Dimanche 28 février : 2° dimanche de carême. L’ascension de deux montagnes, ça vous dit ?

Je me rappelle quand j’étais enfant ou pré-ado, nous étions allés faire une sortie avec une partie de la famille à Chamonix et nous étions montés à l’aiguille du midi par le téléphérique qu’on voit si bien depuis La Flatière ! Au moment de quitter la voiture, j’avais voulu prendre une veste et ma mère m’avait convaincu que c’était inutile utilisant un argument béton : on va monter, donc on sera plus près du soleil et même du Bon Dieu donc il fera plus chaud qu’en bas ! Comme vous pouvez le constater ma mère avait une foi extraordinaire mais des connaissances météorologiques assez moyennes ! Et voilà qu’au cours de la montée, le temps a changé, comme il peut vite changer en montagne, un orage a éclaté et le téléphérique s’est arrêté. Je ne sais pas combien de temps ça a duré mais je peux vous dire que ça m’a paru long ! Arrivés en haut, nous sommes sortis de la benne sous une véritable tempête de neige et moi, j’étais donc en short et T-shirt ! Il ne faisait donc pas plus chaud en haut même si, de fait, comme le disait ma mère, nous nous étions approchés du soleil et du Bon Dieu. Elle a eu tort sur ce coup-là pourtant elle n’avait pas tort sur toute la ligne, parce que c’est quand même vrai que plus on monte, plus on s’approche du Bon Dieu et plus son amour nous chauffe ! 

On peut d’ailleurs dire que, dans la Bible, toutes les grandes rencontres avec le Seigneur, toutes les grandes révélations se font sur la montagne qui devient comme un trait d’union entre le ciel et la terre. C’est bien ce que nous disent les textes d’aujourd’hui, au moins la 1° lecture et l’Evangile, qui nous conduisent sur une montagne pour vivre, à chaque fois, une étonnante rencontre avec le Seigneur, une révélation extraordinaire du Seigneur. Je nous invite donc à monter sur ces montagnes pour que nous puissions recueillir les révélations du Seigneur que ces lectures nous offrent. Inutile de nous couvrir car ces montées seront virtuelles ou plutôt spirituelles donc aucun risque, ni panne de téléphérique en perspective, ni tempête de neige ! On monte plus près du Bon Dieu, ça va chauffer !

1/ La 1° révélation, la 1° lecture nous dit qu’elle a lieu sur le mont Moriah. Aujourd’hui ce mont est le mont du Temple à Jérusalem et le rocher sur lequel se déroule l’action pleine de suspens serait enchâssé dans la fameuse mosquée à laquelle il a donné son nom : mosquée du Dôme de la Roche avec son célèbre toit doré à l’or fin. Arrêtons là les détails car nous ne faisons pas une visite touristique de ce mont Moriah, mais une visite théologique ! Qu’est-ce que nous apprenons de Dieu sur ce mont Moriah ? Quelle est la révélation à retenir ? Oui, c’est vrai, on y apprend que Dieu ne veut pas de sacrifices humains, mais on l’apprend quand même par un chemin bien détourné ! 

Je crois qu’on y apprend surtout qu’il ne faut pas mettre la main sur les dons de Dieu. Je m’explique. Isaac était un don de Dieu. Nous savons tous qu’il est arrivé comme un miracle dans le couple de Sarah et Abraham. Ça les avait d’ailleurs bien fait rire d’apprendre que Dieu voulait leur donner un enfant à leur âge ! L’enfant est venu et pour ne jamais oublié qu’ils avaient douté de la puissance de Dieu, ils l’ont appelé Isaac qui se traduit par l’enfant du rire ! Seulement voilà ce don de Dieu a été un cadeau unique et ça a dû finir par angoisser Abraham. Et si Isaac tombait malade ? Et s’il lui arrivait quelque chose de grave en jouant ? Comment la promesse d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel pourrait-elle s’accomplir ? Avec cette peur, on peut facilement imaginer qu’Abraham est devenu une vraie mère poule pour Isaac, mais il le couvait tellement qu’il risquait de l’étouffer. Il est d’ailleurs devenu tellement mère-poule, tellement envahissant que dans l’épisode que nous avons lu, il n’est pas du tout question de Sarah, la mère. Ma manière de comprendre ce texte doit beaucoup à ce que j’ai pu lire sous la plume de certains psys.

L’attitude d’Abraham peut facilement s’expliquer d’un point de vue humain. Mais elle aboutit au fait qu’Abraham ne faisait plus confiance à Dieu pour l’accomplissement de la promesse. Enfin quand même si Dieu avait été capable de donner un enfant à ces vieux de 80 ans, il allait bien être capable d’assurer la suite et de veiller à l’accomplissement de la promesse dont Isaac n’était que le premier maillon. Alors Dieu décide d’aider Abraham à revenir sur le chemin de la Foi. Il veut le libérer de ses angoisses permanentes liées à l’avenir d’Isaac et il veut aussi libérer Isaac de ce lien paternel qui devenait étouffant.

