1. Jésus est condamné à mort
Méditation
Condamné, étymologiquement ça signifie : damné avec. Voilà Jésus damné avec les damnés, et Pilate s’en lave les mains. Il est mis au rang des voleurs, des violeurs, des assassins, des corrompus, des mafieux, des trafiquants, des « pourris » de tous bords. Le voilà du côté des damnés de la société. Il est aussi du côté d’autres damnés : les malades en phase terminale, condamnés à mourir ; les chômeurs en fin de droits, condamnés à la misère ; les sans-logis, condamnés à dormir dans un carton ; les déplacés, les réfugiés, condamnés à vivre loin de chez eux ; les enfants maltraités, les femmes battues, condamnés à se taire ; les prostituées, condamnées à se vendre. Jésus a été arrêté en début de nuit par une escouade de gens qui refusent son esprit d’ouverture religieuse et sociale. Il est alors conduit d’instance en instance. D’abord au sanhédrin, c’est-à-dire le conseil et tribunal religieux des juifs, puis chez Hérode, le roi potiche à la solde des romains, enfin chez Pilate. Pilate représente le pouvoir de l’occupant, installé depuis que les juifs avaient fait appel à Pompée, général romain et ami de Cléopâtre, pour régler leurs problèmes internes.
Pilate comprend la faiblesse du dossier de condamnation. Les paroles de Jésus indisposent plus les chefs religieux juifs que le pouvoir romain. Cependant Pilate cède au peuple pour qu’il fasse de Jésus ce qu’il voudra. On connaît la suite… C’est une lâcheté de ceux d’en-haut qui retombe sur ceux d’en-bas. Et Jésus, le charpentier de Nazareth sera exclu des vivants.
Prière
Seigneur Jésus, tu as connu ces moments si douloureux que connaissent tous ceux que l’on condamne injustement, tous ceux qui sont montrés du doigt et dont la dignité est bafouée. C’est aussi pour eux que tu as accepté d’offrir ta vie. Que chacun de ceux qui se trouve aujourd’hui dans cette situation puisse intérieurement croiser ton regard d’amour et ainsi se sentir soutenu.
2. Jésus est chargé de sa croix
Méditation
Après avoir été moqué, flagellé et torturé par les soldats, Jésus subira le châtiment prévu dans l’empire romain pour les esclaves fugitifs, les grands bandits. Ils sont exposés sur une croix jusqu’à ce que mort s’ensuive, par asphyxie.
Jésus portera l’instrument de son supplice. Les premiers chrétiens se souviendront des paroles du prophète Isaïe: « Méprisé, homme des douleurs, il n’avait plus rien d’humain. En fait ce sont nos souffrances qu’il a portées, nos douleurs qu’il a supportées. Et nous, nous l’estimions touché, frappé par Dieu et humilié! Mais lui, il était déshonoré à cause de nos révoltes, broyé à cause de nos perversités! »
Jésus aurait pu se révolter. Réunissant ses dernières forces, il aurait pu jeter la croix à la figure de ses bourreaux! Au contraire, il prend sa croix, fait un pas, puis un autre, puis un autre… Il marche ! Car il ne veut pas se séparer de cette croix : n’est-ce pas grâce à elle qu’il va donner naissance à un peuple nouveau, à une humanité nouvelle, régénérée ? Alors, il marche, lentement, sûrement, vers le sommet du Golgotha !
Prière
Seigneur; puisque nul ne peut être ton disciple et avoir part à ton Royaume s’il ne prend sa croix et ne te suit pas, aide-nous à saisir comme toi notre croix à bras-le-corps et à marcher; jour après jour; dans l’espérance de trouver avec toi et par toi le repos et la vie.
3. Jésus tombe pour la première fois
Méditation
Les évangiles ne parlent pas, de Jésus qui tombe sur le chemin. Mais ils laissent comprendre le poids de la croix quand ils évoquent Simon de Cyrène appelé pour porter cette croix. C’est la tradition populaire qui a médité cette image de Jésus qui tombe par trois fois. Cela peut être mis en parallèle avec Pierre qui par trois fois tombe et nie ses liens avec Jésus. Mis en parallèle aussi avec toutes les fois où pour nous, suivre Jésus est devenu trop lourd…
Jésus est tombé, épuisé. Un caillou a peut-être suffi, et la lourdeur de la poutre sur son épaule a fait le reste. Du sang coule sur les pierres, sa vie est comme absorbée par le sol aride…
Jésus est tombé, comme un fruit mûr, comme une pierre au fond d’un puits.
