La 1° lecture d’aujourd’hui pourrait servir de guide à tous ceux qui voudraient profiter de cette retraite pour se confesser, c’est vrai que les retraites sont toujours un temps favorable pour vivre le sacrement de la réconciliation, particulièrement pour les prêtres ! Si je dis que cette lecture pourrait servir de guide, c’est que, non seulement, elle comporte une liste de péchés qui pourrait nous aider à voir les nôtres, mais surtout, elle présente de manière assez exemplaire la démarche de celui qui veut recevoir la miséricorde. Je reprends cette démarche en la détaillant.
- Tout commence par une très belle confession de foi : Seigneur, Toi, tu es le Dieu grand et redoutable, qui garde alliance et fidélité à ceux qui l’aiment et qui observent ses commandements. Nous le savons, mais nous pouvons l’oublier, la confession, avant d’être confession de nos péchés est confession de l’amour de Dieu. C’est bon de commencer par un acte de foi, par une action de grâce qui nous permet de confesser l’immense amour du Seigneur qui nous accueille. Parce qu’il est clair que si nous pouvons oser faire cette démarche, nous dévoiler devant le Seigneur, c’est uniquement parce qu’il est ce Dieu riche en miséricorde. Et nous nous rappelons que c’était le titre que St Jean-Paul II avait donné à son encyclique sur la miséricorde : Dieu riche en miséricorde.
- Ensuite, il y a cet aveu général où celui qui s’approche du Seigneur se reconnait pécheur et il le redit de 3 manières différentes : nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait le mal. Evidemment, il y aura une différence dans la manière où nous, nous exprimerons cela. Ici, c’est le prophète qui parle au nom du peuple et qui, ensuite, confessera le péché du peuple, nous, quand nous allons nous confesser, c’est pour confesser nos péchés, nous disons donc « je ». J’imagine que, comme moi, vous aidez les pénitents qui s’accusent en disant « on » : on ne va pas toujours à la messe, on ne fait pas toujours ce qui est juste … Ce « on » n’a aucune place dans une confession !
- Et puis, après cette reconnaissance générale, vient l’aveu du péché car, notre péché, il est nécessaire de le formuler de manière précise. Bien sûr que Dieu le connait et même qu’il l’a déjà pardonné, mais, moi, j’ai besoin de le dire pour ne plus faire corps avec ce péché. J’ai besoin de le sortir de moi pour qu’il ne continue pas son œuvre de mort en moi, un peu comme on sort un fruit pourri d’une corbeille pour qu’il ne répande pas sa pourriture sur les autres fruits. Et les 3 péchés qui sont énoncés me semblent assez inspirants pour nous.
- Nous avons été rebelles. Voilà une belle formulation et qui sans doute doit nous faire particulièrement réfléchir, nous, les prêtres qui sommes assez jaloux de notre indépendance, qui revendiquons de pouvoir faire les choses comme nous l’entendons sans nous soucier suffisamment des orientations pastorales et surtout de soumettre nos projets au St Esprit pour que nous n’en fassions pas qu’à notre tête.
- Nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances, autrement dit, nous nous nous sommes détournés de toi. Nous avons sûrement là, la racine de tous nos péchés : quand nous nous éloignons du Seigneur, quand le temps de prière devient la variable d’ajustement de notre agenda quotidien, nous courrons le risque de voir bien des médiocrités s’installer dans nos vies. C’est vrai que nous sommes souvent surchargés mais ce n’est jamais une bonne stratégie de sacrifier l’essentiel pour se consacrer à l’urgent car le plus urgent, c’est de donner toute sa place à l’essentiel !
- Nous n’avons pas écouté les prophètes, autrement dit, nous ne t’avons pas écouté, toi, Seigneur. Nous connaissons ce passage du livre d’Isaïe qui rappelle l’attitude essentielle de celui qui veut être disciple : Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. Is 50,4-5
- Enfin, par deux fois, il y a cette mention de la honte : À toi, Seigneur, la justice ; à nous la honte au visage et un peu plus loin : Seigneur, à nous la honte au visage, parce que nous avons péché contre toi. Cette évocation de la honte manifeste bien, de la part de celui qui confesse ses péchés, la conscience de la gravité du péché qui n’est donc pas traité à la légère. En effet, le péché a toujours des conséquences qu’il convient d’enrayer au plus vite pour ne pas entrer dans un cercle vicieux qui nous entraine toujours plus bas et c’est bien le but de la confession. Ces conséquences, pour chaque péché sont à examiner en 4 directions :
- il nous éloigne du Seigneur
- il perturbe nos relations aux autres
- il manifeste un manque de respect, de maîtrise de nous-mêmes
- et nous le découvrons mieux aujourd’hui, depuis Laudato Si, il a souvent des répercussions sur la nature. Pensons à la convoitise, racine de tous les péchés, si on en croit le scénario présenté dans le livre de la Genèse, qui pousse à une surconsommation dont la planète est en train de faire les frais.
- Bien sûr le scénario n’est pas tout à fait complet, mais le reste sera plus entre les mains du confesseur puisqu’il s’agira de donner l’absolution et de proposer une pénitence.
Quant à l’Evangile, il vient comme confirmer tout ce que je viens de dire sur l’importance du sacrement de la Réconciliation : Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Evidemment, l’appel semble au-dessus de nos pauvres forces : comment pourrons-nous devenir miséricordieux comme le Père est miséricordieux ? Nous n’avons qu’à penser aux difficultés que nous pouvons rencontrer avec un confrère que nous ne pouvons pas souffrir, avec telle personne de la paroisse qui nous agace souverainement pour mesurer le chemin qui nous reste à parcourir ! Rester poli avec ces personnes peut souvent nous sembler déjà un véritable défi, mais miséricordieux comme le Père, ça nous semble inaccessible ! Et pourtant, si Jésus nous le demande, c’est qu’il y a un moyen de le vivre. Et ce moyen c’est d’accueillir régulièrement la miséricorde du Seigneur parce qu’elle aura deux effets extrêmement positifs.
- Premier effet, elle remplir mon cœur de la miséricorde. Et comme le Seigneur ne distribue pas sa miséricorde avec un compte-gouttes, mon cœur sera toujours trop petit pour la contenir et elle débordera sur les autres.
- Deuxième effet, en allant me confesser, je reprends conscience de mes pauvretés et je réalise donc que je suis largement aussi pauvre que ceux que je n’arrive pas à aimer. La reconnaissance de ma pauvreté, en me mettant du côté des pauvres, m’aidera donc à mieux accueillir, à mieux aimer les pauvres. Et, comme le Seigneur nous promet d’utiliser à notre égard la mesure que nous utilisons à l’égard des autres, cette reconnaissance de notre pauvreté et les conséquences vertueuses qu’elle aura nous rendra gagnants sur tous les tableaux !
Voilà de bien bonnes lectures que la liturgie nous a proposé pour cette entrée en retraite, merci Seigneur !