27 novembre : même pas peur des lions !

Demain, je dois prêcher au sanctuaire avec les retraitants, les participants à la Halte d’un jour que je vais prêcher et les filles de Chato, mais je suis content que ça soit demain parce que, aujourd’hui, la 1° lecture, c’est vraiment une histoire de mecs pour les mecs ! Pour affronter les lions dans cette fosse, il ne fallait pas que Daniel soit une mauviette ! Bon mais n’allez pas non plus en conclure que les filles sont toutes des mauviettes. Je me rappelle ce prof au séminaire d’Ars qui exhortait les séminaristes en leur disant : les gars, soyez des hommes, des vrais … comme Jeanne d’Arc !

Revenons à nos moutons ! Pour comprendre cette lecture, on va être obligé, une fois de plus de faire un peu d’histoire. Le texte d’hier nous montrait le roi de Babylone, Baltasar, organisant une orgie. Ils ont tellement bu qu’ils perdent la raison et, pour faire le malin, le roi décide de finir cette beuverie en utilisant les vases sacrés volés dans le Temple de Jérusalem. Cette profanation blasphématoire va déclencher la colère de Dieu dont le roi Balthasar va faire les frais. C’est le roi Darius qui lui succède, ce roi va chercher les personnes les plus compétentes pour les mettre à la tête de chacune des provinces du pays. C’est ainsi que Daniel qui est pourtant juif va être choisi pour diriger l’une de ces provinces. Daniel était connu pour sa très grande sagesse, c’est lui qui avait d’ailleurs décrypté le message écrit par la main de Dieu pour condamner le blasphème de Balthasar.

Oui, mais voilà, qu’un juif soit choisi comme gouverneur dans ce pays, ça ne peut qu’exciter la jalousie des gens du cru qui auraient bien aimé la place. C’est ainsi qu’ils vont tendre un piège pour supprimer Daniel. Ils font signer au roi un décret interdisant de prier un dieu qui soit étranger à ce pays. Daniel est pris en train de prier le Dieu des juifs, il doit donc être exécuté … et pas n’importe comment : en étant donné en pâture aux lions. Le roi Darius est très peiné de devoir faire subir ce châtiment à Daniel, mais il est bien obligé de faire appliquer le décret qu’il a lui-même signé.

Et alors, on va assister à un double miracle

  • C’est d’abord le roi, Darius qui dit à Daniel cette phrase inouïe venant d’un païen : « Ton Dieu, que tu sers avec tant de constance, c’est lui qui te délivrera ! » Darius avait perçu que les grandes qualités de Daniel lui étaient données par sa foi. Alors, finalement, il va l’exhorter à avoir encore plus de foi, si Dieu s’est occupé de toi à ce point jusqu’à maintenant pour que tu deviennes si brillant, il n’y a pas de raison qu’il te laisse tomber ! C’est pourquoi, c’est avec une grande confiance qu’il ferme et scelle le couvercle de la fosse dans laquelle il a dû mettre Daniel au milieu de lions affamés. Mais vous aurez remarqué au passage que le roi ne dit pas : ce n’est plus mon problème … non ! On peut dire qu’il va passer une nuit en grande communion avec Daniel puisqu’il jeûne et s’abstient d’aller vers ses concubines et passera même toute la nuit à veiller. Pour un païen, avouez que c’est vraiment pas mal ! Le 1° miracle c’est donc l’attitude de ce roi païen.
  • Le 2° miracle, le plus visible, c’est que Daniel sort vivant de cette épreuve. Nous n’avons pas de détails sinon cette parole de Daniel qui assure au roi qu’il est bien vivant grâce à Dieu qui a envoyé un ange qui a fermé la gueule des lions. J’espère que vous avez bien entendu ce que Dieu a fait : il a fermé la gueule des lions, il n’a pas sorti Daniel de la fosse. 

Et ça c’est peut-être ce qui explique pourquoi nous ne voyons pas beaucoup de miracles. Nous, quand nous sommes en difficulté, qu’est-ce que nous demandons à Dieu ? Nous lui demandons de nous sortir des difficultés de les régler pour qu’elles n’existent plus. Nous devrions plutôt nous inspirer de cet épisode de la vie de Daniel pour demander à Dieu le miracle qu’il aime tant faire. Et ce miracle, ce n’est pas de faire disparaître les difficultés, Dieu n’a pas tué les lions ni permis à Daniel de s’échapper, mais il a fermé la gueule des lions. Voilà le miracle qu’il aime faire : nous donner une sagesse qui fermera la gueule des lions qui peuvent régulièrement chercher à nous agresser.

Dans le cas présent, le lion, c’est la figure du mal, eh bien ça signifie que Dieu, de manière habituelle ne supprime pas le mal, mais il nous rend forts face au mal qui, du coup, devient faible. Les maîtres spirituels, en parlant de l’esprit du mal aimaient dire : il est fort quand tu es faible, il est faible quand tu es fort ! Plutôt que de rêver à une vie sans obstacle, sans embûches, sans lions, demandons au Seigneur qu’il nous rende forts dans les épreuves.

Et là, nous pouvons nous appuyer sur le témoignage de Marthe. Elle a rêvé, au début, que Dieu pourrait la retirer de cette fosse dans laquelle elle devait affronter cette terrible maladie qui, tel un lion féroce, venait anéantir tous ses projets. Et puis, elle a compris qu’il était vain de demander ce miracle, alors elle a demandé le bon miracle : que le Seigneur la rende forte pour affronter ce lion qu’était la maladie. Elle a demandé à Dieu que lui soit donnée une sagesse capable de fermer la gueule de ce lion qui ne pourrait plus que s’attaquer à son corps en malmenant ce corps, mais qui n’aurait aucune prise sur son âme. Et on peut dire qu’elle a été largement exaucée !

 La foi, ce n’est pas se sauver devant les lions comme des mauviettes, ce n’est pas non plus demander que soient supprimés tous les lions, en agissant comme ça nous serions nous-mêmes des lions pour les autres ou des loups et l’homme ne doit jamais être un loup pour l’homme. Non ! La foi, c’est croire que le Seigneur peut nous rendre forts devant les lions. La foi, c’est croire que le Seigneur peut nous rendre forts pour traverser toutes les épreuves quelles qu’elles soient. La foi, c’est croire que le Seigneur peut nous inspirer une sagesse qui finira par réfléchir tous nos détracteurs. 

Finalement, c’est bien ce que disait Jésus dans l’Evangile, après avoir énuméré des catastrophes de toutes sortes, il nous dit : plutôt que de réagir comme des mauviettes qui ont peur et qui se replient sur eux-mêmes, « redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption est proche ! »

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