8 janvier : l’eau, le sang et l’Esprit !

Dans ce passage de la 1° lettre de St Jean que nous avons entendu, nous quittons les consignes de vie particulièrement en ce qui concerne la vie communautaire qui nous ont été distillés tout au long des jours précédents et nous prenons carrément de la hauteur. Ceci dit les consignes pratiques n’étaient pas si terre à terre que ça puisque St Jean expliquait sans se lasser que la source de l’amour concret dont nous devons nous aimer au quotidien se trouve en Dieu. Donc quand il parlait d’amour concret, s’il avait bien les deux pieds sur la terre, il avait le cœur dans les cieux puisque c’est là que se trouve la source de l’amour.

Mais, manifestement, avec la lecture d’aujourd’hui, nous sommes dans un autre registre. Pour s’en convaincre, il suffit de réécouter ces paroles : « C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité. En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un. » Je ne sais pas si en entendant ces paroles vous comprenez immédiatement ce qu’elles veulent dire, pour moi, elles sont restées ténébreuses assez longtemps et c’est d’ailleurs le commentaire d’un pasteur protestant qui m’a aidé à mieux comprendre.

D’abord, il faut remarquer que « l’eau, le sang, l’Esprit » ces trois éléments liés sont une caractéristique propre à St Jean et il lui tient particulièrement à cœur de les lier et de les citer. Dans les Evangiles, Jean est le seul à mentionner le coup de lance et surtout à insister aussi fortement sur ses conséquences : « Un des soldats lui transperça le côté avec une lance ; aussitôt il sortit du sang et de l’eau. Celui qui l’a vu en a témoigné, et son témoignage est vrai ; lui, il sait qu’il dit vrai, pour que vous aussi vous croyiez. » Là, il n’y a que l’eau et le sang, mais juste avant, il y avait eu la mention de l’Esprit quand St Jean notait que, mourant, Jésus rendait l’Esprit. Sur la croix, il y a donc bien l’eau, le sang et l’Esprit et Jean précise : « Celui qui l’a vu en a témoigné, et son témoignage est vrai ; lui, il sait qu’il dit vrai, pour que vous aussi vous croyiez. » On sent bien que dans ce témoignage que nous livre St Jean, il y a quelque chose d’absolument essentiel pour notre foi : « celui qui a vu dit vrai, pour que vous aussi vous croyiez. » Et comme il va ré-insister dans ce passage de la 1° lettre que nous avons entendu et que j’ai souligné, il est bon que nous nous arrêtions quelques instants sur ces 3 éléments essentiels à notre foi.

Pour St Jean, devenir croyant, vivre dans la foi, ça exige une nouvelle naissance. Nous nous rappelons tous la rencontre de Jésus avec Nicodème dans laquelle Jésus explique à cet homme qui sait tant de choses qu’il lui faut renaître pour entrer dans la vie nouvelle qu’il est venu apporter : « Amen, amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. » Le pauvre Nicodème n’y comprend plus rien et vous savez ce qu’il répond à Jésus : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ? » Devenir chrétien, vivre en croyant, ce n’est pas seulement réaménager sa vie en essayant de faire en sorte qu’elle soit « plus propre » ! Non, devenir chrétien, c’est entrer dans une vie nouvelle, il faut renaître, quitter la vieille vie. C’est ce qui était symbolisé dans la manière de célébrer les baptêmes dans l’Eglise primitive. Le catéchumène descendait dans la piscine baptismale en laissant ses vieux habits et, quand il remontait, après avoir reçu le baptême, il recevait le vêtement blanc, signe de cette vie nouvelle. C’est le baptême qui fait entrer dans cette vie nouvelle, plus précisément, c’est l’eau du Baptême.

