28 mai : don de science

Je ne dis qu’un mot sur la 1° lecture. Elle est, pour moi, une si belle illustration de l’invitation de Jésus qui nous dit : « Soyez rusés comme des serpents ! » Mt 10,22. Paul devait comparaitre devant le Grand Conseil de Jérusalem, il savait que le conseil était composé de pharisiens et saduccéens qui ne s’aimaient pas beaucoup et surtout qui étaient profondément divisés sur la foi en la résurrection, les saduccéens n’y croyant pas. Paul est interrogé et, rusé comme un serpent, il explique que si on l’a arrêté, c’est à cause de son espérance en la résurrection. Ce qu’il espérait se produit, les pharisiens et les saduccéens commencent à s’écharper, du coup le commandant de la garde est obligé d’intervenir et de mettre Paul à l’abri. Il vient ainsi d’échapper à ses accusateurs. N’oublions jamais le conseil de Jésus : « Soyez rusés comme des serpents ! » Mais attention, rusé ne veut pas dire menteur ni magouilleur !

Venons-en au don de Science qui marche avec le don d’intelligence, que nous verrons demain. Je vais les aborder successivement, mais retenons tout de suite qu’ils vont ensemble car ce sont les deux canaux par lesquels Dieu nous parle. Dieu nous parle d’abord par tout ce qui existe autour de nous. La nature est le grand jardin que Dieu nous confie et qui est rempli de merveilles ; pour le croyant, la nature est comme un grand livre qui nous parle de Dieu à toutes les pages ! Et c’est bien pour cela qu’il faut en prendre soin, l’enjeu est grand, non seulement d’un point de vie santé, mais aussi d’un point de vie théologique, si nous ne respectons pas la nature, ce livre va devenir illisible. Evidemment, ici, nous sommes plus gâtés que ceux qui habitent dans les quartiers de banlieue des grandes villes… pour eux, le livre est bien plus difficile à déchiffrer ! 

Le don de science va justement nous être communiqué pour qu’à travers tout ce que nous voyons, nous puissions retrouver la présence et la bonté de Dieu. Et lorsqu’on on retrouve ainsi cette présence de Dieu en toute chose (St Ignace : trouver Dieu en toute chose), on développe cette belle attitude qu’est l’admiration. Si vous le voulez, nous allons un peu devenir comme le ravi de la crèche qui passait sa vie à dire avec son merveilleux accent : « Mon Dieu que c’est beau ! » Mais, si c’est vraiment le don de science qui agit en nous, notre manière de manifester notre émerveillement n’énervera pas les autres, au contraire, nous les conduirons aussi à l’émerveillement. Pour une part, c’est le don de science qui est à l’œuvre quand une personne passionnée transmet ses connaissances et sa passion. Tous ceux qui sont engagés dans le domaine de la transmission doivent particulièrement demander que ce don puisse être actif dans leur mission. C’est ainsi qu’on verra qu’ils n’exercent pas seulement une profession mais qu’ils transmettent une passion et ça change tout ! Et les enseignants chrétiens sauront ouvrir des portes, discrètement si la loi l’exige, vers l’Absolu. Par le don de science, leur enseignement deviendra comme un doigt pointé vers l’auteur et l’organisateur génial de la vie. Quel bonheur de trouver Dieu en tout ! Quelle belle mission que d’aider à  trouver Dieu en toutes choses !

L’admiration nous pousse assez naturellement à reconnaître que ce qu’on admire est plus grand que nous. L’admiration est toujours accompagnée d’une joie profonde qui peut nous transporter vers Celui qui est à la source de toutes ces merveilles. C’est cela la véritable science et, normalement, un grand scientifique doit être profondément humble car il mesure que tout ce qu’il étudie le dépasse tellement. La complexité de ce qu’il étudie et, finalement, sa cohérence le plonge dans des abimes de perplexité. 

Vous connaissez ce que disait Pasteur : « un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup en rapprochent » … ou au moins ouvrent au mystère de la vie. Quand j’étais curé de Bellegarde, je participais à un groupe œcuménique dans le Pays de Gex (proche de la Suisse), groupe dont le responsable était un grand scientifique du CERN qui s’était converti et qui faisait de remarquables conférences sur Science et Foi. Il s’insurgeait vraiment contre les scientifiques qui, au nom de leurs connaissances, refusaient Dieu. 

C’est vrai, d’elle-même, la science ne conduit pas à Dieu, mais elle ne peut pas non plus le nier. Un vrai scientifique est humble et ouvert au mystère de la vie et certains vont à un moment donné avoir la grâce de faire une rencontre avec le Seigneur qui va éclairer toutes leurs recherches. Là, on peut dire que le don de science est à l’œuvre. 

