7 novembre : jeudi 31° semaine ordinaire : Le seul titre de gloire vraiment désirable !

Vous avez entendu, dans la 1° lecture, les titres de gloire que Paul énumère le concernant :  circoncis à huit jours, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu, fils d’Hébreux ; pour l’observance de la loi de Moïse, j’étais pharisien ; pour ce qui est du zèle, j’étais persécuteur de l’Église ; pour la justice que donne la Loi, j’étais devenu irréprochable. Commentant ces titres, le père Cantalamessa dit qu’il y a là tout ce qu’il faut pour ouvrir sur le champ un procès en canonisation dans le judaïsme. Pour le dire autrement, Saul était ce qui se faisait de mieux dans le judaïsme, tous ces titres sont autant de titres de gloire. Alors, ayant pris conscience de cela, on réalise un peu mieux le choc que représente la suite :   Mais tous ces avantages que j’avais, je les ai considérés, à cause du Christ, comme une perte. Oui, je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. Et on peut dire que la traduction liturgique a enlevé une partie du côté choquant en disant que Paul considérait ces avantages, ces titres comme une perte, d’autres traductions parlent de balayures.

Bien des hommes aiment étaler leurs titres de gloire sur leurs cartes de visite, mentionnant leurs titres de noblesse, quand ils en ont, leurs diplômes, leurs médailles, leurs responsabilités. Avant sa conversion, Paul devait être tenté de le faire et peut-être même qu’il cédait régulièrement à cette tentation ! Après sa conversion, ça sera définitivement fini, son seul titre de gloire, celui qui dépasse tous les autres, Paul dit que c’est la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. Connaître Jésus et être connu de lui, pouvoir l’appeler « mon Seigneur », pour Paul, c’est infiniment plus précieux que n’importe quel titre ronflant par lesquels les hommes aiment se faire appeler.

Tout cela m’a rappelé le rituel qui avait été utilisé pour les funérailles de Zita, impératrice d’Autriche. Après la cérémonie religieuse, le cercueil a été emmené dans la crypte qui accueille les dépouilles des monarques. La porte de cette crypte était fermée, le responsable du protocole avait frappé 3 coups et de l’intérieur, un moine, prêtant sa voix au Seigneur avait demandé : « Qui demande à entrer ici ?

Le responsable du protocole, prêtant sa voix à l’impératrice Zita avait répondu : je suis Zita, impératrice d’Autriche, reine apostolique de Hongrie, reine de Bohême, de Dalmatie, de Croatie, et suivaient l’énumération de 46 autres titres, je vous les épargne, vous pourrez les retrouver sur mon blog ! * La réponse avait été immédiate : Je ne la connais pas. A nouveau, le responsable avait frappé 3 coups et une même question avait retenti : Qui demande à entrer ici ? La réponse avait été un peu plus sobre : Je suis Sa Majesté l’impératrice d’Autriche et reine de Hongrie. Mais la réponse avait été la même : Je ne la connais pas. A nouveau le responsable avait frappé 3 coups à la porte de la crypte et c’est toujours la même question qui s’était fait entendre : Qui demande à entrer ici ? Ce coup-là, la réponse avait été exemplaire : Je suis Zita, une pauvre pécheresse, et j’implore la miséricorde de Dieu. La réponse ne s’était pas fait attendre : Alors, tu peux entrer ! 

Merveilleux rituel qui nous ramène à l’essentiel. Dieu n’a que faire de ces titres de gloire que les hommes s’octroient mutuellement sans d’ailleurs vérifier si ceux qui les reçoivent sont à la hauteur ou dignes de les porter ! Il me semble que c’était bien ce que voulait nous dire ce passage de la lettre aux Philippiens. Nos titres de gloire si éphémères, nos médailles plus ou moins méritées, nos diplômes qui ne disent rien de la valeur de notre cœur, bref, tout ce qui impressionne les hommes n’intéresse pas Dieu qui, justement regarde le cœur. Il me semble que c’est le message que veut nous délivrer Paul dans cet extrait de la lettre aux Philippiens. Par contre, il ne faudrait jamais que nous n’oubliions le grand titre de gloire, celui qui doit faire notre fierté : je connais et je suis connu par le Seigneur que je peux appeler « mon Seigneur. » S’il nous arrive de douter de notre valeur, si des humiliations répétées nous ont empêché de croire en nous et nous poussent sans cesse à nous dévaloriser, nous devons nous rappeler ce titre de gloire qui dit notre inestimable valeur : : je connais et je suis connu par le Seigneur que je peux appeler « mon Seigneur. »

Au cours des retraites que je prêche, il m’arrive souvent d’évoquer la chanson « en passant par la Lorraine » qui parle de cette fille chahutée par 3 capitaines minables. Pour se défendre, elle leur explique qu’elle ne doit pas être si vilaine puisque le fils du roi l’aime ! Eh bien, chacun de nous peut dire la même chose, le Fils du Roi, c’est Jésus et il m’aime ! Voilà notre véritable titre de gloire, celui qui vaut de l’or, celui qi devrait nous aider à ne jamais douter de notre valeur, celui qui nous fait oser nous écrier avec le psalmiste (Ps 139,14) : Je te bénis Seigneur pour la merveille que je suis !

N’est-ce pas d’ailleurs ce que Jésus voulait dire dans les deux petites paraboles que nous venons d’entendre. Une brebis perdue, même dans un troupeau de 100, pour le Seigneur, ce n’est pas acceptable car chacun est unique et a du prix à ses yeux. Une pièce perdue parmi 10, ce n’est pas non plus acceptable et pour les mêmes raisons. Pour nous retrouver le Seigneur est capable de tout et quand il nous a retrouvé, il faut qu’il partage sa joie, ce qui souligne encore la valeur que nous avons à ses yeux !

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de ne pas être attirés par tous ces titres pompeux qui rendent souvent si fiers pour ne garder qu’un seul titre, celui dit notre valeur inaliénable : nous sommes connus et aimés du Seigneur.

* Autres titres de l’impératrice Zita : (reine de Slavonie, de Galicie, de Lodomérie et d’Illyrie, reine de Jérusalem, archiduchesse d’Autriche, grande-duchesse de Toscane et de Cracovie, duchesse de Lorraine, de Bar, de Salzbourg, de Styrie, de Carinthie, de Carniole et de Bukovine, grande-princesse de Transylvanie, margravine de Moravie, duchesse de Haute-Silésie, de Basse-Silésie, de Modène, de Parme, de Plaisance et de Guastalla, d’Auchwitz et de Zator, de Teschen, du Frioul, de Raguse et de Zara, comtesse princière de Habsbourg et du Tyrol, de Kybourg, de Goritz et de Gradisca, princesse de Trente et de Bressanone, margravine de Haute-Lusace et de Basse-Lusace et en Istrie, comtesse de Hohenembs, de Feldkirch, Bregenz, Sonnenberg, de Trieste, de Cattaro et de la Marche…)

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