A cause de Jésus et du Royaume Semaine St Valentin – Rencontre des consacrés

Introduction : Votre place est bien ici !

         Certains pourraient être étonnés que celles et ceux qui ont renoncé à l’amour humain soient invités à se retrouver dans cette rencontre de la semaine St Valentin. Nous le savons St Valentin est le patron des amoureux, alors pourquoi inviter celles et ceux qui ont renoncé à l’amour humain ? Tout simplement parce que la seule explication que vous pouvez donner à ceux qui vous demandent pourquoi vous avez décidé de vous consacrer totalement au Seigneur, c’est précisément le titre que j’ai donné à cet enseignement : à cause de Jésus et du Royaume. En tous les cas, une personne ne peut s’épanouir et durer dans cette vocation de consacré(e) que si elle ou il a choisi cette forme de vie à cause de Jésus et du Royaume.

         Tout ce que vous faites avec un dévouement souvent admirable ne peut s’expliquer que de cette manière-là : à cause de Jésus et du Royaume. Vous connaissez sans doute cette histoire qu’on raconte à propos de la mère Teresa de Calcutta. Un jour, un journaliste qui l’accompagnait dans son service auprès des personnes les plus pauvres, les plus délaissées la voit s’occuper d’une personne défigurée par la maladie, le handicap et la saleté. La mère Teresa lavait cette personne avec grand amour, soignait ses plaies, et quand tout a été fini lui a donné patiemment à manger car elles ne pouvaient presque plus avaler. Avant de passer à une autre personne, la mère Térésa l’a serré contre son cœur, l’a embrassé affectueusement alors que cette personne était vraiment repoussante. Le journaliste lui dit : ma mère, je ne sais pas comment vous faites, moi, pour tout l’or du monde, je ne le ferai pas ! Et la mère Térésa lui répond : moi, non plus, je ne le ferai pas pour tout l’or du monde, on ne pourrait pas me payer assez cher pour que j’ai le courage de le faire. Le journaliste, très étonné, lui dit : pourtant vous l’avez fait ! Oui, répond-elle mais je l’ai fait pour l’amour de Jésus. Aucune somme d’argent ne me donnerait assez de courage et d’amour, Jésus, lui, il le peut et c’est pour cela que je l’ai fait. Oui, à cause de Jésus et du Royaume, c’est la seule manière de comprendre vos vies données.

         Tout ce que vous faites ne peut s’expliquer que de cette manière, mais ce que vous êtes également. Avant, j’allais souvent dans un carmel, hélas, j’ai moins de temps, et, mes dernières nominations m’ont emmené très loin de ce carmel.

J’aimais bien emmener des groupes de jeunes là-bas pour leur faire découvrir le silence, la prière. A chaque fois, c’était pareil, les jeunes hommes tombaient tous amoureux d’une carmélite ! C’est vrai que la communauté était assez jeune et les sœurs étaient tellement rayonnantes qu’elles paraissaient être les plus belles femmes de la terre ! Un jour, un jeune a eu l’audace de dire à l’une de ces sœurs qui était venue nous rencontrer ce qu’il pensait. J’avais prévenu cette sœur qui s’occupait de l’accueil avec qui j’étais devenu très ami qu’il y aurait une question particulière. Ce jeune lui demande donc : pourquoi, ma sœur vous qui êtes si belle et vos sœurs sont aussi très belles, pourquoi vous avez choisi de ne pas vous marier ? Et la sœur lui a répondu : merci pour ce compliment, ça nous fait vraiment plaisir que vous nous trouviez belles ! Mais ça c’est l’œuvre du Seigneur en nous, celles et ceux qui se donnent à lui deviennent rayonnants, c’est le secret de notre beauté. Et elle a rajouté : pourquoi nous ne nous sommes pas mariés ? Justement parce que nous sommes belles et qu’il n’y a pas de raison que le Seigneur soit obligé de se contenter des femmes dont aucun homme n’a voulu !

Ces carmélites, elles avaient fait inscrire au-dessus de la porte d’entrée de leur bâtiment communautaire, ce verset de la première épître de St Jean 4,16 : « Nous avons connu l’amour et nous y avons cru ! » Voilà la seule explication satisfaisante de la vie consacrée. Oui, c’est bien à cause de Jésus et du Royaume, parce que vous avez connu son amour et que vous y avez cru que vous avez accepté de tout quitter. C’est pour que quelque chose du Royaume puisse déjà être vécu sur terre et donne envie aux femmes et hommes de notre temps que vous avez tout quitté : à cause de Jésus et du Royaume.

Enfin, je termine cette introduction en précisant qu’il ne faudra jamais oublier ce que nous dit St Jean (1 Jn 4) : ce n’est pas nous qui avons aimé le Seigneur en premier, mais c’est lui qui nous a aimés, c’est lui qui nous a choisis. Si vous êtes devenus ses bien-aimés, c’est parce que c’est lui qui vous a fait la cour et que, au bout d’un moment, vous avez cédé à ses avances !

