il m’arrive souvent d’accueillir des retraitants m’expliquant qu’elles sont allées voir un prêtre parce qu’elles avaient besoin de vider leur sac. Pour que tout soit clair, dès le début de l’entretien, elles ont prévenu le prêtre qu’elles étaient, par exemple, divorcées-remariés et là, il y a trop de prêtres qui ne réagissent pas de manière évangélique, qui ne branchent pas ces personnes sur le Sacré-Cœur. Trop souvent elles se sont entendu répondre : alors je ne peux rien pour vous, je n’ai pas le droit de vous donner l’absolution et l’entretien s’est arrêté. Oui, nous ne pouvons pas donner l’absolution, mais nous pouvons et même nous devons être témoins de la miséricorde du Seigneur qui peut rejoindre chaque personne, quelle que soit sa situation. En effet, le Seigneur n’est pas prisonnier des sacrements. Il a plus d’un tour dans son sac et sait comment il pourra rejoindre chacune de ses brebis blessées pour la soulager d’un fardeau trop lourd pour elle. En cette journée de prière pour la sanctification des prêtres, prions pour que l’Esprit-Saint inspire à tous les prêtres l’attitude juste, les mots justes quand ils se trouvent face à des personnes qui, comme on le dit de manière triviale, ne sont pas dans les clous, mais restent pourtant des brebis aimées du Seigneur et qui ont besoin de se l’entendre dire. St Vincent Depaul aimait dire : l’amour est imaginatif à l’infini. Eh bien que l’Esprit-Saint inspire cette imagination à tous les pasteurs pour que tous ceux qui se confient à leur ministère repartent avec cette certitude qu’ils sont aimés, sauvés parce que Jésus a versé son sang précieux pour eux.
  • Et priez aussi, frères et sœurs pour que tous les chrétiens, à leur tour, ne manquent jamais d’imagination pour savoir comment conduire au Cœur Sacré de Jésus celles et ceux qui leur demandent plus ou moins explicitement ce service fraternel.

Cœur Sacré de Jésus, rend nos cœurs et le cœur de tous tes prêtres semblables au tien !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Justice… Oui !

    En union de prières pour la sanctification des prêtres, de tous les prêtres, pour la conversion des prêtres abuseurs de tous ordres…

    Par ste Marguerite-Marie Alacoque, notre sainte Bourguignonne liée au Sacré-Coeur de Jésus.

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