29 mai : Fête de l’Ascension : la grande joie des apôtres peut devenir la nôtre !

N’avez-vous pas été surpris par ces paroles de la fin de l’Evangile qui disaient : Jésus se sépara de ses disciples en étant emporté au ciel. Les disciples se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. Oui, elle est quand même étonnante cette joie des disciples, d’autant plus que Luc prend bien soin de préciser qu’il s’agit d’une « grande joie » ; oui c’est étonnant, ils voient Jésus partir, ils savent qu’ils ne le reverront plus et ils expérimentent une grande joie. Habituellement, les séparations sur un quai de gare, à l’arrivée d’un bus ou d’un avion, qui emportera celui ou celle que vous aimez, donnent plutôt lieu à des séances de larmes qu’à des manifestations de grande joie. Ou alors si on est dans la joie de voir partir quelqu’un, c’est que sa présence nous pesait vraiment … et ce n’était pas le cas pour Jésus vis-à-vis de ses disciples.

Alors, pourquoi les disciples sont-ils dans la joie alors que qu’ils ont tant aimé Jésus, alors que c’est à lui qu’ils doivent tout ce qu’ils sont devenus ; alors qu’il s’en va pour toujours ? En méditant ce texte, je me suis dit qu’il pouvait y avoir trois raisons qui expliquent cette joie, je vais vous les partager parce que je crois que ces 3 raisons peuvent aussi alimenter notre joie, à nous, aujourd’hui.

1° raison : En s’élevant vers le ciel, c’est très clair, Jésus part vers son Père. Dans son discours d’adieu que St Jean nous rapporte, Jésus a expliqué sur tous les tons qu’il allait retourner vers son Père. Et dans ce discours d’adieu comme dans toutes ses interventions, à chaque fois que Jésus a parlé de son Père, il en a parlé avec des étoiles dans les yeux. Quand il passait une nuit à prier son Père, il en était comme transfiguré, à tel point que c’est en revenant d’une de ces nuits d’intimité avec le Père que les disciples vont lui dire : apprends-nous à prier parce qu’ils voulaient pouvoir entrer dans cette intimité transfigurante avec le Père. Alors, quand on voit partir une personne et qu’on sait que là, où elle va, elle va vivre le plus grand des bonheurs, la joie peut l’emporter sur la douleur de la séparation et c’est bien ce qui se passe au moment de l’Ascension de Jésus. Cette joie, cette grande joie, des disciples de Jésus peut devenir notre joie de disciples pour aujourd’hui quand nous pensons à notre départ de cette terre puisque, nous aussi, nous irons dans la maison du Père, là où ses bras ouverts nous attendent déjà.

2° raison pour expliquer cette grande joie : avant de partir, Jésus a fait une promesse, il a dit que ses disciples, grâce à son départ, allaient recevoir une force et quelle force puisqu’il s’agit de celle du Saint-Esprit. Or, de force, ils en avaient vraiment besoin ! Eux qui se sont montrés si peu fiables dans les derniers jours de la vie de Jésus, ces jours pourtant si décisifs, voilà que Jésus leur confie une mission d’une ampleur complètement folle, une mission qui les dépasse totalement, je vous rappelle en quels mots, Jésus a défini cette mission : vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. Vous avez entendu ? Etre témoin en Judée, c’était déjà pas mal pour ces gaillards si limités ! Mais ça ne suffit pas à Jésus, il rajoute la Samarie, ce territoire si compliqué dans lequel toute présence d’un juif est si mal vue. Et pour que la démesure soit complète, il rajoute : vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre ! On peut imaginer la tête des apôtres quand ils ont entendu ces mots, c’était fini, le temps des fanfaronnades, chacun savait ce qu’il valait. Alors cette force du Saint-Esprit que Jésus promet ne peut que rassurer les disciples. Et, comme ils connaissent Jésus, ils savent qu’en leur promettant cette force, Jésus les rendra capables d’accomplir tout ce quoi les dépasse. Voilà pourquoi, dans la confiance et l’espérance, les disciples peuvent vivre une grande joie au moment où Jésus s’en va. Cette joie des disciples de Jésus peut devenir notre joie de disciples pour aujourd’hui, particulièrement dans ces jours où s’ouvre cette neuvaine de préparation à la Pentecôte parce que la force du Saint-Esprit est pour nous aussi !

Enfin, 3° raison pour expliquer la grande joie des disciples : En les quittant, Jésus a posé un geste extraordinaire, je relis la fin de l’Evangile : Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Un ami, prêtre jésuite, a cette belle formule pour résumer cette attitude de Jésus, il dit : Jésus s’est éternisé en bénissant ! Le dernier geste que Jésus a posé, c’est celui de la bénédiction.

Vous savez comment se termine ce très beau conte de la Pastorale des santons de Provence, tous les personnages se figent, pour l’éternité, dans la dernière attitude qu’ils ont eue. Eh bien, il en va ainsi pour Jésus, sauf que lui, il n’est pas figé, mais ce dernier geste de bénédiction, c’est ce geste qui devient éternel, Jésus s’est éternisé en bénissant ! La bénédiction, c’est le cadeau le plus précieux que le Seigneur puisse donner. J’ai pu le vérifier au cours d’un de mes voyages en Afrique, au Burundi. La 1° fois que j’y suis allé, la situation était vraiment très tendue, à tel point que dès la nuit tombée, c’est-à-dire à 18h, il ne fallait que plus personne ne se trouve dans la rue. Les tirs de fusil, les grenades lancées ne laissaient aucune chance à ceux qui avaient manqué de prudence. Je prêchais une récollection pour les étudiants et on m’avait prévenu, il fallait que je finisse impérativement à 17h pour que ce millier de jeunes, venus à la récollection, puissent être rentrés chez eux avant la nuit. J’ai fini à 17h, les jeunes commençaient à partir quand l’une d’elle m’a demandé de bénir son chapelet, après avoir béni ce chapelet, je l’ai bénie ; voyant cela une file de plusieurs centaines de jeunes s’est formée pour recevoir une bénédiction. Tel Moïse dans l’Ancien Testament, j’aurais eu besoin qu’on soutienne mes bras ! Ces jeunes, dans la situation dramatique qu’ils vivaient, avaient perçu que la bénédiction du Seigneur était le cadeau le plus précieux qui pouvait leur être offert, c’est pour cela que, certains ont, sans doute, risqué leur vie pour recevoir cette bénédiction. Alors, on comprend que les disciples, recevant cette bénédiction, aient expérimenté une grande joie. Cette joie des disciples de Jésus peut devenir notre joie de disciples pour aujourd’hui. Puisque Jésus s’est éternisé en bénissant, chaque fois que nous recevons une bénédiction, c’est la puissance de cette même bénédiction que nous recevons.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, en cette fête de l’Ascension, demandons la grâce d’expérimenter la joie des apôtres, joie de la communion avec le Père, joie de vivre du Saint-Esprit, joie de nous savoir bénis éternellement.

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