1. Apprendre à bien répondre à une question qui vous est souvent posée : qu’est-ce que vous faites ?

         Les gens ont souvent du mal à comprendre la vie consacrée parce qu’ils ont du mal à accorder de l’importance à ce qui en mérite vraiment ! Du coup, quand quelqu’un rencontre une personne consacrée, il a tendance à chercher à comprendre son engagement en fonction des habitudes du monde. Et, dans le monde, une personne, elle existe à partir de ce qu’elle fait, de son métier, de ses engagements, de ses réussites. Du coup, quand deux personnes veulent faire connaissance, souvent, la 1° question qu’elles vont se poser mutuellement, c’est : qu’est-ce que vous faites dans la vie ?

Les gens ne s’intéressent pas d’abord à la personne, à ce qu’elle est, mais à ce qu’elle fait. Donc, quand quelqu’un vous rencontre, il risque bien de vous poser la même question ; qu’est-ce que vous faites ma sœur, mon frère, mon père ? Et lorsqu’on vous remercie (mais on ne remercie jamais assez les personnes consacrées qui, par nature sont discrètes), c’est plus souvent pour ce que vous faites que pour ce que vous êtes.

         Alors, je vous invite à apprendre à bien répondre à cette question pour ne pas tomber dans le piège. Bien sûr, il ne s’agit pas de répondre avec dureté en disant : ce que je fais n’a pas d’importance, ce qui compte, c’est ce que je suis !

Non, il faut toujours rester dans la charité, mais la charité peut nous aider à déplacer le questionnement grâce à l’humour ! Et nous pourrions nous mettre à l’école d’une grande sainte africaine, Ste Joséphine Bhakita. Je vous avoue que je suis tombé amoureux de cette sainte ! Le pape Benoit XVI avait raconté cette histoire que je trouve délicieuse. Sœur Bhakita était dans un couvent en Italie, elle était devenue très âgée. L’évêque du diocèse était venu faire une visite dans son monastère et la mère supérieure l’avait conduit un peu partout et il avait pu rencontrer toutes les sœurs dans leur lieu d’activité. Pour finir, la mère supérieure le conduit vers la vieille sœur Bhakita. L’évêque ne savait pas qu’il allait parler à une future sainte. Et voyant cette vieille sœur qui ne pouvait plus faire grand-chose, il lui demande : et vous, ma sœur, qu’est-ce que vous faites dans ce couvent. Vous voyez même les évêques s’intéressent d’abord à ce que fait une consacrée ! La sœur Bhakita lui répond avec audace : « Vous voulez savoir ce que je fais ? La même chose que vous, Monseigneur ! » L’évêque, un peu étonné et agacé, lui dit : « Comment pouvez-vous dire que vous faites la même chose que moi, moi, je suis très occupé, je dirige ce grand diocèse, comment pouvez-vous dire que vous faites la même chose que moi ? » C’est alors que la sœur Bhakita lui dit : « Monseigneur, j’espère que vous faites la volonté de Dieu, eh bien, moi aussi, c’est ce que j’essaie de faire, vous voyez, Monseigneur, nous faisons la même chose ! »

Le Saint Esprit avait soufflé à la sœur Bhakita une réponse qui lui permettait de déplacer la question de l’évêque. Il était intéressé par ce qu’elle faisait concrètement, elle lui répond que le plus essentiel, c’est son identité profonde ! Vous pourriez vous inspirer de cette réponse pour aider ceux qui vous questionnent que le plus important n’est pas ce que vous faites, même si ça a de l’importance, mais le plus essentiel, c’est ce que vous êtes.

2. A cause de Jésus, c’est une invitation à répondre à l’appel du saint pape Jean-Paul II qui nous demandait de repartir du Christ.

         Vous connaissez toutes et tous, du moins, je l’espère, la très belle lettre du pape Jean-Paul II pour l’entrée dans le 3° millénaire. Si vous ne l’avez pas lue, il faut la lire ou la relire parce que nous sommes encore pour 980 ans dans le 3° millénaire, vous avez donc le temps de le faire. Dans cette lettre, le saint Pape Jean-Paul II insiste pour que toute l’Église « reparte du Christ. » C’est donc une invitation pressante à ce que tout le monde mettre le Christ au centre de sa vie.

         Et, à ce niveau-là, il me semble qu’il peut y avoir une interpellation pour les consacrés. Je me rappelle avoir lu sous la plume du père Cantalamessa, le prédicateur de la maison pontificale, qui est religieux capucin cette mise en garde. Il disait : bien sûr, au noviciat, il nous faut apprendre à connaître la vie, la pensée de nos fondateurs. Mais ce qui est le plus important, c’est de découvrir le regard que nos fondateurs posaient sur Jésus, comment ils comprenaient l’Évangile. Il s’agit donc plus de voir en quoi nos fondateurs nous aident à approfondir, à renouveler notre connaissance de Jésus et des Evangiles que de connaître tous leurs écrits par cœur. Et il le disait pour son ordre des capucins à propos de la connaissance de St François.

