14 juillet : Si vous ne tenez à moi, vous ne tiendrez pas !

Les derniers mots de la 1° lecture sont sans doute ceux qui peuvent éclairer le sens des textes que nous venons d’entendre. C’est du moins avec ces mots que le Saint Esprit a éclairé ma méditation. « Si vous ne croyez pas, vous ne pourrez pas tenir. » De manière toute simple, on pourrait rendre cette parole encore plus percutante en disant : « si vous ne tenez à moi, vous ne tiendrez pas ! » Ces lectures vont donc nous inviter à réfléchir sur nos points d’appui. Dans ta vie, qu’est-ce qui compte ? A quoi, à qui tu tiens le plus ? Quand ça va mal à qui, à quoi tu te raccroches ? Sur qui, sur quoi tu comptes pour tenir ?

Une précision importante : à chaque fois que le Seigneur nous interroge, ce n’est jamais pour nous culpabiliser, même quand il le fait en des termes vigoureux comme ceux que nous avons entendus hier ou que nous entendons encore aujourd’hui. La culpabilisation, ce n’est vraiment pas son truc parce que culpabiliser, c’est décourager, c’est enfermer l’autre et ça, ce n’est jamais l’objectif de Jésus. S’il nous invite fermement à regarder un truc qui nous empoisonne la vie, c’est parce qu’il a tient déjà l’antidote dans ses mains, prêt à nous l’offrir ! Le regard de Jésus sur nos insuffisances n’est jamais un regard qui condamne, mais un regard qui nous espère. Reprenons le fil des lectures.

La 1° lecture évoque un moment tendu de l’histoire du Peuple de Dieu et il y en aura tellement au cours du temps ! Même si vous n’êtes pas des spécialistes de cette période de l’histoire, vous avez compris que ça chauffait ! Or, dans ce contexte si troublé où l’envahisseur est à la porte et menace de tout supprimer, ce qui est étonnant, ce sont les mots que le Seigneur met dans la bouche du prophète Isaïe pour ramener à la raison sont qui sont en train de paniquer et qui seraient donc prêts à faire n’importe quoi pour éviter la catastrophe qui se profile : « Garde ton calme, ne crains pas, ne va pas perdre cœur devant ces deux bouts de tisons fumants. » Vous comprenez pourquoi je disais que ces textes nous invitent à regarder lucidement notre manière de réagir dans les situations difficiles, à voir quels sont les points d’appui que nous recherchons. 

En écrivant ces mots, le Saint-Esprit a fait remonter à ma mémoire cet épisode de la vie de François d’Assise si magnifiquement explicité par le frère Eloi Leclerc dans le si beau livre « Sagesse d’un pauvre. » Je le rapporte de mémoire car je n’avais pas le livre sous la main, ce matin, quand j’ai préparé mon homélie. François a traversé un moment de découragement intense, il est passé par une crise spirituelle terrible qui l’a plongé dans une profonde dépression en voyant ce que devenait l’ordre que le Seigneur lui avait demandé de fonder sur les bases de la pauvreté, du dépouillement et d’une grande fraternité. Il n’arrive plus à prier, lui qui ne mangeait déjà pas grand-chose n’a plus d’appétit, il a perdu sa joie. Tout le monde est très inquiet. On lui suggère de rencontrer Claire avec qui il entretenait une amitié spirituelle qui lui faisait tant de bien habituellement. Il lui fait part de ses soucis, il lui dit qu’il ne sait plus ce qu’il faut faire pour ramener de l’ordre dans l’Ordre ! Et Claire qui elle-même a fondé un monastère sur l’insistance de François va utiliser une parabole pour lui parler. Elle lui dit : si une sœur venait me voir s’accusant d’avoir cassé un vase de grande valeur, je lui ferai une réprimande et lui donnerai une pénitence proportionnée à la valeur du vase. Mais si une sœur venait me voir paniquée en s’accusant d’avoir mis le feu au monastère et que tout est en train de brûler, le problème me dépasserait tellement que je ne lui ferai aucune réprimande et que j’inviterai cette sœur à venir se réfugier avec moi devant le Saint Sacrement ! Nous, on aurait peut-être appelé les pompiers en 1°, mais vous savez qu’à cette époque les pompiers n’avaient que de seaux d’eau pour lutter contre un incendie !