Je viens de parler de l’admiration devant la nature, mais il faudrait, toujours dans ce 1° canal en dire autant de l’admiration devant les êtres humains en tant que tels et aussi devant ce que les hommes sont capables de faire … même s’ils sont capables du meilleur comme du pire. On le voit bien avec toutes les questions liées à la bio-éthique. Mon ami scientifique est très triste et très inquiet de l’orgueil dramatique que l’on retrouve souvent chez les chercheurs en biologie. Ils auraient bien besoin de ce don de science !

Oui, c’est vraiment extraordinaire un homme, une femme aussi ! Quand on pense à la complexité du vivant, on est pris de vertige. Car ça marche, bien sûr, il y a quelques ratés, il y a des moments où ça se dérègle, mais ce qui est extraordinaire, c’est que ça marche aussi bien, aussi souvent ! Quand je regarde un nouveau-né, je suis toujours émerveillé : ses petits doigts, ses petits ongles … Tout y est ! Comment être assez prétentieux pour croire que c’est le papa et la maman qui ont fabriqué cette merveille ! Comment imaginer aussi un seul instant que, pour chaque être humain, c’est le hasard qui produit un amoncellement intelligent de cellules ?

Je ne sais pas si vous connaissez ce très beau texte qui s’appelle le memorandum de Dieu. On le trouve sur internet, et le mieux, c’est de l’écouter. J’en cite un paragraphe : « Porte ta main à ta poitrine et sens le rythme de ton cœur et ses pulsations. Heure après heure, jour et nuit, trente-six millions de battements par année, année après année, endormi ou éveillé, faisant circuler ton sang dans plus de cent mille kilomètres de veines, d’artères et de capillaires… pompant plus de deux millions sept cent trente mille litres chaque année. L’homme n’a jamais été capable de créer une machine semblable. » 

Le don de science va me donner cette capacité d’émerveillement qui me permettra de ne plus m’arrêter seulement aux moments où la machine se grippe, de ne voir que les ratés pour me plaindre sans arrêt. Je deviens capable de m’émerveiller qu’une machine si complexe marche finalement aussi bien. Et du coup, je remonte au Créateur pour découvrir qu’il est génial. Il y a aussi ce que font les hommes qui m’émerveille, par le don de science, je n’en reste pas qu’au négatif qu’on présente si souvent. Il y a tant de belles choses. Mais pour admirer, il faut être humble, il faut se sentir dépassé !

Je termine en disant qu’en écrivant l’encyclique Laudato Si sur l’écologie intégrale, le pape François nous permet de mieux comprendre tout ce que peut apporter le don de science. Parce que l’écologie ne rapprochera pas à tout coup de Dieu, il peut y avoir de la folie dans l’écologie, une folie qui est précisément l’inverse du don de science. 

Quand on met des moyens formidables pour sauver une espèce de chauve-souris alors que, dans le même temps, on laisse tant d’êtres humains mourir de faim, qu’on ne dit rien sur l’euthanasie et l’avortement, qu’on ferme nos frontières à ceux dont la vie est menacée, c’est de la folie. … C’est vrai que tout cela n’est pas simple, mais nous ne pouvons pas accepter qu’on trouve les moyens financiers pour sauver une baleine échouée et, qu’on ne fasse rien, en prétextant qu’on n’a pas de moyens financiers pour sauver tant d’êtres humains qui meurent sans le moindre signe de compassion. 

Par le don de science, je vais donc devenir défenseur de la vie, sans choisir les causes qui m’intéressent. En effet, c’est un drame aujourd’hui, si vous avez plutôt une sensibilité de gauche, vous défendez les réfugiés, si vous avez une sensibilité de droite vous vous insurgez contre l’avortement. Mais il n’y a pas une vie qui a plus de valeur que l’autre. C’est le don de science qui nous fait chanter que tout homme est une histoire sacrée et le don de science ne nous fait as seulement chanter, il nous fait agir. Ce don de science, il nous aidera à défendre la vie, sans culpabiliser les autres et sans les fatiguer parce qu’il y a des militants qui deviennent tellement pénibles qu’ils desservent la cause qu’ils voudraient pourtant servir. Avec le don de science, il n’en va pas ainsi car il fera de nous des passionnés et une passion, elle se diffuse assez naturellement.

Viens St Esprit, viens et emplis-nous de ce don de science !

Cette publication a un commentaire

  1. Marie-Anne Labois

    Merci Père, pour cette homélie !
    Merci notamment pour ceci que vous avez dit : « Normalement, un grand scientifique doit être profondément humble car il mesure que tout ce qu’il étudie le dépasse tellement. La complexité de ce qu’il étudie et, finalement, sa cohérence le plonge dans des abimes de perplexité.  »
    Cela m’a fait penser à une conférence d’Hubert Reeves que j’ai écoutée ces jours-ci. Ce monsieur se présente comme agnostique, mais c’est un grand astrophysicien de 87 ans que je crois profondément humble. Il a d’ailleurs salué la parution de l’encyclique Laudato Si.
    Je vous donne le lien, si vous voulez l’écouter.
    https://www.youtube.com/watch?v=EnuB4F0-8Oo

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