         Il me semble que, dans cette invitation à repartir du Christ, vous pouvez entendre cette interpellation du père Cantalamessa. Oui, étudiez les textes de vos fondateurs mais avec cette perspective précise : comment nos fondateurs nous aident-ils à approfondir, à renouveler notre connaissance de Jésus et des Evangiles. Parce qu’il ne faudrait quand même pas passer plus de temps sur les textes des fondateurs que sur l’Evangile ! Les fondateurs n’en seraient sûrement pas contents du tout !

Je vous renvoie à ce que dit Vita consecrata, l’exhortation donnée par le pape Jen-Paul II après le synode sur la vie religieuse  : 14. Le fondement évangélique de la vie consacrée est à chercher dans le rapport spécial que Jésus, au cours de son existence terrestre, établit avec certains de ses disciples, qu’il invita non seulement à accueillir le Royaume de Dieu dans leur vie, mais aussi à mettre leur existence au service de cette cause, en quittant tout et en imitant de près sa forme de vie. Si Jésus est à l’origine de votre consécration, il doit rester au centre de votre vie, c’est ainsi qu’il faut entendre cette invitation qui nous est lancée à tous, mais à vous en particulier, à repartir du Christ.

Alors, comment, allez-vous manifester dans votre vie que le Christ est vraiment au centre ? Bien sûr, c’est par les moyens que vous allez vous donner pour vivre votre vie spirituelle.

Je fais tout de suite remarquer que dans le mot vie spirituelle, il y a le mot Esprit. La vie spirituelle, elle ne se vit pas uniquement en comptant sur nos propres forces, elle se vit en comptant d’abord sur le St Esprit, c’est lui qui nous rend fidèle et fervent. En un mot, c’est celui qui nous fait avancer sur le chemin de la sainteté car la sainteté, si c’est un appel qui s’adresse à toute l’Eglise, à tous les chrétiens, c’est un appel qui s’adresse de manière plus particulière aux consacrés. Or, c’est l’Esprit-Saint qui nous rend saint, c’est même son nom, on l’a raccourci pour aller plus vite, mais Esprit-Saint, ça signifie Esprit qui rend saint !

Les moyens que nous allons prendre pour vivre cette vie spirituelle seront donc le signe que nous avons vraiment tout quitté pour Jésus et pour le Royaume. Parce que je ne peux pas dire que Jésus est au centre de ma vie, si je ne le montre pas ! Vous savez que Jésus nous met en garde : il ne suffit pas de me dire Seigneur, Seigneur, il faut me le montrer que je suis vraiment votre Seigneur ! Regardons rapidement les moyens qui vont manifester que Jésus est au centre de notre vie.

  • La vie liturgique communautaire : prière de l’Eglise et Eucharistie prolongés par l’adoration eucharistique et le chapelet. Voilà les piliers de la vie spirituelle pour la vie consacrée.
  • L’oraison qui est absolument fondamentale. Le père Amand a fait une homélie sur ce point cette semaine. L’office, on va arriver au bout même si tu n’y es pas, même si tu n’y as pas mis ton cœur. C’est la même chose pour la messe. Alors que l’oraison, c’est le cœur à cœur avec le Seigneur, si tu n’y es pas, il ne se passe rien. Sur ce point, il y a un très beau texte de Marthe Robin, la fondatrice des Foyers de charité. Elle qui avait un amour et respect de l’Eucharistie poussé à l’extrême, elle disait à quelqu’un qui lui demandait s’il était plus important de participer à la messe quotidienne que faire oraison : « Entre la communion et l’oraison, les deux sont à conseiller, mais s’il faut porter une préférence, je crois que je répondrai l’oraison. La communion fréquente est un conseil alors que l’oraison est un précepte divin : priez, priez sans cesse dit Jésus. Or, il est difficile de bien prier et de prier sans cesse si le cœur ne se remplit pas de bonnes, de saintes pensées, fruits de la méditation… Quelqu’un a dit : on trouve des chrétiens qui communient tous les jours et qui sont en état de péché mortel. Mais on ne trouve jamais une âme qui fasse oraison tous les jours et qui demeure dans le péché. » (Prier 15 jours p.47) Le temps que nous donnons à l’oraison va donc être le vrai test pour savoir si Jésus est vraiment au centre de notre vie.
  • Il y a encore la lecture, la méditation, l’approfondissement des Ecritures.
  • La rencontre avec son accompagnateur spirituel et la fréquentation du sacrement de la réconciliation
  • L’ascèse : il n’y a pas de vrai oui qui ne soit accompagné de vrais non ! Cette ascèse est un élément du combat spirituel qui est notre lot quotidien.

