En suivant notre méditation de la 1° lettre de St Jean, nous avons entendu cette parole que tout le monde connait par cœur : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas…celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère » Oui, nous la connaissons par cœur cette parole, mais est-ce que nous la connaissons par le cœur ? Est-ce que cette parole est vraiment dans notre cœur ? Est-ce que nous nous laissons travailler par cette parole ?
Dans la vie, il y a forcément des personnes avec qui nous avons moins d’affinité, il y a forcément des personnes avec lesquelles nous nous sentons moins à l’aise et dont nous ne recherchons pas immédiatement la compagnie. Ça, je dirai c’est humain et, pour nous rassurer, il faut vite dire que ces mots de la 1° lecture ne parlent pas d’affinité, d’amitié élective. C’est bien normal que, spontanément, nous ne puissions pas nous livrer en profondeur avec tout le monde.
Il me semble que les mots de la lettre de St Jean nous invitent à une autre attitude. St Benoit quand il parle de la vie communautaire a une parole qui est très belle parce qu’elle est extrêmement réaliste, il dit : La communauté est un lieu où la division doit être surmontée. » Et la communauté, on peut entendre ce mot au sens large, un couple, une famille, une paroisse, une association sont, à leur mesure, une communauté. Oui, j’aime beaucoup cette parole parce qu’elle est à la fois pleine de réalisme mais aussi pleine d’Evangile !
St Benoit, vous le savez, c’est ce moine qui, au 6° siècle, va écrire une règle pour tous les moines qui veulent se donner à Dieu afin de ne jamais cesser de le chercher. Et cette règle est tellement réussie, tellement juste et équilibrée que, 14 siècles après, elle sert encore de modèle à toutes les règles monastiques et pas seulement chez les bénédictins. Elle est tellement réussie que, dans l’histoire, on a vu que toutes les tentatives pour la réformer, pour l’adapter à l’air du temps, ont été des échecs. Les seuls monastères qui gardent une vitalité sont ceux qui la gardent comme un trésor ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille la répéter servilement.
St Benoit sait donc, plus que quiconque, de quoi il parle quand il parle de vie communautaire. Alors j’en reviens à ce que St Benoit disait à propos de la communauté : « La communauté est un lieu où la division doit être surmontée. » St Benoit ne dit pas qu’une communauté digne de ce nom doit être un lieu dans lequel il n’y aura jamais de division. Non, il est très réaliste !
Il sait que lorsque des personnes vivent ensemble, il y a forcément des tensions, des divisions.
St Benoit porte donc un regard très réaliste sur la vie communautaire MAIS et il faut vraiment insister sur la suite que j’introduis par ce MAIS : La communauté doit être un lieu où on cherchera toujours à surmonter la division. Le drame, c’est qu’il y a trop de communautés où on est tellement réaliste qu’on a fini par accepter les divisions en disant : c’est comme ça, dès que plusieurs personnes vivent ensemble, il y a nécessairement des tensions, il faut vivre avec ! Ce n’est pas ce que pense St Benoit. Oui, il est inévitable qu’il y ait des tensions, mais la fidélité à l’Evangile veut que nous n’en prenions jamais notre parti et que nous mettions tout en œuvre pour les surmonter.
Il me semble que tout ce que je viens de dire à propos de St Benoit est un très bon commentaire des paroles de St Jean : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas…celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère » Ainsi donc, à chaque fois qu’une pensée négative à l’égard de quelqu’un m’envahit, nous avons une arme puissante pour résister au Malin, c’est la bénédiction : Seigneur, bénis-la, bénis-le, bénis-les ! Implorer la bénédiction, a sera une belle manière de répondra à l’invitation de St Benoit à surmonter les conflits.
Gardons aussi dans notre cœur cette autre parole entendue dans l’Evangile où Jésus dit à propos de lui, en citant Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » Dans la Foi, disons-lui : Seigneur, puisque tu es venu pour les pauvres, les captifs, les aveugles, les opprimés, je crois que tu es venu pour moi ! Tu vois ce qui dans mes difficultés relationnelles me rend si pauvre, m’empêche d’être vraiment libre, tu vois mes aveuglements sur telle ou telle personne, tu te rends compte du poids que ça finit par peser dans mon cœur, alors agis, c’est AUJOURD’HUI que cette parole doit s’accomplir pour moi, c’est AUJOURD’HUI que j’ai besoin de la libération que tu es venu apporter, c’est AUJOURD’HUI que je veux accueillir ces bienfaits que tu es venu apporter.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons la grâce de rester ouverts à ce que le Seigneur veut nous apporter pour nous aider à vivre en harmonie les uns avec les autres.