Alors, on pourrait se demander pourquoi l’eau est signe de cette vie nouvelle. D’abord parce que l’eau évoque la mort, on peut se noyer dans l’eau et ne dis pas cela pour faire peur à celles qui tout à l’heure vont prendre, avec moi, le bateau pour Gorée ! Mais il y a ce symbolisme de l’eau et c’est ce symbolisme qu’utilisait Jean-Baptiste : les gens venaient à lui pour faire noyer leurs péchés, pour que leur vie de péché soit noyée … Jean-Baptiste ne pouvait pas faire plus que noyer la vie de péché, mais Jésus, lui, il peut faire bien plus ! Et c’est justement l’eau qui s’écoule de son côté ouvert sur la croix qui nous montre ce qu’il a fait de plus. Il va faire naître à la vie nouvelle puisque l’eau jaillit de son côté ouvert. C’est là que le commentaire du pasteur a été lumineux pour moi.

En effet, quand l’eau s’écoule du côté ouvert de Jésus, avec audace on pourrait dire que Jésus perd les eaux comme une femme perd les eaux, juste avant d’accoucher. Cette eau qui s’écoule du côté ouvert de Jésus, elle est promesse d’un enfantement, il offre cette vie nouvelle. On comprend pourquoi St Jean insiste pour dire qu’il a vraiment vu de l’eau qui s’est écoulée de la plaie ouverte par le coup de lance. Quand il le dit, St Jean ne fait pas une description clinique de la mort de Jésus, il en fait une lecture théologique : par sa vie donnée, il nous ouvre la possibilité d’entrer dans une vie nouvelle, c’est la renaissance dont Jésus parlait à Nicodème. Et c’est pour cela que l’eau est le symbole central du Baptême.

Maintenant, il n’y a pas que l’eau, St Jean insiste aussi pour parler du sang qui s’écoule de la plaie du côté ouvert. Oui, parce que pour que nous puissions entrer dans cette vie nouvelle, Jésus a payé le prix fort, il a donné sa vie … et de quelle manière ! L’angoisse lui avait déjà fait transpirer du sang à Gethsémani, la flagellation et la couronne d’épines en ont fait couler encore, les chutes et rechutes sur le chemin de croix continuaient à le vider de son sang sans parler des clous qui ont été plantés dans sa chair jusqu’à ce coup de lance qui lui fait verser le sang qui lui fait verser le peu de sang qui lui restait. Et tout cela, il l’a fait pour toi, pour moi et jusqu’au dernier des vauriens qui ne le mérite pas. D’ailleurs, ni toi, ni moi, nous le méritons puisqu’entrés dans la vie nouvelle nous gaspillons si souvent les grâces du Salut. Peu importe, il a voulu verser jusqu’à la dernière goute de son sang comme preuve de son amour, afin que tous ceux qui le voudront puissent vivre de sa vie.

Nous venons de méditer sur l’eau et le sang, il reste enfin l’Esprit. Parce que pour vivre de cette vie nouvelle, nous avons besoin de la force de l’Esprit. Comme je viens de le dire, il nous arrive si souvent de gaspiller les grâces qu’il ne cesse de nous offrir. L’Esprit-Saint, c’est justement celui qui va nous aider à vivre de sa vie et à repartir quand nous sommes tombés. Du coup, peut-être que c’est le bon moment de nous interroger sur les suites que nous avons donné à la retraite vécue sur le Saint Esprit. Et, ces questions, je vous les pose à vous comme à moi ! Est-ce que nous avons cru que le renouvellement du don de l’Esprit nous a fait plonger dans vie nouvelle ? Est-ce que nous avons changé quelque chose dans nos habitudes ou est-ce que nous sommes empressés de tourner la page et de reprendre toutes nos vieilles habitudes ? Qu’est-ce que nous avons décidé de mettre en place pour que le renouvellement apporté par le Saint Esprit puisse porter des fruits durablement ? 

« C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité. En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un. » Merci Seigneur pour cette vie nouvelle que tu nous proposes comme un ré-enfantement toi qui perds les eaux sur la croix. Merci Seigneur d’avoir versé jusqu’à la dernière goutte de ton sang par amour pour nous, pour chacun de nous, alors que nous ne méritons pas ! Merci Esprit-Saint de continuer d’encourager les gaspilleurs de grâce que nous sommes et de nous encourager sans jamais te décourager !

Cette publication a un commentaire

  1. NGENDAKURIYO

    Soyez bénis père Roger.

Laisser un commentaire