3. A cause du Royaume : Pour donner au monde ce signe qu’il attend : une vie autre est possible.

J’ai intitulé mon enseignement : à cause de Jésus et du Royaume, mais pour le moment, j’ai surtout développé « à cause de Jésus. » Maintenant, j’aimerais m’arrêter sur la 2° partie du titre : à cause du Royaume. Vous avez tout quitté, non seulement à cause de Jésus, mais aussi à cause du Royaume. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Nous le savons, les gens espèrent tous un monde qui soit autre, ils sont fatigués de vivre dans ce monde. C’est vrai chez vous, les gens sont fatigués de cette pauvreté dont ils n’arrivent pas à sortir vraiment, de ce climat qui rend l’avenir toujours incertain. Mais c’est aussi vrai chez nous, dans les sociétés riches où le suicide est la première cause de mortalité : ils ont tout et ils manquent de l’essentiel ! Chez nous on dit qu’il ne suffit pas d’avoir des moyens de vivre, il faut aussi des raisons de vivre. Ce monde autre que les gens espèrent, finalement, c’est le Royaume ! Ils espèrent que la justice, le respect, l’égalité, l’amour pourront régner sur terre … comme ils règnent au ciel.

Tous les grands textes de l’Église sur la vie consacrée le disent, la vie consacrée est une anticipation du Royaume sur terre. Ce qui se vit dans une communauté religieuse ou du moins, ce qui devrait se vivre dans une communauté, c’est ce qui se vivra dans le Royaume. J’y reviendrai dans le point suivant en parlant de manière plus précise des 3 conseils évangéliques de pauvreté, chasteté et obéissance et de la vie communautaire. Mais je le dis tout de suite, c’est la pratique des conseils évangéliques vécus personnellement et en communauté qui permettent cette anticipation du Royaume. Dans un texte de Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique qui s’intitule justement « repartir du Christ » voilà ce qui est dit : « Une existence transfigurée par les conseils évangéliques devient un témoignage prophétique et silencieux, et en même temps une protestation éloquente contre un monde inhumain. Elle engage à la promotion de la personne et réveille une nouvelle imagination de la charité. Nous l’avons vu chez les saints fondateurs ». N° 33

Je crois que cette mission qui vous est confiée d’anticiper la vie du Royaume, elle se traduit par une exigence. Vous devez être différents si vous vivez comme tout le monde, alors il n’y a plus de signe ! Cette différence, je crois qu’elle doit se manifester principalement de 3 manières :

  • Votre manière de vivre, j’y reviendrai abondamment dans le point suivant.
  • Votre habit. Alors évidemment, cette exigence n’est pas la même pour les religieuses et les religieux et les membres d’instituts. Mais il est au moins nécessaire de porter un signe chrétien.  

Chez nous, les religieux et religieuses ont quitté tout signe de reconnaissance, bien des prêtres aussi d’ailleurs ! Et figurez-vous que ce qui est en train de nous y faire revenir, c’est l’islam ! Il y a des quartiers entiers dans les périphéries de nos grandes villes dans lesquels, il n’y a plus ou presque plus de français d’origine. Il est parfois difficile d’entrer dans ces quartiers quand on est français, même pour la police ! Les seules qui sont vraiment respectées, ce sont les religieuses en habit. En tout cas, c’est sûr, l’habit est un signe que nous sommes différents.

  • Et la 3° manière de manifester votre différence pour anticiper le Royaume, ce sont les missions que vous accomplissez. Et j’aimerais m’arrêter un peu plus sur ce point. La vie religieuse a comme mission d’anticiper le Royaume, de permettre de vivre déjà sur cette terre quelque chose du Royaume. Eh bien, ça doit se voir dans vos missions !

Chez nous, les consacrés ont été obligés de se repositionner de manière totalement différente. Il y a 50 ans, devenir religieux, religieuse, c’était à 80% être sûr de devenir instituteur ou institutrice, professeur, éducateur de jeunes ou infirmière. Mais comme l’Etat a repris peu à peu toutes ces activités. Il a fallu que les consacrés se repositionnent autrement et ça a été une bénédiction pour eux, pour elles.

En effet, puisque l’Etat allait s’occuper du plus grand nombre, on a vu les consacrés lancer de nouvelles missions qui leur permettraient de rejoindre les oubliés, les marginalisés. Et c’est ainsi qu’on a vu des congrégations ouvrir des centres de soins pour accueillir gratuitement les plus pauvres, les plus sales, les plus désocialisés. On les a vus ouvrir des maisons pour accueillir les familles de détenus ; souvent ces familles viennent de loin et vont avoir des visites plusieurs jours de suite mais sans pouvoir se payer un hôtel. On les a vu ouvrir des maisons où des malades psychiatriques rejetés de partout (y compris des hôpitaux) peuvent être accueillis pour une après-midi, être écoutés, où on s’occupe de leurs besoins spirituels. On en a vu d’autres choisir d’aller habiter dans les quartiers les plus défavorisés désertés par les français et faire du soutien scolaire, apprendre le français aux femmes musulmanes. D’autres, particulièrement, dans les communautés nouvelles ont inventé de nouvelles formes d’apostolat pour rejoindre les prostituées ou encore ces initiatives de bistrot (cabaret) chrétiens, non pas pour encourager à boire, mais pour que ceux qui vont boire puisse être évangélisés, écoutés … Bref, la mission des consacrés, telle qu’elle se vit aujourd’hui est un très beau signe du Royaume où les petits, les exclus auront la 1° place.

