Saviez-vous que certains démons avaient un frère jumeau ? C’est le cas du fameux démon muet que Jésus expulse dans l’Evangile d’aujourd’hui.
Mais avant de vous parler de son jumeau, il faut que je commence à parler de lui ! Je dis fameux démon muet parce que nous le connaissons tous, une fois ou l’autre, nous nous sommes forcément laissé polluer par sa présence.
- Ce démon qui rend muet, nous nous en rendons complices quand nous ne prononçons pas à l’égard d’un frère ou d’une sœur une parole d’encouragement, une parole bienveillante, manifestant une marque d’attention dont le frère ou la sœur auraient peut-être bien besoin.
- Mais nous en sommes encore complices quand nous ne prononçons pas une parole mettant en œuvre la correction fraternelle en préférant penser du mal de la conduite de l’autre plutôt que de l’aider à s’amender.
- Et nous pouvons encore en être complices dans un lieu qui est son terrain de chasse favori : la confession. Nous le laissons agir en nous à chaque fois que nous n’osons pas dire, en tout cas pas dire clairement en nommant précisément notre péché, en utilisant des périphrases et je n’ose pas parler de ces tentations qui nous guettent de partir à la recherche d’un prêtre un peu sourd qu’on solliciterait en plus à l’heure de la sieste pour être sûrs de bien nous en sortir !
Voilà, c’était pour le démon muet, maintenant, parlons un peu de son frère jumeau dont l’Evangile ne parle pas parce qu’il préfère rester très discret pour mieux accomplir son œuvre de destruction. Je veux bien sûr parler du démon qui rend bavard ! Celui-là, il est particulièrement actif dans les communautés, même dans les communautés théoriquement plongées dans le silence !
- De ce démon, nous nous en rendons complices évidemment à chaque fois que nous occupons un peu trop de place sans nous soucier d’en laisser aux autres et de favoriser la prise de parole de ceux qui ont plus de difficultés.
- Mais nous nous en rendons surtout complices dans ces fameux commérages que le pape François dénonce si souvent.
– Au terme de la messe qu’il célébrait ce 2 février, journée de la vie consacrée, le pape a encore lancé cet appel aux consacrés présents : « S’il vous plait, ne parlez pas mal des autres ! Ce qui tue la vie communautaire, ce sont les commérages. Mordez-vous la langue plutôt que de vous laissez aller à dire du mal des autres ! »
– L’année dernière, il avait eu aussi une bonne sortie sur le sujet en disant : « Quand nous voyons une faute, un défaut, une chute chez ce frère ou cette sœur, habituellement la première chose que nous faisons est d’aller le raconter aux autres, en médisant. Et les médisances ferment le cœur à la communauté, empêchent l’unité. Le grand bavard c’est le diable, qui dit toujours de mauvaises choses sur les autres, car il est le menteur qui cherche à désunir, à éloigner les frères et à ne pas faire communauté. S’il vous plaît, frères et sœurs, faisons un effort pour ne pas médire. Les commérages sont un fléau pire que le COVID. » (06/09/2020)
– Allez, je donne une dernière citation, la plus terrible, il avait prononcé ces paroles dans une rencontre avec les enfants du caté d’une paroisse de Rome qu’il visitait : « Ce qui m’épouvante, ce sont les personnes méchantes, la méchanceté des gens. (…) Car une personne méchante peut faire tant de mal. Je suis épouvanté quand dans une famille, un quartier, un lieu de travail, une paroisse, et même au Vatican, il y a des commérages. (…) Vous avez entendu ou vu à la télévision ce que font les terroristes ? Ils jettent une bombe et ils s’enfuient. (…) Les commérages sont ainsi : cela revient à jeter une bombe et s’en aller. Et les commérages détruisent, mais surtout détruisent ton cœur. Parce que si ton cœur est capable de jeter une bombe, tu es un terroriste, tu fais le mal en secret et ton cœur devient corrompu. » 12/03/2017
Je ne cite pas toutes ces paroles pour nous accabler, et je ne parle pas non plus des méfaits de ces démons jumeaux qui rendent muets ou bavards pour nous désespérer. L’évangile nous aide à reprendre conscience que ce sont des démons et c’est plutôt une bonne nouvelle parce que ça veut dire que ce n’est pas forcément moi qui suis mauvais, perverti jusqu’au tréfonds de moi-même, non, quand je suis exaspérèrent bavard ou lamentablement muet, ça peut être le signe que je me suis laissé avoir. J’ai laissé l’un de ces démons jumeaux me dominer, je me suis rendu complice. Si je précise cela, ce n’est pas pour nous déresponsabiliser, loin de là, car se rendre complice d’un démon n’est jamais glorieux, mais c’est pour que nous prenions les bonnes armes pour lutter et peu à peu, avec la grâce du Seigneur devenir vainqueurs si ce n’est définitivement, au moins de pouvoir remporter plus souvent des victoires. Il nous faut donc résolument entrer dans le combat spirituel et pour mener à bien ce combat, l’Eglise nous a donné une arme imparable, c’est l’exorcisme, arme que Jésus utilisait si souvent et que nous le voyons utiliser dans cet Evangile.
