21 février : vendredi 6° semaine du temps ordinaire : quand Dieu empêche par tous les moyens l’uniformité conduisant au totalitarisme.

Pour parvenir à ce récit de la tour de Babel, le lectionnaire nous a fait sauter tout un chapitre, le chapitre 10. C’est vrai que ce chapitre est assez rébarbatif puisqu’il nous donne la généalogie des descendants de Noé et figurez-vous que dans ces descendants, il y a un certain Eber ! Alors, c’est vrai que ce nom ne s’écrit pas tout à fait comme le mien puisqu’il manque la 1° et la dernière lettre de mon nom … mais il se prononce comme mon nom. Du coup, je peux dire qu’en lisant la Bible, j’entends que mon nom est prononcé ! Mais ne soyez pas jaloux car votre nom à vous, Dieu l’a écrit dans la paume de ses mains, c’est pas mal, non plus !

Aujourd’hui, je vais encore chercher à défendre Dieu. En effet, vous avez entendu ce que disait Dieu : « Ils sont un seul peuple, ils ont tous la même langue : s’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décideront. Allons ! descendons, et là, embrouillons leur langue : qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres. » On a l’impression que le grand malheur de Babel qui fait que les hommes ne se comprennent plus, ce malheur, Dieu l’a voulu pour se protéger ! Dieu aurait pris peur en voyant les hommes capables de tout en s’unissant. Dieu les aurait donc dispersés pour que son pouvoir à lui ne soit pas menacé. C’est comme ça que le serpent nous suggère de lire cette phrase puisque son grand projet, je le redis, c’est de nous faire douter de la bonté de Dieu. Evidemment, il n’en est rien, je vais donc me faire l’avocat de Dieu pour que nous comprenions ce qui faisait peur à Dieu et pourquoi il a imposé, par amour et non pas par crainte, cette dispersion des hommes.

La lecture commençait par ces mots : Toute la terre avait alors la même langue et les mêmes mots. En lisant cela, on a l’impression que c’était une belle unité qui régnait, mais, en fait, il n’en est rien. L’expression utilisée nous laisse déjà entendre un problème, oui c’est vrai, les gens avaient une même langue et c’est plus facile pour se comprendre, mais utiliser la même langue pour dire les mêmes mots, c’est déjà moins bien. Cela signifie que tout le monde disait la même chose. Et la suite du texte vient confirmer ce problème en parlant des briques qui vont servir à édifier cette tour, il est dit que les hommes ont fabriqué des briques et les ont cuites et que ces briques leur servaient de pierres. Où est le problème ? Eh bien, les briques, elles sont toutes pareilles puisqu’elles sont faites dans un moule alors que les pierres, elles sont toutes différentes. On commence donc à comprendre que cette unité apparente est en fait une uniformité : tout le monde dit les mêmes mots et tout le monde se sert des mêmes briques. Dans cette ville, c’est le règne de l’uniformité et c’est cela que Dieu ne veut pas et c’est pour cela que Dieu va agir. Dieu aime l’unité des différences mais pas l’uniformité des ressemblances ! Et puis, il y a une autre difficulté aux yeux de Dieu. C’est le projet de construction de cette tour. Ce projet pose un double problème à Dieu.

Le 1° problème, c’est que les hommes veulent que leur tour puisse avoir son sommet dans les cieux. C’est-à-dire qu’ils refusent la limite que Dieu leur a donné : les hommes sont sur terre et c’est lui qui est au ciel. Hier, je vous disais que les limites sont une expression de l’amour de Dieu parce que, en posant des limites, Dieu interdit une convoitise sans fin qui pourrait devenir très dangereuse. Puisque la construction de cette tour marque un refus de cette limite si essentielle entre la terre et le ciel, on comprend assez facilement que ce projet soit inspiré par le serpent. Il avait déjà suggéré à la femme que si, avec son mari, ils mangeaient le fruit défendu, ils pourraient devenir comme des dieux. Eve et Adam étaient tombés dans le piège. Eh bien, le serpent a recommencé avec sa suggestion diabolique et c’est bien le mot qui convient pour désigner cette suggestion. En suggérant aux hommes de construire une tour qui leur permettrait d’atteindre le ciel, le serpent suggère à nouveau aux hommes qu’ils peuvent devenir comme Dieu. Devenir comme Dieu, c’est un beau projet, c’est ce qu’on appelle la divinisation et c’est pour cela que Jésus est venu sur terre. Le Fils de Dieu s’est fait homme pour que les hommes deviennent Fils de Dieu. Mais la suggestion du serpent, elle tord ce beau projet pour dire aux hommes, vous pouvez devenir comme Dieu mais sans Dieu. C’est-à-dire que vous pouvez vous passer de Dieu, vous pouvez vous libérer de Dieu. Vous voyez c’est le même scénario qu’au jardin d’Eden qui est en train de se rejouer. Et c’est pour cela que Dieu intervient. Il ne veut pas qu’une 2° catastrophe semblable à la première puisse se reproduire.