Vraiment, je peux le dire, je ne connais pas assez ce qui se passe chez vous mais ce que je viens de dire peut vous interroger : est-ce que vos missions vous permettent de donner un signe au monde ? Ou formulé autrement : vos missions, vos œuvres telles qu’elles sont aujourd’hui, quel signe donne-t-elles ? Que voit-on de vous, que pense-t-on de vous à partir de ce que vous faites ? Est-ce que ce que vous faites n’est pas parfois en contradiction avec votre identité, avec ce que vous voudriez être ?

Régulièrement, on voit des religieux, des religieuses quitter leur congrégation pour en fonder une nouvelle afin d’être plus près des pauvres, afin de donner un meilleur signe du Royaume.

Ce fut le cas de la mère Teresa qui a quitté sa congrégation qui dirigeait des écoles destinées aux familles riches. Ses supérieures se donnaient bonne conscience en disant : nous formons les futurs dirigeants de demain dans nos écoles. Oui, c’était sans doute vrai, mais elles gagnaient surtout beaucoup d’argent en ne prenant que des enfants de familles riches ! C’est ainsi qu’est née la congrégation de mère Teresa, par contestation. Mais ce qui est étonnant, c’est que cette congrégation peut aussi s’installer. C’est ainsi que dans une retraite que j’ai prêchée, j’ai accueilli une sœur, en mission à Haïti, qui est en train de les quitter pour aller rejoindre les encore plus pauvres. Les sœurs de mère Teresa ne se sont pas tournées vers les riches, non, mais il y a tellement de pauvres en Haïti que les institutions risquent de continuer sur leur élan sans voir que de nouvelles formes de pauvreté sont en train d’apparaître. Régulièrement le St Esprit suscite de nouvelles fondations pour que ces plus pauvres ne soient pas oubliés. Qu’en est-il chez vous ?

A ce sujet, je voudrais vous inviter à être attentifs à un défi que j’ai bien repéré pour votre pays. Vous vivez dans un pays globalement chrétien : il y a du monde à la messe, il y a beaucoup d’enfants qui font leur première communion, il y a beaucoup de servants d’autel, vous ne manquez pas de vocations, bref, il y a une grande vitalité de l’Église. Pourtant, cette vitalité extraordinaire n’a pas empêché, à plusieurs reprises, qu’il y ait tant de massacres qui ont laissé des profondes blessures. Et, soyons clairs, c’étaient des chrétiens qui massacraient d’autres chrétiens. Pour que tout cela ne se reproduise plus jamais, il est nécessaire de réaliser une évangélisation en profondeur. Parce que lorsque les gens ont compris vraiment ce que c’est qu’être chrétien, ils ne peuvent plus se laisser aller à devenir complices de tels drames. Quand on est vraiment devenu chrétien, l’autre, tous les autres sont des frères.

Je dois vous avouer que je suis admiratif de ce que je vois ici au Foyer de Charité, de l’énergie et de l’argent qui sont dépensés pour permettre cette évangélisation en profondeur par des enseignements, des formations, des propositions spirituelles. Je sens bien que ceux qui ont participé à tout cela sont devenus différents.

Alors je vous pose très fraternellement une question : bien sûr, il ne s’agit pas que tout le monde fasse la même chose, mais comment participez-vous à cet effort d’évangélisation en profondeur ? Quels moyens humains et financiers investissez- vous pour cette évangélisation ?

>>> St Vincent de Paul, le grand apôtre de la charité a été curé quelques mois dans mon diocèse, non loin d’Ars, mais bien avant le curé d’Ars. Il a dit cette parole extraordinaire : La charité est inventive à l’infini. Oui, si vous êtes animés par la charité du Christ qui veut, qu’aucun des enfants du Père ne se perde, il vous faut devenir inventifs pour oser lancer de nouvelles œuvres qui aident à sortir du confort de certaines œuvres traditionnelles qui pourraient devenir paralysantes parce qu’elles ne vous tournent pas assez vers les pauvres. Vous savez, comme moi, que le pape François n’arrête pas de nous inviter à rejoindre, ce qu’il appelle, les périphéries existentielles. Personne ne peut échapper à ce questionnement du pape et les consacrés doivent devenir des exemples dans leur manière de répondre à cet appel. C’est ainsi que vous serez signe du Royaume, signe qu’une vie autre est possible.