Mais il s’est relevé, il s’est redressé, il a fait appel à toute l’énergie qui lui restait pour poursuivre son chemin, et il a avancé.
Quand on est au fond d’un puits, quand on est dans un tunnel, le premier geste que l’on fait, c’est de chercher la lumière. Et quand on l’aperçoit, on fait appel à toute son énergie pour l’atteindre. Cette lumière devient elle-même une formidable source d’énergie!
Prière
A nous aussi, Seigneur, il nous arrive de tomber. Tu connais toutes nos défaillances, sur le chemin difficile de l’Amour.
Délivre-nous, Seigneur, de la crasse du cœur, de l’envie, de l’ambition et de l’hypocrisie. Délivre-nous des rancunes et des arrière-pensées, de tout esprit de calcul et de concurrence déloyale.
Délivre-nous, Seigneur, de l’orgueil et de la vanité, des faux-fuyants et de l’indifférence,
Délivre-nous de nos étroitesses et de nos mesquineries, de nos convoitises et de nos complaisances.
Tu connais, Seigneur, notre fragilité : ne nous laisse pas tomber dans la tentation et délivre-nous du mal.
4. Jésus rencontre sa mère
Méditation
Saint Jean nous parle seulement de Marie, au pied de la croix. Mais la piété populaire a voulu que le Christ s’entretienne avec sa mère sur le chemin qui le menait au Golgotha.
Tout au long de l’histoire, quand l’homme s’est trouvé en butte à la famine, ou à la maladie, ou aux guerres, quand il ne savait plus où trouver refuge, il osait croire que Marie, la mère de Jésus entendrait sa souffrance. Elle qui avait accompagné jusqu’au bout son fils, elle devait accompagner aussi les enfants de l’Église.
N’est-ce pas à elle à que nous disons : « sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant, et à l’heure de notre mort… »
Qui de nous, un jour de larmes, un jour de deuil, un jour de malheur, n’a pas croisé un regard d’amour, reçu un sourire de joie, entendu une parole de paix ?
Dieu a mis dans le cœur des hommes et des femmes un espace de compassion, un espace d’accueil pour le malheur.
Comme Mère de Dieu et Mère des hommes, Marie possède en son cœur un immense espace de compassion, une terre d’accueil pour le malheur. Sur le chemin du Golgotha, quand elle rencontre son Fils, Marie ouvre largement les portes de son cœur à la douleur de Jésus.
Dans le malheur qui les frappe, ces deux cœurs du même sang se révèlent capables de s’aimer encore infiniment !
Prière
Seigneur, ta Mère t’avait toujours montré son amour. Mais aujourd’hui, c’est encore plus fort que jamais ! Comme toi, elle marche, comme toi, elle pleure, comme toi elle souffre. Il en sera ainsi toujours, lorsque l’on fera du mal à l’un de tes frères, à l’un de ses enfants. Ta Mère, toi et nous, nous sommes définitivement unis. A cause de cela, nous marchons ensemble dans l’espérance.
5. Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
Simon de Cyrène, c’est l’homme du coup de main à Jésus. Un jour, l’abbé Pierre, demandera un coup demain à un gars qui sortait de prison et qui voulait se suicider parce qu’il ne trouvait pas de boulot. Cet homme est devenu le premier chiffonnier d’Emmaüs et, après lui, il y en aura des milliers. Chaque jour, il y a des millions de « coups de main » qui se donnent à travers le monde. Celui de Simon n’a été que l’un d’entre eux, mais quel coup de main ! Puisque c’était un coup de main au Fils de Dieu lui-même, à l’heure où il sauvait le monde ! Mais finalement, ne peut-on pas dire que tous les coups de main offerts sont des coups de main aux fils de Dieu ?
Prière
Seigneur, tu n’a pas refusé le coup de main de Simon… parce que tu en avais besoin. Qui sait si, sans ce coup de main, tu aurais pu aller jusqu’au bout ? Simon, en affrontant la peur et les moqueries, a brisé ta solitude. Donne nous son courage, sa force, son esprit de service, afin qu’en donnant un coup de main à notre voisin de palier, de quartier, d’école, d’atelier, de bureau… nous lui montrions qu’il n’est pas seul.
