3 juin : Sur les épaules des martyrs de l’Ouganda

Ça fait longtemps que nous n’étions pas montés sur les épaules de quelqu’un pour apprendre de lui les attitudes fondamentales qui nous permettront de devenir disciples-missionnaires ! Je vous propose que nous montions sur les épaules de ces jeunes martyrs d’Ouganda. Je le fais d’autant plus volontiers que nous avons entendu dans la 1° lecture cette invitation de Paul adressée à Timothée : « je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu, ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains. » Lorsque nous étions montés sur les épaules de Timothée, j’avais évoqué ce coup de mou de Timothée, sa baisse de régime au plan spirituel et ce bel acte de correction fraternelle de la part de Paul qui le lui fait remarquer en l’invitant à prendre les moyens nécessaires pour repartir, pour raviver le don de l’Esprit-Saint qu’il lui avait transmis par l’imposition des mains.

Nous connaissons tous des coups de mou, des baisses de régime. J’avais évoqué le bienfait de la prière des frères pour traverser et même sortir de ces moments difficiles. Il y a aussi une autre aide possible, en tout cas, moi, ça m’aide beaucoup, c’est de lire des témoignages. Voilà pourquoi, je voudrais vous parler des martyrs de l’Ouganda. Monter sur leurs épaules, c’est un très bon moyen de raviver en nous le don du St-Esprit.

L’Eglise d’Ouganda était toute jeune quand ces événements terribles ont eu lieu, elle n’avait qu’une dizaine d’années. Les pères blancs étaient venus pour évangéliser le pays, mais, au changement de roi, 10 ans après leur arrivée, ils ont été chassés. Le nouveau roi ne voulait plus de ces missionnaires étrangers et il souhaitait éradiquer la religion qu’ils avaient implantée. En plus ce roi tyran avait un goût prononcé pour les jeunes garçons. Un certain nombre de ses jeunes pages avaient été baptisés depuis peu et ont donc refusé de céder au roi pour rester fidèles à leur Baptême.

Le roi les a faits torturer des jours et des jours en espérant les faire changer d’avis et aussi pour les punir d’être devenus chrétiens. Mais rien n’y a fait, ils sont restés fidèles. Alors, le roi décide de les faire brûler mais pas dans un bûcher avec des grandes flammes, juste à petit feu pour que la souffrance soit plus terrible et plus longue. Parmi ces 22 jeunes, il y a Kizito, le plus jeune, il a juste 13-14 ans, il ne porte pas de prénom chrétien car il vient d’être baptisé en hâte par Charles Lwanga, avant que les choses ne se gâtent vraiment pour eux. L’histoire de son catéchuménat est étonnante ! 

Son père adoptif avait été, très vite, attiré par le christianisme, et les membres de sa famille ont été parmi les premiers ougandais à être baptisés. Kizito, à son tour, est devenu catéchumène et un vrai, vous allez voir combien il était enthousiaste et fervent ! Il y a eu un premier martyr, Joseph Mukassa qui était me majordome du roi qui l’a fait mourir puisqu’il s’était opposé à ses désirs pédophiles. Suite à ce martyr, Kizito était de plus en plus conscient du danger qu’il courait, il demandait donc constamment aux missionnaires de le baptiser. On raconte qu’un soir, il se débrouille pour passer la nuit chez les missionnaires, et il leur explique qu’il ne partira pas tant que la date de son baptême ne sera pas fixée. Il faudra qu’un des missionnaires le prenne dans ses bras et le fasse sortir par la fenêtre du rez-de-chaussée pour se débarrasser de lui ! Les missionnaires hésitaient à le baptiser car ils le considéraient trop jeune et estimaient qu’il n’avait pas encore reçu la préparation nécessaire au baptême. Finalement, il recevra la promesse d’être baptisé d’ici un mois, mais Dieu va devancer les délais ! Avant que ce mois ne soit écoulé, il aura reçu, dans la soirée du 25 mai 1886, le baptême en urgence de la part de l’un de ses compagnons, Charles Lwanga et, quelques jours après, ça sera le martyre.