4. Les conseils évangéliques vécus en communauté sont le signe de l’amour préférentiel réservé à Jésus et anticipent le Royaume

Je sais bien que vous n’avez pas toutes et tous le même statut canonique, donc vous n’avez pas forcément prononcé de manière formelle ces vœux de pauvreté, chasteté et obéissance ? Mais vous savez, même pour ceux qui ne les ont pas prononcés de manière formelle, ils restent des repères de vie très important, d’ailleurs pour nous les prêtres aussi. Cf. ce que disait Benoît XVI dans une lettre adressée aux prêtres à la veille de l’ouverture de l’année sacerdotale : « Si pour atteindre la sainteté dans la vie sacerdotale, la pratique des conseils évangéliques n’est pas imposée au prêtre en vertu de son état clérical, elle s’offre néanmoins à lui, comme à tous les disciples du Seigneur, comme la voie royale de la sanctification chrétienne. » Donc la réflexion que je vais donner maintenant s’adresse bien à tous que vous ayez prononcé des vœux ou pas, sachant que ceux qui en ont prononcé doivent se sentir encore plus concernés.

  • Le vœu de Pauvreté. Je dirai que chez vous, ce vœu est encore plus important que chez nous ! En effet, vous vivez dans un pays pauvre et il serait quand même paradoxal que ceux qui ont fait vœu de pauvreté apparaissent comme bien plus riches que tous ceux qui n’ont pas fait ce vœu ! Evidemment, je ne suis pas le mieux placé pour vous dire ce qu’il faut faire concrètement, mais je pense qu’il y a là un vrai sujet de réflexion pour les congrégations religieuses. Vivre l’anticipation du Royaume par le vœu de pauvreté, c’est donner le témoignage que la pauvreté choisie permet de donner à chacun une vraie chance dans la vie.
  • Le vœu de Chasteté. Nous vivons dans un monde où l’amour n’est plus aimé ! Vous savez, c’était le grand cri de tristesse de St François d’Assise. Nous vivons dans un monde où l’amour n’est pas aimé, où Dieu source de l’amour n’est pas aimé mais également où l’amour, ce cadeau si merveilleux qu’il nous fait n’est pas aimé. Notre monde est de plus en plus érotisé, quand on voit les affiches publicitaires chez nous, on peut être scandalisé de voir à quel point des corps presque dénudés sont livrés au regard de tous et utilisés pour faire vendre n’importe quelle sorte de produits. La pornographie a envahi internet.

J’ai regardé les chiffres, c’est très inquiétant : à chaque seconde, il y a pratiquement 30 000 personnes qui regardent du porno sur internet ! Il y a 68 millions de pages pornographiques qui sont consultables sur internet. Et tout cela génère chaque année 97 milliards de dollars !

Rajoutez à cela, les 42 millions d’avortements qui sont pratiqués chaque année dans le monde, le nombre de divorces, de femmes battues, d’enfants maltraités, abandonnés et vous comprendrez que nous pouvons tous reprendre le cri de St François : l’amour n’est pas aimé ! Du coup, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait, aujourd’hui, tant de blessés de l’amour particulièrement chez les femmes et les enfants.

Vous comprendrez que, dans ce contexte, le vœu de chasteté est vraiment un signe prophétique donné au monde. Des femmes et des hommes choisissent la chasteté pour contester cette société qui ne cesse d’engendrer de nouveaux blessés de l’amour. Des femmes et des hommes choisissent la chasteté pour que l’amour soit enfin aimé !

Il y a un enjeu encore plus grand aujourd’hui à ce que la chasteté soit vraiment vécue par celles et ceux qui s’y sont engagés. Et tous les blessés de l’amour doivent pouvoir rencontrer des oreilles attentives et très compatissantes dans les communautés. Elles doivent trouver dans ces communautés des propositions de guérison intérieure.

Vous comprenez, dans ce contexte, que les scandales d’abus sexuels de toutes sortes qui secouent l’Eglise sont vraiment douloureux. C’est parmi ceux qui devraient être des signes lumineux, que se trouvent d’authentiques monstres qui n’ont pas hésité à profiter de la confiance qu’on leur accorde naturellement pour assouvir leurs désirs tordus et entrainer dans leur chute des enfants et des jeunes qui garderont des blessures très profondes. Chez nous, les évêques ont reçu, dans leur dernière assemblée plénière, des victimes d’abus et ils ont entendu le témoignage de cette femme disant que, depuis 40 ans, elle ne peut plus prier à cause de ce qu’elle a subi. Celui qui a commis un tel acte qui a eu de telles conséquences devra en rendre compte devant le Seigneur !