6. Une femme essuie le visage de Jésus
La tradition a donné un nom à cette femme qui essuie le visage de Jésus, c’est Véronique. Ce linge, ne laissant voir que le visage du Christ, est une véritable icône de celui qui donne sa vie pour nous. Ce visage n’est pas le visage de la transfiguration, mais le visage défiguré, la figure d’un homme blessé, couronné d’épines, aux traits tuméfiés et sanglants, le portrait de quelqu’un qui a dit : « II n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
Thérèse de l’Enfant-Jésus avait rajouté à son nom: Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face. Elle contemplait si longuement le visage souffrant de Jésus qu’elle avait fini par l’imprimer dans son cœur. Ensuite, elle savait le reconnaître dans les visages des hommes et des femmes qui souffrent, en particulier dans les pécheurs.
Prière
Véronique, nous ne savons rien de toi, mais nous savons l’essentiel : tu es cette femme qui ne se contenta pas de regarder passer le Christ. Tu es cette femme qui prit un linge et le passa sur son visage par tendresse et par amour. Seigneur, il y a toujours des visages qui ruissellent de sueur et de sang. Il y a toujours des visages torturés par l’injustice et le mépris. Il y a toujours des visages défigurés par la souffrance dans les salles des hôpitaux et sur les champs de bataille. Il y a toujours des gens qui se sentent seuls et abandonnés, comme toi, Seigneur, en ta passion. Aide-nous donc, comme Véronique, à apaiser leur douleur, à essuyer les larmes de leurs yeux. C’est ainsi que naîtront pour eux, dès ici-bas, les cieux nouveaux et la terre nouvelle que tu promets.
7. Jésus tombe pour la seconde fois
Jésus, le sauveur du monde, le voici pour la deuxième fois écrasé sous le poids de la croix. Et, comme si nous étions dans la foule, nous avons envie de crier,: courage, Seigneur, car c’est toi qui nous sauves !
Mais nous ne sommes pas des spectateurs dans la foule. Nous sommes avec toi sous la croix. Ta chute est le résultat de nos chutes. Et tu sais que souvent nous tombons sur le chemin de la vie. Et même, nous entraînons nos frères dans la chute. Pardonne-nous, Seigneur, nos faiblesses de chaque jour; apprends-nous à persévérer dans la foi, l’espérance et la charité, dans la prière et dans l’humilité, pour aller jusqu’au bout du chemin.
C’est la rechute. On en parle quand il s’agit d’une maladie grave, d’une personne a nouveau arrêtée, d’une dépression à multiples visages. Souvent on gémit : « Le pauvre, il ne s’en sortira jamais ! »
Pourtant, être par terre ne veut pas dire: être vaincu. Jésus tombe pour la seconde fois, c’est vrai. Mais ce même Jésus a marché sur l’eau, a été transfiguré, a multiplié les pains et chassé les démons. Son être profond ne se réduit pas à cet homme épuisé, fragile, sans forces ni figure humaine. il y a en lui une formidable volonté de vivre, qui le fait se relever et poursuivre son chemin. Relevé de la poussière, dans trois jours, il se relèvera du tombeau.
Prière
Seigneur ; tu nous as montré qu’au milieu des pires épreuves, tu savais vivre debout. Rejoins le malade qui croit que son corps est devenu un tombeau. Aide le condamné qui croit que toute vie est devenue une prison. Aide les personnes déprimées dont la tête est devenue une chambre obscure à découvrir en elles l’étoile qui ne s’éteint jamais. Donne à chacun une force qui soit plus grande que la souffrance.
8. Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
L’évangéliste Luc est le seul à signaler, dans la foule qui suit le cortège macabre, la présence de femmes. Jésus se tourne vers elles et dit : filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, pleurez plutôt sur vous et vos enfants… car voici venir des jours où l’on dira heureuses les femmes stériles, et celles qui n’ont pas enfanté, et les seins qui n’ont pas nourri. Alors on commencera à dire aux montagnes : tombez sur nous, et aux collines, couvrez-nous. Car, si l’on fait cela du bois vert, qu’adviendra-t-il du sec ?
Ce n’est pas sur les souffrances du Christ que nous sommes invités à pleurer, mais sur nos péchés, nos ignorances et nos inattentions. Le Seigneur nous visite jour après jour, et nous le laissons passer sans le voir. Puissions-nous le reconnaître dans cet immigré que la société rejette, dans ce chômeur qui ne trouve pas de travail, dans cette vieille femme écrasée par la solitude, dans ce foyer qui se brise, dans cet homme étendu sur la chaussée…
Prière
Seigneur ; aide-nous à entendre ton message, sans quoi nos pleurs, nos lamentations sur le malheur du monde ne serviront à rien. Que nos larmes lavent d’abord notre cœur et nous connaîtrons la joie de pardonner et d’être pardonnés. Nous serons libres de cette liberté-là, et personne ne nous la ravira.