Le 26 mai 1886, dans la cour de la salle d’audiences, le roi condamne tous ces jeunes qui lui résistent à mourir sur un au bûcher. Les jeunes sont liés en deux groupes de garçons, les petits et les grands. Un témoin qui attendait une audience avec le roi raconte qu’il les a vus partir et qu’il a remarqué que le petit Kizito riait à cause de cette situation bizarre, et qu’il avait l’air heureux, comme s’il jouait avec ses camarades. Arrivés au village où avait été installé le bûcher, les jeunes martyres vont attendre une semaine. IIs étaient liés par des cordes, des anneaux de fer et des jougs d’esclave et malgré tout, ils ont passé cette semaine dans la prière et les chants. Les bourreaux étaient étonnés par le calme, la résignation et la joie de leurs prisonniers.

Le 3 juin, en marchant vers le bûcher, on comprend que le jeune Kizito était quand même pris par la peur, alors, il prend la main du plus grand, Charles Lwanga et lui dit : « Donne-moi la main, j’aurai moins peur ! » Il faut dire que pour l’encourager, lui et les autres, Charles Lwanga leur avait dit : « Si nous devons mourir pour Jésus, nous le ferons ensemble, la main dans la main. » Les jeunes ont été attachés par des lanières en fibre et enveloppés de nattes. On a ensuite mis ces fagots humains sur le bûcher. Alors que les flammes montaient, on pouvait entendre leurs voix, car ils priaient et c’était le jeune Kizito qui entrainait les autres à prier le Notre Père et s’encourageaient les uns les autres. Les derniers mots de Kizito ont été : « Au revoir mes amis, nous sommes en route. » Ce 3 juin, clin Dieu, était le jour de l’Ascension pour les chrétiens.

Kizito et Charles Lwanga ont été déclarés patron de la jeunesse ougandaise. Là encore on voit que le sang des martyrs est devenu semence de chrétiens ou, dans leur cas, que les cendres des martyrs ont fécondé cette terre où l’Evangile était à peine implanté et que de très beaux fruits ont surgi par la suite.

J’ai été attiré à en savoir plus sur Kizito grâce à une religieuse que j’ai rencontrée dans une retraite que j’ai prêchée à La Flatière. Elle s’appelle sœur Paësie et elle est devenue très célèbre en Haïti, elle était venue en France pour recevoir la Légion d’Honneur mais s’était bien gardée de me le dire, c’est par la suite seulement que j’ai découvert son envergure. Elle a donc fondé la communauté « famille de Kizito » son histoire est racontée sur son site internet, mais elle est racontée de manière soft, je pense que je peux dire ce qu’elle m’avait partagé. Elle était religieuse de Mère Térésa depuis des années en Haïti et la misère augmentant, elle s’est rendu compte que les sœurs n’étaient plus en contact avec les plus pauvres parmi les pauvres. Elle a demandé à sa supérieure l’autorisation de créer un centre dans l’un des grands bidonvilles de Port-au-Prince. Mais on le lui a refusé, le dispensaire tenu par les sœurs avait besoin de chacune des sœurs de la communauté. Comme son appel intérieur restait fort, elle a demandé de pouvoir partir pour fonder quelque chose de nouveau auprès des plus pauvres. 

Elle a reçu cette autorisation à condition de quitter la congrégation, de manière très étonnante, c’était exactement l’histoire de la mère Térésa qui se réécrivait ! Elle n’en a pas voulu à sa congrégation se disant que si le Seigneur avait béni, et de quelle manière, le choix de mère Térésa d’aller au contact des plus pauvres, il bénirait son choix. De fait, il a béni ! A l’époque où je l’ai rencontrée, elle ne pouvait pas habiter dans le bidonville à cause de l’insécurité, l’évêque ne le lui avait pas permis, mais elle y venait tous les jours et soignait, faisait l’école et le catéchisme. En quelques mois, elle a eu 1500 enfants qui sont venus ! Et très vite quelques jeunes sont venues la rejoindre devenant novice de cette nouvelle jeune congrégation mise sous le patronage de Kizito. 

Je ne sais pas vous, mais moi, de telles histoires ravivent le don de Dieu que j’ai reçu et m’interpellent très fortement. Je me dis qu’il y a plus urgent à faire dans l’Eglise que de discuter pour savoir quel homme, dans l’éternité, pourra être le mari d’une femme qui en a connu 7 sur terre !

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