  • Le vœu d’Obéissance. Ce vœu est aussi très important et il est aussi contestation de notre monde et anticipation du Royaume. Je ne connais pas assez la mentalité chez vous, mais je la connais chez moi ! Vous savez que la devise de la République française, c’est : liberté, égalité, fraternité. Liberté en premier ! Pourtant nous ne manquons pas de liberté chez nous, et nous l’utilisons n’importe comment : mariage pour tous avec parent 1 et parent 2 ! Il y a tant de lois qui deviennent inquiétantes sous prétexte que chacun est bien libre de faire ce qu’il veut ! Nous ne manquons pas de liberté mais nous manquons terriblement d’égalité et encore bien plus de fraternité ! J’aimerais réécrire la devise en la mettant dans le bon ordre : fraternité, égalité et liberté.

Eh bien, le vœu d’obéissance, il est justement là pour contester cette conception complètement faussée de la liberté. Les adolescents pensent tous qu’être libre, c’est faire ce que je veux, quand je veux, comme je veux et cela les conduit à faire n’importe quoi !

La vraie liberté consiste à poser des actes qui me permettent de répondre à ce pour quoi je suis fait. Eh bien, par le vœu d’obéissance, je remets ma liberté entre les mains du Seigneur en lui faisant confiance pour tout jusque dans les moindres détails. Et bien sûr, c’est le supérieur ou la supérieure qui exprimera cette volonté du Seigneur par ses décisions soumises, à chaque fois que c’est nécessaire, à son conseil.

L’obéissance n’est pas toujours facile, mais vous connaissez sans doute ce vieux principe de la vie monastique qui dit que tu ne te trompes jamais quand tu obéis, par contre celui qui te donne un ordre, lui, il peut se tromper. D’où la grande responsabilité de ceux qui ont reçu cette charge de diriger une communauté !

Vous savez que ce vœu d’obéissance, il a quand même une limite : personne n’est tenu d’obéir à une demande qui lui demande de faire quelque chose qui, objectivement, est mal.

  • Enfin, je termine ce point en évoquant la vie fraternelle, la vie communautaire qui est, elle aussi une contestation du monde et anticipation du Royaume. Et cette vie communautaire et fraternelle, elle est particulièrement importante dans votre pays. Les massacres qui ont marqué si douloureusement l’histoire récente de votre pays manifestent, encore plus que chez nous, l’urgence d’une vie communautaire vraiment fraternelle dans laquelle chacun, quel que soit son ethnie, son histoire est accueilli comme un frère et comme une sœur. Vos communautés donnent ce signe d’une valeur inestimable que, pour un chrétien, la fraternité est plus fondamentale que la diversité et que, là où il y a une vraie fraternité, la diversité peur être vécue comme une complémentarité enrichissante. Ce signe ne sera donné qu’à certaines conditions :
    • D’abord la qualité de vie fraternelle dans les communautés et la possibilité pour chacune et chacun d’accéder à des missions de responsabilité quelle que soit son origine.
    • Vous connaissez toutes et tous la très belle parole de Ste Thérèse de Lisieux : Dans le cœur de l’Église, ma mère, je serai l’amour ! C’est votre vocation, c’est aussi la vocation de vos communautés. Il faut   que l’on sente battre le cœur de l’Eglise dans vos communautés. Pour cela, il est nécessaire de dire non à toute médisance, toute critique, toutes ces mauvaises habitudes de dire du mal d’un frère d’une sœur  en son absence. Le pape François revient régulièrement là-dessus en insistant sur le mal que cela provoque dans une communauté. cf. l’histoire de St Philippe Néri et la poule à plumer !
    • Il est aussi nécessaire que l’amour fraternel soit vécu entre instituts et congrégations. Ce qui signifie qu’il faut renoncer à tout esprit de concurrence dans les missions ou les œuvres accomplies et dans le « recrutement vocationnel. » On peut dire cadeau que Jean-Paul II a fait un beau cadeau à l’Église avec les journées de la vie consacré. Au moins chaque année, des consacrés de différents instituts et congrégations peuvent se retrouver, avec des laïcs qui comprennent mieux ainsi la vie consacrée et aussi avec des prêtres et des évêques qui comprennent eux aussi un peu mieux la vie consacrée !

5. Avec Marie

         Enfin, le dernier point que je veux aborder avant la conclusion, c’est le cadeau que le Seigneur nous fait, en vous donnant Marie, mère des consacrés, première des consacrées. Pour ne pas trop allonger, je vais juste vous lire un extrait du N° 28 de Vita Consecrata qui le dit de très belle manière.

