29 janvier : stp consultez Dieu pour toute affaire le concernant !

La liturgie, dans les textes qu’elle nous propose à lire, fait parfois des choix surprenants. Et c’est bien le cas ce matin ! Comment comprendre le texte proposé comme 1° lecture, alors qu’il nous manque un épisode et quel épisode !

Lundi, la 1° lecture nous parlait de la prise de fonction du roi David qui est enfin investi du pouvoir royal. Il avait été choisi depuis pas mal de temps déjà pour succéder à Saül, mais Saül s’accrochait ne voulant pas laisser la place et menant même une vie impossible à David. Hier, la 1° lecture nous racontait l’arrivée de l’Arche d’Alliance à Jérusalem avec cet accueil si étonnant, si exubérant du roi David. Et c’était beau parce que, par son attitude, David manifestait sa foi. D’autant plus que cette décision de faire revenir l’Arche d’Alliance à Jérusalem était finalement l’une des premières décisions que David prenait comme Roi. Un peu comme s’il disait : je ne peux pas régner si je ne suis pas assuré de la présence de Dieu à mes côtés. Magnifique ! 

Et c’est là qu’il manque un épisode très important. David a voulu faire revenir l’Arche d’Alliance à Jérusalem mais, soudain, il réalise, si j’ose m’exprimer ainsi, qu’il n’a pas prévu un hébergement à la hauteur du convive ! En effet, l’Arche d’Alliance, pour les juifs, c’est presque le signe de la réelle présence de Dieu. Dieu va loger sous la tente, alors que, lui, il habite dans un très beau palais ! David réalise qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Il convoque le prophète Nathan pour lui dire : j’ai décidé de construire un palais digne de Dieu pour qu’il soit quand même mieux logé que le roi, fais part de ce désir à Dieu. Quand il entend ces paroles, Nathan n’hésite pas une seconde, il lui dit en substance : ton projet est un bon projet qui ne peut que réjouir Dieu, fonce dans la réalisation de ce projet ! Mais, ça, c’est Nathan qui le dit et il le dit sans avoir consulté Dieu ! Alors Dieu convoque à son tour Nathan et lui dit, tu expliqueras à David que ce projet ne me plait pas du tout … et c’est le texte que nous avons ce matin mais qui ne peut pas être compris si on ne fait pas référence à l’épisode qui manque !

On a quand même du mal à comprendre le refus de Dieu parce que le projet de David est un bon projet. Il n’était quand même pas normal que le roi soit mieux logé que Dieu et que ce soit le roi, lui-même qui propose de construire un Temple plus conforme à la grandeur de Celui qu’il doit abriter, c’est très juste, c’est très beau … alors pour quoi Dieu refuse ? Il y a deux raisons.

La 1° raison, je l’avais expliquée dans la retraite que j’ai prêchée après Noël. Dieu préférait le camping ! Quand il était sous la tente, Dieu était vraiment au milieu de son peuple et il pouvait accompagner son peuple. Il voyait bien le risque d’un Temple : on te fait une très belle maison, mais chacun chez soi ! Nous on fait ce qu’on veut chez nous et tu ne viens plus te mêler de ce qu’on fait quand on est chez nous. Chez toi, c’est Toi qui commandes, chez nous, c’est nous ! Dieu avait flairé le piège donc il n’est pas chaud pour ce Temple qui risquait de devenir une prison dorée, dorée, c’est sûr, il ne manquera pas d’or dans le Temple, mais prison quand même, Dieu est assigné à résidence, pourrait-on dire !

La 2° raison elle se lit en filigrane dans le texte que nous avons entendu. Pour résumer l’argumentation de Dieu, c’est comme si Dieu voulait dire à David, par l’intermédiaire du prophète Nathan : n’inverse pas les rôles, ce n’est pas à toi de t’occuper de moi, mais c’est à moi de m’occuper de toi ! Arrête de croire que tu sais ce qui est bon pour moi, ce qui est convenable pour nos relations. C’est un peu comme si Dieu disait à David : avant de décider quelque chose qui me concerne directement, pourquoi tu ne me demandes pas ce que j’en pense ? En effet, David avait décidé et il avait juste besoin de Nathan pour qu’il transmette sa décision à Dieu … et Nathan avait pensé que la décision était bonne uniquement parce qu’elle était généreuse ! Mais, à Nathan, comme à David, il ne leur était pas venu à l’idée qu’il serait bon de consulter Dieu pour toute décision le concernant !

Je continue cette réflexion, même si ça veut dire n’aurai pas le temps de commenter l’évangile ! Mais, cet évangile, on le connait bien et je vais en parler dans l’un de mes deux enseignements à la halte de vendredi !

Vous voyez, c’est encore souvent ce qui se passe aujourd’hui, on fait des réunions et on discute pour savoir ce qui serait bon de faire pour Dieu … et on élabore des projets et quand tout est bien élaboré et que la réunion touche à sa fin, on dit : on va prier avant de se séparer ! Et, dans la prière, on dit à Dieu : j’espère que tu es content de nous, de tout ce qu’on a préparé pour toi, ce qu’on te demande, c’est de bénir pour que ça marche bien … et on se quitte, très contents de nous ! Et Dieu, lui, il dit : mais quand est-ce qu’on va prendre le temps de me consulter pour tous les projets qui me concernent directement ? Quand est-ce qu’on va arrêter de décider sans moi de ce qui est bon pour moi ?

Tout ce que j’ai essayé de dire a été bien mieux développé dans un enseignement, devenu célèbre, de Laurent Fabre, le fondateur du Chemin Neuf qui s’intitule : des œuvres pour Dieu ou l’œuvre de Dieu ? Et Laurent explique très bien que, souvent, on déploie beaucoup d’énergie et de moyens techniques ou financiers pour des projets qui ont très peu de résultats alors que d’autres fois, avec trois fois rien d’investi, il y a une fécondité extraordinaire. D’où ça vient ? Dans le premier cas on a voulu faire des œuvres pour Dieu sans bien se préoccuper de l’interroger pour savoir si c’était vraiment ce qu’il voulait ! Dans l’autre cas, on a pris le temps du discernement et quand on a compris ce qu’il voulait, on s’est mis au travail.

Que cette première lecture nous garde vigilants : ne faisons jamais rien pour Dieu sans demander avant Dieu ce qu’il veut !

Cet article a 2 commentaires

  1. wilhelm richard

    Très juste : nous pouvons également dire : ne pas faire pour Dieu mais se laisser faire par Dieu.
    MArthe compléterait : trop d’actions et pas assez de prières.

    1. Père Roger Hébert

      Bien vu !

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