9. Jésus tombe pour la troisième fois
La troisième chute, c’est la dernière. Le calvaire est là tout près, ce n’est pas le moment de lâcher, d’abandonner le combat, le but est proche. Jésus se relève donc pour emprunter la dernière ligne droite de son chemin de croix.
Saint Maximilien Kolbe, un prêtre polonais, mort dans le camp de concentration d’Auschwitz, disait : « Il suffit de faire un peu de bien pour que l’enfer vous tombe sur le dos ! » Il a vraiment connu l’enfer des camps de prisonniers, mais quel bouquet final quand il dit : « Je veux mourir à la place de l’un de ces condamnés ! » Il meurt de faim le 14 août 1941 après avoir pris la place d’un père de famille : exemple d’un homme qui, par amour de Dieu et de ses frères, est allé jusqu’au bout. Comme Jésus.
Prière
En allant, Seigneur, de chute en chute, tu es allé d’abaissement en abaissement, jusqu’à te remettre entièrement dans les mains de ton Père. Donne-nous, Seigneur, de vivre ce même abandon.
Nous te prions, Seigneur, pour tous les hommes écrasés, méprisés, humiliés, pour ceux qui perdent en route le gout de vivre, pour ceux qui lèvent les mains vers toi, pour ceux qui n’entendent pas de réponse à leurs appels. S’ils se révoltent, Seigneur, transforme leurs cris en chants d’espérance, et, s’ils se taisent, que leur silence soit prière.
Regarde, Seigneur, ceux qui tombent, ceux qui n’ont pas la force de se relever, ceux qui restent à terre et qu’on écrase encore davantage. Enveloppe-nous tous, Seigneur, de ta tendresse.
10. Jésus est dépouillé de ses vêtements
Ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
L’évangéliste Jean précise : ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique. Elle était sans couture, tissée d’une seule pièce depuis le haut. Les soldats se dirent entre eux : ne la déchirons pas, mais tirons plutôt au sort à qui elle ira. C’est ainsi que fut accomplie l’Écriture : Ils se sont partagé mes vêtements, et ma tunique ils l’ont tirée au sort.
Les soldats n’en avait plus rien à tirer de cet homme à l’agonie ; restaient quand même ses habits ! On ne peut que penser aujourd’hui à ces corps réduits à rien par le souffle d’une bombe que les partisans d’un faux dieu méchant ont déposé dans quelque gare ou avion… mais il nous faut aussi penser à ces hommes et femmes que l’économie mondialisée dépècent jusqu’à la dernière goutte de sueur, pourvu que ça rapporte… jusqu’au bout.
Prière
Seigneur ; quand je regarde un homme, une femme, mets dans mon regard du respect et de l’admiration pour l’œuvre de ton Père, le Créateur. Ta nudité nous rappelle que l’essentiel est invisible aux yeux !
En toi, ce qui est invisible est de l’ordre du divin : c’est l’Amour dans toute sa gloire, dans toute sa puissance, que seuls peuvent voir les cœurs purs
11. Jésus est cloué sur la croix
Il était neuf heures lorsqu’on le crucifia. L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs. » Avec lui on crucifie deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.
Beaucoup de nos crucifix portent les quatre lettres I.N.R.I., initiales de « Jésus, Nazaréen, Roi des Juifs ».
Passivement, Jésus se laisse clouer les mains et les pieds. Sans un mot, sans un geste.
Réduites à l’impuissance, ces mains ne peuvent plus guérir, bénir, rompre les pains.
Ces pieds ne peuvent plus arpenter les chemins, ni marcher sur les eaux du lac, ni être baignés des larmes de la pécheresse.
Mais qui est le plus fort ? Jésus qui se laisse clouer ou les bourreaux qui frappent à coups de marteaux ?
Le plus fort, c’est le plus faible, c’est celui qui ne résiste pas à une force aveugle.
Sur le bois de la croix, Jésus transforme toute son énergie en énergie d’amour afin d’aller jusqu’à la victoire finale : tuer la mort !
Prière
Seigneur, nous te prions pour tous ceux qu’on torture, et qu’on fait souffrir, par la menace ou par le chantage, par la cruauté ou par la brutalité, par l’indigence ou par la suffisance.
Seigneur, nous te prions pour les petits enfants qu’on torture en présence de leur mère, pour les femmes qui sont violées, pour les hommes sur lesquels on s’acharne jour après jour, sans qu’ils puissent dormir, ni jamais se reprendre, et qu’on réduit à l’état de loques humaines. Fais-leur sentir la douceur de ta présence.
