13 février : jeudi 5° semaine temps ordinaire … quand la femme devient le secours de l’homme !

La 1° lecture commençait ainsi : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ! Oui, c’est bien vrai et on pourrait sans doute rajouter qu’il n’est pas bon, non plus, que la femme soit seule. Nous le verrons dans les prochains jours, Eve, parce qu’elle était seule se laissera séduire par le serpent. Quant à l’homme, on sait bien que lorsqu’il est seul, ce qu’il fait n’est pas toujours glorieux ! Ainsi donc, très vite, Dieu se rend compte qu’il n’est pas possible que l’humain reste seul et c’est pour cela qu’il va lui faire, comme le dit le texte, une aide qui lui correspondra. Attention n’allons surtout pas faire de contresens en imaginant qu’avec cette aide, Dieu veut créer une boniche pour l’homme ! Ce n’est évidemment pas le sens du texte biblique et il y a trois indices très forts qui nous le montrent.

  • 1° indice, de manière symbolique, la femme est tirée du côté d’Adam, c’est-à-dire qu’elle est comme lui, égale en dignité.
  • 2° indice, c’est le vocabulaire. La traduction liturgique a pris bien soin de citer l’hébreu : Ish et Ishsha, ça s’entend très bien qu’ils sont égaux, l’un masculin, l’autre féminin, mais égaux en dignité.
  • 3° indice, c’est le mot qui est choisi pour parler de l’aide. En hébreu, ce mot est utilisé habituellement pour désigner le secours que Dieu apporte à l’homme. Dieu aide l’homme en lui portant secours quand il part à la dérive. Eh bien, c’est ce rôle que va jouer la femme à l’égard de l’homme, grande mission qui dit la grandeur de son âme !

On peut dire que dans la culture de l’époque, c’est absolument révolutionnaire d’affirmer cette égalité fondamentale de la femme à l’égard de l’homme. Sans doute qu’aujourd’hui encore, dans un certain nombre de cultures, c’est encore nécessaire de l’affirmer. Je me rappelle avoir commenté ce texte en Afrique, au Burundi, je peux vous dire qu’à la fin de la messe, un certain nombre de femmes étaient venues me remercier ! Mais dans notre culture tout n’est encore pas gagné à ce niveau et dans l’Eglise non plus !

Venons-en à l’Evangile qui illustre parfaitement le dicton bien connu : ce que femme veut, Dieu le veut ou finit par le vouloir ! Elle est vraiment belle la ténacité de cette femme. Par contre, nous pourrions être choqués par l’attitude de Jésus qui ne se laisse pas émouvoir par la demande de cette maman qui vient lui demander un miracle pour sa fille possédée et surtout nous ne comprenons pas bien les raisons qu’il donne pour justifier ce refus. Dans le passage parallèle de Matthieu, les raisons du refus sont clairement énoncées : cette femme est une païenne, une étrangère et Jésus est venu d’abord pour les brebis perdues d’Israël. Ici, dans la version de Marc, il n’y a que la métaphore du petit chien qui exprime l’écart qu’il peut y avoir entre cette femme et ceux pour qui Jésus accomplit habituellement des miracles. C’est donc clair, pour Jésus son statut d’étrangère, de païenne, c’est-à-dire non-juive, ne lui permet pas d’obtenir un miracle. Entendant cela, on a envie de dire : mais quelle mouche a donc piqué Jésus ?

En effet, habituellement, Jésus est sensible à la souffrance des personnes qui viennent faire une démarche auprès de lui et il ne classe jamais les personnes entre méritant et ne méritant pas un miracle surtout en raison de leur origine ethnique. Soyons clairs, Jésus n’était pas raciste mais, comme le disait un Dominicain : quand on veut sauver le monde entier, il faut bien commencer par un bout ! Et Jésus a choisi de commencer par les juifs, ce peuple qu’il a épousé dans son incarnation. Ensuite, il compte sur ce peuple pour rayonner le Salut jusqu’aux extrémités de la terre car les païens, bien entendu, y ont droit ! Mais cette femme, elle, elle s’en fiche pas mal de la stratégie de Jésus, ce qui compte pour elle c’est que sa fille ne va pas bien du tout et qu’elle sait, mieux, elle croit que Jésus peut faire quelque chose pour elle. C’est pour cela qu’elle ne s’offusque pas des paroles prononcées, elle ne discute pas sur l’infériorité que lui confère son statut d’étrangère païenne, elle dit juste à Jésus en filant la même métaphore que lui, qu’elle se contentera volontiers de quelques miettes de sa puissance, tombées sous la table, car sa puissance est tellement grande que des miettes suffiront largement ! On comprend que cette attitude ait provoqué l’admiration de Jésus, c’est sa ténacité et encore bien plus sa foi que Jésus admire. Par l’intercession de Notre Dame de Laghet qu’une même ténacité, une même foi nous soit donnée.

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