Cette parabole est parlante car elle nous interroge sur ce que nous mettons en œuvre lorsque nous réalisons que nous ne maitrisons plus rien dans notre vie. Et c’est là que les paroles d’Isaïe prennent tout leur poids : « Si vous ne croyez pas, vous ne pourrez pas tenir » ou comme je le disais : « si vous ne tenez à moi, vous ne tiendrez pas ! » 

Attention, ça ne veut pas dire que la foi va résoudre de manière complètement magique tous nos problèmes, mais la foi, le fait de s’appuyer sur le Seigneur va nous permettre de traverser les problèmes, de ne pas nous laisser submerger par les problèmes. La foi nous donnera l’énergie pour nous battre. Je connais un prêtre qui est clown également. Et, quand des personnes lui faisaient remarquer qu’en étant prêtre, il avait peut-être mieux à faire que de faire le clown, il leur répondait que faire rire c’est tellement important dans un monde triste et il le disait en citant cette parole : « le rire, c’est comme les essuie-glaces d’une voiture, ça n’empêche pas la pluie de tomber mais ça permet d’avancer ! » Eh bien j’ai détourné sa citation en l’appliquant à la foi : « la foi, tenir à Dieu, c’est comme les essuie-glaces d’une voiture, ça n’empêche pas la pluie de tomber mais ça permet d’avancer ! » Le fait d’être croyant n’est pas une garantie qu’il ne nous arrivera jamais rien de difficile dans la vie. Marthe Robin est bien là pour nous le montrer, elle qui, dès l’âge de 15-16 ans va être confronté un énorme problème de santé qui va finir par la tenir clouée sur son petit divan. Non, être croyant, devenir croyant, ce n’est pas recevoir l’assurance d’une vie sans problème. La foi, c’est comme les essuie-glaces d’une voiture, ça n’empêche pas la pluie de tomber mais ça permet d’avancer ! 

« Si vous ne tenez à moi, vous ne tiendrez pas ! » Marthe a tenu à Jésus et elle a fait plus que tenir puisque le fait que nous soyons là aujourd’hui, c’est le fruit de sa persévérance dans la foi au cœur de ses difficultés.

Mais attention, n’allons pas croire qu’en matière de foi, nous puissions vivre comme des rentiers qui ne font que puiser dans un héritage reçu sans jamais le renouveler par leur travail ! A Corazine et Bethsaïde, ces deux villes que Jésus déclare malheureuses, vous avez bien entendu, Jésus ne les maudit pas, il pleure sur elles, ce n’est pas pareil, là-bas on vivait comme des rentiers de la Foi : nous habitons des villes de la Terre promise, nous ne risquons donc rien, Dieu est avec nous parce qu’il s’est engagé avec nos pères qui sont désormais d’ailleurs des grands-pères et même arrières, arrières grands-pères !  Je ne sais plus qui a dit, mais c’est tellement vrai, qu’en matière de foi, il ne peut pas y avoir de petits-fils ou petites-filles, on ne vit pas sur la rente de foi des pères et grands-pères comme beaucoup le font, hélas, dans notre pays : je suis d’une famille croyante, mon Père ! OK mais toi ? On ne vit pas sur la rente de foi des aïeux ! Est-ce que tu vis, est-ce que tu te comportes comme fils ou fille de Dieu ?

Et si Jésus pleure sur Capharnaum, c’est encore plus triste, parce que c’est là qu’il avait choisi de demeurer au cours de son ministère public. Quand on dit que Jésus est à la maison, c’est à Capharnaum, dans la maison de Pierre, il était comme chez lui. Les gens de Capharnaum ne pourront jamais dire pour se dédouaner, pour se tranquilliser : le Sauveur habitait chez nous. Comme les gens vont dire : on habite le village d’où le pape est originaire. Mais là n’est pas la question : Est-ce que tu vis, est-ce que tu te comportes comme fils ou fille de Dieu ? Nul ne peut tirer profit d’une rente de foi accumulée par ses ancêtres ou ses compatriotes, nul ne peut vivre la foi par procuration. « Si vous ne croyez pas, vous ne pourrez pas tenir. Si vous ne tenez à moi, vous ne tiendrez pas ! » Quels sont nos points d’appui … particulièrement qd il y a le feu ou barre trop haute ?

Cet article a 2 commentaires

  1. Wilhelm Richard

    François d’Assise est un bel exemple pour rester debout ! En tenant ferme les deux bouts, nous ne tomberont que dans la paume de la main de Dieu : rassurant.
    Me vient aussi une chanson de JJ Goldman (la vie par procuration) que j’ai légèrement modifiée en ce 14 juillet :
    Dieu propose le Pain de Vie à toute la nation
    Beaucoup de ses enfants goûtent à leur première communion.
    Ces mêmes Chrétiens la vivent maintenant par procuration
    Souvent après leur confirmation.

  2. Adéline

    Très très beau !

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