Qu’est-ce que Dieu a demandé à Abraham ? Nous ne le savons pas bien, nous savons juste ce qu’Abraham a compris : il fallait qu’il accepte d’offrir son fils en sacrifice. Alors, dans un acte de pure foi, il part sur le mont Moriah. Mais Dieu va arrêter son bras pour qu’Abraham ne commette pas l’irréparable. Il va ainsi comprendre que ce couteau ne devait pas trancher la gorge de son fils mais ce lien étouffant qu’il avait installé entre lui et son fils, un lien qui empêchait son fils de vivre et un lien qui ne lui permettait pas de vivre dans la foi en faisant confiance à Dieu pour l’accomplissement de sa promesse. 

Je nous laisse nous interroger les uns et les autres sur tous les cadeaux que nous avons reçus de Dieu, Isaac était un cadeau. Quand nous aurons fait une petite ou une grande liste, interrogeons-nous : n’avons-nous pas mis la main sur l’un ou l’autre de ces cadeaux ? Ne couvons-nous pas trop certains de ces dons en les gardant trop pour nous alors qu’ils nous ont été donnés pour le service des frères ? Ne nous arrive-t-il pas de nous considérer comme propriétaires de ces dons et de les gérer un peu trop comme bon nous semble ? N’avons-nous pas, nous aussi, des liens à couper, des détachements à opérer, des prises de distance à accepter pour laisser Dieu être Dieu en nous ?

2/ Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour faire la 2° ascension de l’homélie, celle qui va nous conduire au sommet du mont Thabor. Mais cette ascension nous est sans doute plus familière, vous aurez donc moins besoin d’être guidé ! En montant au Thabor, quelle rencontre allons-nous faire, quelle révélation particulière va nous être donnée ? 

Ce qui nous attend au sommet du Thabor, c’est un événement absolument exceptionnel : nous allons entendre Dieu nous parler. Vous vous rendez compte, le Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible, nous allons l’entendre parler. C’est suffisamment rare pour ne pas passer à côté de cet événement ! Dans les Evangiles, il n’avait parlé qu’au Baptême de Jésus, mais les apôtres n’étaient sûrement pas là sauf peut-être Jean qui devait être dans l’entourage du Baptiste. Alors que dit-il Dieu ? Eh bien, il ne prend pas la parole pour expliquer à Pierre, Jacques et Jean comment comprendre plus facilement l’union hypostatique ! Quand il prend la Parole, c’est pour réaffirmer, comme au Baptême, l’identité de Jésus qui est son Fils bien-aimé, mais, là, il va ajouter une Parole qui doit devenir la feuille de route des apôtres, ceux qui étaient au Thabor et tous ceux qui, à leur suite, feront spirituellement cette ascension : « Ecoutez-le ! » Qu’est-ce qu’un disciple, un vrai disciple, c’est celui qui écoute. Rappelons-nous ce très beau passage d’Isaïe : « Chaque matin, le Seigneur me réveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. » Le disciple, le véritable disciple, c’est celui qui écoute, ça ne veut pas dire qu’il ne fait rien, mais il n’en fait pas qu’à sa tête, il ne fait pas que ce que sa tête ou même son cœur lui dicte ! Quand Dieu parle de manière explicite, il n’a qu’une demande à faire, c’est que nous écoutions son Fils Jésus qui est sa Parole incarnée. 

Dans les Foyers, nous aimons prier Marie qui, sur ce point, à beaucoup à nous enseigner, elle qui gardait TOUTES les paroles, TOUS les événements et les méditait dans son cœur.

Au terme de cette double ascension, voilà notre programme de carême fixé pour la semaine ! Repérer les dons du Seigneur et voir sur quels dons nous avons mis la main empêchant Dieu d’être Dieu en nous et de déployer sa puissance par nous. Ecouter le Seigneur, nous laisser réveiller chaque matin par sa Parole et la garder pour que nos actions, nos paroles, nos regards, nos rencontres, nos services en soient complètement imbibés.

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    Après les poulets de Bresse du 27 février, voici maintenant la mère-poule d’Abraham en ce dimanche. Avez-vous un faible pour les gallinacés ? ça ne vole pas bien haut tout cela …..
    Vos déclarations sont-elles des avertissements, un peu à l’image des poulets pouvant sévir avec leurs contraventions afin que nous ne fassions pas fausse route ?
    En même temps, vos volatiles nous font penser à la montée vers Pâques, avec des œufs comme récompense !!!

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