Evidemment, je ne nous invite pas à aller voir un prêtre exorciste à chaque fois que nous devenons complices de l’un deux jumeaux, il y aurait vite un encombrement pire que chez les médecins spécialistes ! Non, mais j’ai appris dans ma fréquentation du Renouveau que nous pouvions tous pratiquer sur nous-mêmes, pour nous-mêmes, des prières d’auto-exorcisme et si le mot vous gêne parlez de prière d’auto-libération pour sortir vainqueurs de ce genre de situations. Quand je sens que je vais tomber dans la médisance, il suffit que je dise : esprit de médisance ou de jalousie ou de dénigrement, dans la puissance du Nom de Jésus, je prends autorité sur toi et je t’ordonne de ne plus me tourmenter. Et vous pouvez rajouter : tu as été fait pour louer le Seigneur, alors retourne à ta vocation première et laisse-moi en paix ! Evidemment, il ne s’agit pas d’une formule magique, vous pouvez la dire avec vos mots à vous. Mais il y a deux choses importantes dans cette manière de procéder :
- D’abord, c’est de montrer qu’on a identifié la manœuvre de l’un de ces démons jumeaux. Je vous signale au passage que ça marche de la même manière avec tous les autres : esprit de mensonge, de luxure, d’envie, rassurez-vous, je ne vais pas passer tout le catalogue en revue ! Quand ils sont démasqués, identifiés, les démons perdent tout pouvoir. Ils ne sont forts que tant qu’ils peuvent agir incognitos ! Les démasquer, les nommer, c’est déjà réduire leur pouvoir de nuisance. Ils n’aiment pas ça, ils préfèrent nous laisser penser que c’est nous qui sommes tordus ! Non, nous ne sommes pas tordus puisque créés à l’image de Dieu, ce sont eux qui cherchent à nous faire devenir tordus !
- Et, lorsqu’on agit ainsi, on pose un acte de foi en la puissance de la grâce reçue à notre baptême qui a fait de nous des combattants. Nous avons été marqués par le Saint-Chrême par cette formule : « Vous qui faites maintenant partie de son peuple, il vous marque de l’huile sainte pour que vous demeuriez éternellement les membres de Jésus Christ, prêtre, prophète et roi. » Nous avons donc reçu cette onction royale pour devenir capables de gouverner nos vies, et donc ne plus nous comporter comme des marionnettes laissant à l’Adversaire et à ses sbires le soin de tirer les ficelles qui détermineront nos comportements et nous plongeront dans le péché par un biais ou par un autre !
Vous allez me dire : on n’est pas sorti de l’auberge s’il faut faire ça à chaque fois qu’on aurait envie de dire du mal ! Eh bien, le temps que nous passerons à prier intérieurement de la sorte, commencera déjà par éloigner l’occasion de dire du mal et forgera peu à peu notre volonté pour ne plus nous rendre complices du mal. Et quand les prières d’auto-libération ne suffisent plus, il reste encore une arme et quelle arme, la prière des frères qui peut devenir une arme destruction massive. Tenez-vous à carreaux les jumeaux, désormais nous sommes armés !