19 mai : PENTECÔTE : Vous préférez des Fruits pourris ou des fruits bien vitaminés ?

Imaginez un seul instant que vous entriez dans un magasin de fruits et légumes, vous vous dirigez vers le coin des fruits et, là, vous voyez deux rayons. Le 1°, les fruits sont hors de prix et quand vous les regardez de plus près, vous vous rendez compte que, lorsque vous les retournez, ils sont tous pourris. Le 2° rayon comporte des fruits magnifiques, murs à point, et il est indiqué : servez-vous, c’est gratuit ! Je pense que vous iriez voir le vendeur pour lui expliquer qu’il a sûrement fait, involontairement, une inversion des étiquettes en vendant très chers les mauvais et en donnant les très bons. Imaginez votre surprise si le vendeur, au lieu de vous remercier, vous répondait qu’il ne s’est pas trompé et que c’est bien vrai les pourris sont vendus très chers et les bons sont gratuits … vous n’y comprendriez plus rien et de fait, il y aurait de quoi !

Eh bien figurez-vous qu’avec cette mise en situation, un peu loufoque, je viens de résumer la 2° lecture. Vous avez entendu les fruits de l’action de l’Esprit en nous : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Cette liste est loin d’être complète, dans d’autres lettres de Paul, il va aussi citer l’humilité (Eph 4,1-3), la vérité (Eph 5,9), la liberté (2 Co 3,17). Ça fait vraiment une belle corbeille ! Mais cette corbeille est encore incomplète, car moi, je vous avoue que j’aurais aimé qu’on rajoute encore l’humour ! Et peut-être que vous, vous aimeriez en rajouter encore d’autres. Ces fruits, ce sont les fruits du travail de l’Esprit-Saint, en nous. 

Et l’Esprit-Saint nous permet de les porter GRATUITEMENT. Un pommier, il porte naturellement des pommes, sans se forcer, sans que les pommes ne lui demandent rien ! Eh bien, si nous accueillons l’Esprit-Saint, si nous ne mettons pas des bâtons dans les roues à son action, nous les porterons, ces très beaux fruits. Nous ne les porterons pas forcément tous, toujours, mais nous en porterons un certain nombre et d’autres en porteront aussi, ils porteront des fruits différents. C’est ainsi que lorsque nous acceptons de jouer la complémentarité, lorsque nous ne nous jalousons pas, la corbeille est bien chargée et devient très attirante. Encore une fois, si nous ne mettons pas d’obstacles au travail de l’Esprit en nous, nous porterons de beaux fruits et c’est gratuit, le Saint-Esprit ne nous fera rien payer, c’est pour cela que, à notre tour, nous pouvons offrir gratuitement ces fruits à ceux qui nous entourent, ceux que nous rencontrons.

Mais dans nos vies, il n’y a pas de beaux fruits ! Il y a aussi tous ces fruits pourris dont Paul dresse la liste et elle est loin d’être exhaustive : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies. Si vous manquez d’idées pour trouver des péchés quand vous allez vous confesser, cette liste peut vous aider, mais, pour ne pas effrayer le prêtre, ne les dites surtout pas tous le même jour ! Ça, ce sont les fruits que nous portons quand nous nous fermons au travail de l’Esprit-Saint et que, au contraire, nous laissons agir le « mauvais Esprit », selon le nom que St Ignace de Loyola lui donnait. 

Dans mon exemple du début, je disais que ces fruits pourris étaient hors de prix. Et c’est bien triste que nous nous fassions avoir parce que payer cher pour des fruits pourris, c’est insensé. Avec ses fruits pourris, il nous pourrit la vie et, à notre tour, nous pourrissons la vie des autres. Et, tout cela, il nous le fait payer cher puisqu’il nous vole ce que nous avons de plus précieux, la joie, la paix, l’amour. 

A croquer à pleines dents dans ces fruits pourris, nous nous retrouvons dans la même situation qu’Adam et Eve. Le serpent avait fini par les convaincre que le fruit interdit était le plus désirable et le plus délicieux, ils devaient devenir comme Dieu en le croquant et, résultat, quand ils ont croqué, ils ont réalisé qu’ils étaient nus. Plus rien, ils n’avaient plus rien ! Voilà comment on ressort quand on passe dans son étalage de fruits attirants mais pourris, on perd tout ! On finit par perdre ceux qu’on aime qui ne nous supportent plus ; on finit par perdre la joie de notre relation à Dieu qu’on rend responsable de tous nos malheurs ; et on finit par ne plus se supporter soi-même et sombrer dans la désespérance. Ça, on peut le dire, ces fruits pourris, on les paie très cher ! Et le drame, c’est que, régulièrement, on s’en rend compte et qu’on jure de ne plus y toucher, mais, hélas, très vite on retourne s’approvisionner à son étalage.

Est-ce à dire que nous sommes condamnés à être malheureux, de plus en plus malheureux à cause de ces fruits pourris dont la fascination est tellement forte que, malgré nos expériences douloureuses, nous retournons toujours nous approvisionner à l’étalage du mauvais Esprit ?

Non, rassurez-vous, nous ne sommes pas condamnés à être de plus en plus malheureux et c’est la Bonne Nouvelle de cette fête de Pentecôte. Nous l’avons entendu, dans l’Evangile, quand Jésus parlait à ses apôtres du Saint-Esprit, quand il leur promettait de leur envoyer le Saint-Esprit, il l’appelait « le Défenseur » on dit aussi « le Paraclet ». St Irénée, le grand évêque de Lyons aux débuts de l’Eglise disait : « Dieu a donné le Paraclet à l’Église pour que là où nous avons un accusateur, nous ayons aussi un Défenseur. » Oui, le Saint-Esprit nous est donné pour nous défendre contre cet escroc qu’est le mauvais Esprit qui veut nous refiler tous ses fruits pourris en nous les faisant payer si cher qu’il nous prend tout ce que nous avons. 

Et tout ça, ce n’est pas que de la théologie, des belles paroles ! Ça veut dire très concrètement que, lorsque nous sommes tentés de croquer dans l’un des fruits pourris que sont l’inconduite, l’impureté, la débauche, l’idolâtrie, la sorcellerie, la haine, la rivalité, la jalousie, l’emportements, les intrigues ou magouilles, les divisions, le sectarisme, l’envie, la beuverie, les orgies, il suffirait que nous invoquions l’Esprit-Saint, le Défenseur pour qu’il vienne nous protéger des attaques du mauvais Esprit, pour qu’il vienne nous protéger de nos désirs désordonnés. « Dieu a donné le Paraclet à l’Église pour que là où nous avons un accusateur, nous ayons aussi un Défenseur. » Alors, peut-être que certains, en m’écoutant se disent : c’est un peu trop facile pour être vrai ! Eh bien, justement, puisque c’est facile, qu’est-ce qui vous empêche d’essayer ? Si c’était compliqué, je comprends que vous n’ayez pas envie d’essayer, mais puisque c’est facile, essayez !

Et je vous le promets, parce que c’est satisfait ou remboursé, plus vous tournerez le dos à l’étalage des fruits pourris et de son escroc de vendeur, plus votre vie sera vitaminée ! En effet, ça ne peut que vous faire du bien de croquer dans ces si beaux fruits que sont l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi, l’humilitéla véritéla liberté et l’humour. Oui, ces fruits vous feront beaucoup de bien à vous et donc vous vous mettrez à faire de plus en plus de bien autour de vous. 

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce d’ouvrir largement nos cœurs au Défenseur et de croire qu’en l’invoquant plus souvent, notre vie sera plus belle.

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