Seigneur, nous te prions pour tous les tortionnaires et massacreurs. Fais-leur sentir la brûlure de ton amour.
12. Jésus meurt en croix
Quand arriva l’heure de midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusque vers trois heures. Et à trois heures, Jésus cria d’une voix forte : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus, poussant alors un grand cri, expira… Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s’écria : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu. »
Depuis que l’homme existe, il y a des centaines, des milliers d’assassinats par jour.
Celui de Jésus n’en est qu’un de plus, parmi tant d’autres. Mais pourquoi, après 2000 ans, en parle-t-on encore ? Pourquoi des millions de croix se dressent-elles partout ? Pourquoi tant de gens en portent-ils à leur cou, pourquoi le signe de la croix est-il si souvent tracé ?
C’est que Jésus était vraiment le Fils de Dieu, comme l’affirme le centurion !
Il prend le chemin de la mort pour nous ouvrir les portes de la Vie en son Royaume.
Prière
C’est la dernière heure, tes dernières paroles, Seigneur. Je t’écoute et je te prie.
Au bon larron, tu promets qu’il sera le jour même avec toi en paradis : Seigneur, souviens-toi aussi de moi dans ton Royaume. Pour les bourreaux, tu sollicites du Père le pardon : Seigneur, apprends-moi à pardonner. Et voici que tu lances dans la nuit le grand cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Toi qui as connu l’épouvantable angoisse de la solitude, Seigneur, prends pitié de nous quand vient la tentation de désespérer. Tout est accompli. C’est l’Amour qui gagne.
13. Jésus descendu de la croix et remis à sa mère
Déjà le soir était venu. Joseph d’Arimathie, homme influent, membre du Conseil, qui attendait lui aussi le royaume de Dieu était allé demander à Pilate l’autorisation d’ensevelir le corps. Ayant acheté un linceul, il descendit le corps de Jésus de la croix.
Nous voici sur l’autre versant de la colline, celui du silence, du froid, de l’hiver. Les cris de la foule se sont tus, le corps de Jésus s’est refroidi, la tristesse a figé les visages de Marie, Jean, Joseph et des femmes.
Nous sommes comme dans l’œil d’un cyclone, dans son centre. Il vient de passer et a tout dévasté.
En cet instant de fausse accalmie, que reste-t-il de trente-trois années de vie ? Un cadavre mutilé et sanglant… des gibets dressés comme les arbres d’une forêt après un incendie. Marie, Jean, les femmes ont fourni un énorme effort pour accompagner le fils, l’ami jusqu’à son dernier souffle. Maintenant, les forces manquent pour l’ensevelir. Heureusement, il y a Joseph d’Arimathie.
Prière
Seigneur, souvent tu sembles absent dans nos épreuves, tu parais « faire le mort. » On te parle, mais tu ne réponds pas. Devant ton silence, certains perdent pied, d’autres tiennent bon. Fais-nous entendre dans ce silence le bruit du grain de blé qui germe et celui de la sève qui monte. Car bientôt, les bourgeons éclateront !
14. Jésus est mis au tombeau
Joseph d’Arimathie, ayant enveloppé le corps de Jésus dans un linceul, le déposa dans un sépulcre qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau. Or Marie-Madeleine et Marie, mère de José, regardaient l’endroit où on l’avait mis.
Le bruit de la pierre qui roule en fermant le tombeau, le bruit de la terre qui tombe sur le cercueil, le bruit de la flamme qui brûle les restes corporels sont autant de signaux sonores de la fin. Il n’y a plus qu’à partir, à s’éloigner de l’endroit : c’est fini ! Pourtant les femmes vont rester là un moment et revenir.
Nous aussi, nous reviendrons prier sur la tombe. Incroyable espérance, plus forte que la mort ! Inextinguible désir de vivre et de survivre ! Au fond du cœur de tout homme, depuis la création du monde, la mort ne peut avoir le dernier mot.
Prière
Seigneur, tu as voulu que ta mère, tes disciples, tes amis connaissent ce moment où la rupture est totale, irréparable, où les liens visibles sont définitivement brisés. Mais dis-nous que le feu continue à couver sous la cendre. Aide-nous à croire qu’une petite flamme continue à luire dans le cœur et les yeux de ceux qui restent. Grave en nos cœurs cette certitude qu’il reste toujours une étincelle de vie que rien ne pourra jamais éteindre.