« La personne consacrée rencontre chez la Vierge une Mère à un titre tout à fait spécial. De fait, si la nouvelle maternité conférée à Marie au Calvaire est un don fait à tous les chrétiens, elle a une valeur singulière pour ceux qui ont consacré pleinement leur vie au Christ. « Voici ta mère » (Jn 19, 27) : les paroles de Jésus au « disciple qu’il aimait » (Jn 19, 26) ont une profondeur particulière pour la vie de la personne consacrée. Celle-ci est en effet appelée, comme Jean, à prendre avec elle la très sainte Vierge Marie (cf. Jn 19,27) : elle l’aimera et elle l’imitera avec la radicalité propre à sa vocation, et elle fera l’expérience, en retour, d’une tendresse maternelle toute spéciale. La Vierge lui communique l’amour qui lui permet d’offrir chaque jour sa vie pour le Christ, en coopérant avec Lui au salut du monde. C’est pourquoi le rapport filial avec Marie constitue la voie privilégiée de la fidélité à l’appel reçu et une aide très efficace pour progresser dans sa réponse et vivre en plénitude sa vocation. »

Vous savez que le pape François, quand il rencontre des consacrés, redit presque à chaque fois que la vie des consacrés se résument par les « 3 P » (il avait dit cela la 1° fois en visitant le sanctuaire du Padre Pio) : prière, pauvreté, patience. Eh bien nul doute que nous pouvons compter sur l’intercession de Marie pour vivre ces « 3P » pour être fidèles aux conseils évangéliques et à la vie communautaire. Vous savez que le pape François a un grand amour des consacrés et, plusieurs fois, il a fait des remontrances aux prêtres qui ne prennent pas assez au sérieux la vie consacrée, qui ne sont pas assez reconnaissants vis-à-vis des consacrés qui accomplissent pourtant un travail admirables à leurs côtés, leur disant même, une fois, que les religieuses sont souvent bien plus fidèles qu’eux !

Conclusion : Et vos familles ?

Dans une homélie de cette semaine, l’abbé Pierre, de la Pastorale des familles m’a comme lancé un appel pour que, dans mon enseignement, je puisse parler de vos familles, du détachement à vivre par rapport aux familles. Je ne sais pas bien quoi dire et en préparant, je suis tombé sur une merveilleuse histoire racontée par le pape François que je vais un peu arranger !

Et cette histoire me permettra d’évoquer une dimension de la vie des consacrés que je n’ai pas évoquée et qui est pourtant importante ! C’est ce qu’on nomme d’un mot peut-être compliqué, la dimension sponsale de la vie consacrée. Spons en latin, c’est le mariage, c’est donc la spiritualité des épousailles qui, bien sûr, est encore plus forte chez les consacrées-femmes.  

C’est vrai que vos parents peuvent parfois avoir l’impression qu’ils ne comptent plus vraiment pour vous et certains peuvent en souffrir. Eh bien, pour les consoler, vous pourrez raconter cette histoire que le pape François a raconté dans une rencontre de consacrés. On demandait un jour à une maman si elle n’était pas trop triste que sa fille ait quitté la maison pour devenir religieuse. Et la maman a répondu : mais vous savez, depuis que ma fille a épousé Jésus, je suis devenue la belle-mère de Notre Seigneur, c’est aussi une promotion pour moi ! Vous pourrez dire ça à vos mamans, elles sont devenues les belles-mères de Notre Seigneur. Je ne sais pas si Jésus est content de les avoir pour belles-mères, en tout cas, elles, elles peuvent être fières d’avoir Jésus comme gendre ! De même pour vos papas qui sont les beaux-pères de Notre Seigneur, vos frères et sœurs qui sont les beaux-frères et belles-sœurs de Notre Seigneur, vos neveux et nièces qui sont les neveux et nièces de Jésus ! En vous perdant, ils ont gagné un grand honneur !

Pour terminer, je vous propose cette prière du saint pape Jean-Paul II à Marie qui termine l’exhortation Vita consecrata : « Ô Mère, qui veux le renouveau spirituel et apostolique de tes fils et de tes filles, par une réponse d’amour et d’offrande totale au Christ, nous t’adressons notre prière avec confiance. Toi qui as fait la volonté du Père, empressée dans l’obéissance, courageuse dans la pauvreté, accueillante dans ta féconde virginité, obtiens de ton divin Fils que ceux qui ont reçu le don de le suivre dans la vie consacrée sachent lui rendre témoignage par une existence transfigurée, en avançant joyeusement, avec tous leurs autres frères et sœurs, vers la patrie céleste et la lumière sans crépuscule. »

Cette publication a un commentaire

  1. Dechelette

    J’ai particulièrement aimé ce texte. Mon grand père maternel me racontait que sa mère allait tous les jours à la messe à pied en faisant plusieurs km par tous les temps. Sa famille était nombreuse ( 10 enfants ) ; dans cette famille, on vivait chichement, mais on vivait heureux,Dans cette famille, les études étaient brillantes, mais les seuls emplois étaient dans l’armée ou la marine. L’ainé faisait exploiter une maigre propriété qui devait assurer le revenu de toute la famille. En dehors de servir l’État, les emplois salariés étaient à proscrire parce que le lien de subordination était exclu. Le luxe n’existait, les vêtements de chaque enfant étaient comptés comme les chaussures et à 7ans, on quittait la maison pour la pension dont on ne revenait que pour Noël , Pâques et les grandes vacances.
    Nous, les petits enfants , nous avons. connu cette vie, moins dure, mais sans commune mesure avec celle de maintenant. ,

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