Et puis, Dieu voit un 2° problème dans le projet de construction de cette tour. C’est la raison qui sous-tend ce projet : Faisons-nous un nom. C’est-à-dire que les hommes cherchent à travailler pour leur propre renommée. Faisons-nous un nom ça signifie travaillons pour nous, pour notre renommée. 

Manifestement le projet de cette grande tour est inspiré par le diabolique serpent. Ce qu’il propose aux hommes, finalement, c’est de faire ce que lui-même a fait : se rebeller contre Dieu et travailler pour sa propre renommée. Nous le savons les anges ont été créés pour chanter les louanges de Dieu et c’est leur plus grand bonheur que d’accomplir cette mission qui correspond à leur vocation, à leur identité. Mais voilà, Lucifer, l’ange de lumière s’est révolté, entrainant d’autres anges à sa suite qui ont décidé de ne plus travailler pour Dieu mais pour eux-mêmes. Faisons-nous un nom, quand les hommes s’expriment ainsi, on sent bien qu’ils ne sont plus dans une relation d’Alliance avec Dieu, mais dans une relation d’alliance avec le diable. Si Dieu intervient pour casser ce projet, c’est parce qu’il ne veut pas que les hommes aillent à leur perte. En effet quand le diable cherche à s’associer les hommes, ce n’est jamais pour faire leur bonheur. Il leur fait croire au début qu’ils seront heureux s’ils suivent ses suggestions et on a vu ce qu’il en était au jardin d’Eden. Alors, là encore, si Dieu intervient, c’est pour éviter une 2° catastrophe qui ne ferait qu’augmenter le malheur des hommes.

Avec ce que je viens de dire, nous comprenons donc les raisons profondes de l’intervention de Dieu. Je rajoute que, pour comprendre cette intervention de Dieu, il faut aussi se rappeler qu’il y avait un désir d’uniformité que j’évoquais au début, uniformité qui fait que tout le monde dit les mêmes mots et pense la même chose. C’est aussi pour cela que Dieu a voulu casser ce projet parce que l’uniformité c’est le projet qui sous-tend tous les totalitarismes dans lesquels tout le monde doit penser la même chose ! Ainsi, nous comprenons mieux que tous les totalitarismes sont inspirés par le diable ! Dieu, lui, ce qu’il aime, ce n’est pas l’uniformité, mais c’est l’harmonie des différences, l’unité dans la diversité. Je le disais hier, le signe de son alliance, c’est un arc-en-ciel dans lequel les couleurs différentes se marient harmonieusement. Dieu a créé l’homme et la femme, on ne peut pas imaginer plus grande différence physique, déjà, mais aussi psychologique et même spirituelle, mais il les a faits complémentaires pour qu’ils puissent marier harmonieusement leurs différences et, c’est de ce mariage des différences dans l’harmonie, que peut jaillir la vie.

Alors, c’est vrai que la dispersion de Babel nous a compliqué la vie. Mais, d’une certaine manière, elle la rend aussi plus belle. La communauté du Foyer, elle est belle parce qu’elle marie harmonieusement les différences, du moins elle essaie de le faire ! Et, nous le savons, celui qui nous permet d’accomplir ce miracle, c’est l’Esprit-Saint. En effet, nous le disons souvent, à la Pentecôte, il est venu restaurer ce que Babel avait détruit, il est venu détruire l’uniformité pour que la diversité harmonisée devienne la plus grande richesse de l’Eglise.

Je n’ai le temps que de dire que quelques mots sur l’Evangile en gardant uniquement cette invitation de Jésus : Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive… Renoncer à soi-même, c’est renoncer à la tyrannie de la convoitise qui ne me fait voir que mes intérêts, qui me met au centre de tout. Dans ces conditions, Renoncer à soi-même, c’est le chemin le plus court pour parvenir au Bonheur. Rappelons-nous St Augustin : Tu nous as fait pour Toi, Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. Et Jésus rajoute : Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Prendre sa croix, c’est accepter de tout vivre dans l’amour. En effet, la croix, elle est le signe de l’amour vécu jusqu’à l’extrême. Mais ce n’est pas tout Jésus dit encore : Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il me suive. Hier, nous avons eu un bel exemple d’un disciple qui ne voulait pas suivre Jésus, mais passer devant, c’est Pierre. Jésus annonce son chemin de souffrance, un chemin de souffrance sur lequel, forcément, les apôtres auront à la suivre. Et Pierre dit : ça ne t’arrivera pas ! C’est alors que Jésus le traite de Satan, d’obstacle, d’adversaire. Nous sommes donc mis devant un choix : accepter de suivre Jésus pour être son disciple ou n’en faire qu’à notre tête et devenir un obstacle pour le Christ et nous faire traiter de Satan. Esprit-Saint, donne-nous de ne jamais devenir des obstacles pour Jésus.

Laisser un commentaire