6 janvier : samedi temps de Noël : l’eau, le sang, l’Esprit … pourquoi une telle insistance ?

Avec ce passage de la 1° lettre de St Jean que nous avons entendu, nous quittons les consignes de vie particulièrement en ce qui concerne la vie communautaire qui nous ont été distillées tout au long des jours précédents et nous prenons carrément de la hauteur. Pour s’en convaincre, il suffit de réécouter ces paroles : « C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité. En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un. » Je ne sais pas si en entendant ces paroles vous comprenez immédiatement ce qu’elles veulent dire, pour moi, elles sont restées ténébreuses assez longtemps et c’est d’ailleurs le commentaire d’un pasteur protestant qui m’a aidé à mieux comprendre.

D’abord, il faut remarquer que « l’eau, le sang, l’Esprit » ces trois éléments liés sont une caractéristique propre à St Jean et il lui tient particulièrement à cœur de les lier et de les citer. Dans les Evangiles, Jean est le seul à mentionner le coup de lance et surtout à insister aussi fortement sur ses conséquences : « Un des soldats lui transperça le côté avec une lance ; aussitôt il sortit du sang et de l’eau. Celui qui l’a vu en a témoigné, et son témoignage est vrai ; lui, il sait qu’il dit vrai, pour que vous aussi vous croyiez. » Là, il n’y a que l’eau et le sang, mais juste avant, il y avait eu la mention de l’Esprit quand St Jean notait que, mourant, Jésus rendait l’Esprit. Sur la croix, il y a donc bien l’eau, le sang et l’Esprit et Jean précise : « Celui qui l’a vu en a témoigné, et son témoignage est vrai ; lui, il sait qu’il dit vrai, pour que vous aussi vous croyiez. » On sent bien que dans ce témoignage que nous livre St Jean, il y a quelque chose d’absolument essentiel pour notre foi : « celui qui a vu dit vrai, pour que vous aussi vous croyiez. » Et comme il va ré-insister dans ce passage de la 1° lettre que nous avons entendue, il est bon que nous nous arrêtions quelques instants sur ces 3 éléments essentiels à notre foi.

Pour St Jean, devenir croyant, vivre dans la foi, ça exige une nouvelle naissance. Nous nous rappelons tous la rencontre de Jésus avec Nicodème dans laquelle Jésus explique à cet homme qui sait tant de choses qu’il lui faut renaître pour entrer dans la vie nouvelle qu’il est venu apporter : « Amen, amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. » Le pauvre Nicodème n’y comprend plus rien et vous savez ce qu’il répond à Jésus : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ? » Devenir chrétien, vivre en croyant, ce n’est pas seulement réaménager sa vie en essayant de faire en sorte qu’elle soit « plus propre » ! Non, devenir chrétien, c’est entrer dans une vie nouvelle, il faut renaître, c’est-à-dire quitter la vieille vie. C’est ce qui était symbolisé dans la manière de célébrer les baptêmes dans l’Eglise primitive. Le catéchumène descendait dans la piscine baptismale en laissant ses vieux habits et, quand il remontait, après avoir reçu le baptême, il recevait le vêtement blanc, signe de cette vie nouvelle. C’est le baptême qui fait entrer dans cette vie nouvelle, plus précisément, c’est l’eau du Baptême.

Alors, on pourrait se demander pourquoi l’eau est signe de cette vie nouvelle. D’abord parce que l’eau qui évoque si bien la vie (merci pour la pluie d’hier !) évoque aussi la mort, on peut se noyer dans l’eau. C’est bien ce symbolisme qu’utilisait Jean-Baptiste : les gens venaient à lui pour que leur vie de péché soit noyée … Jean-Baptiste ne pouvait pas faire plus que noyer la vie de péché, mais Jésus, lui, il pourra faire bien plus. Et c’est justement l’eau qui s’écoule de son côté ouvert sur la croix qui nous montre ce qu’il a fait de plus. Il va faire naître à la vie nouvelle puisque l’eau jaillit de son côté ouvert. C’est là que le commentaire du pasteur avait été lumineux pour moi.

En effet, quand l’eau s’écoule du côté ouvert de Jésus, avec audace ce pasteur disait que Jésus perdait les eaux comme une femme, juste avant d’accoucher, perd les eaux. Cette eau qui s’écoule du côté ouvert de Jésus, elle est donc promesse d’un enfantement à une vie nouvelle. On comprend pourquoi St Jean insiste pour dire qu’il a vraiment vu de l’eau qui s’est écoulée de la plaie ouverte par le coup de lance. Quand il le dit, St Jean ne fait pas une description clinique de la mort de Jésus, il en fait une lecture théologique : par sa vie donnée et par l’eau qui jaillit de son côté ouvert, Jésus nous engendre à la vie nouvelle des enfants de Dieu.

Maintenant, il n’y a pas que l’eau, St Jean insiste aussi pour parler du sang qui s’écoule de la plaie du côté ouvert. Ce sang, il est le signe que Jésus a payé le prix fort pour que nous puissions entrer dans cette vie nouvelle. L’angoisse lui avait déjà fait transpirer du sang à Gethsémani, la flagellation et la couronne d’épines en feront couler encore, les chutes et rechutes sur le chemin de croix continuaient à le vider de son sang, sans parler des clous qui ont été plantés dans sa chair et jusqu’à ce coup de lance qui lui fait verser le peu de sang qui lui restait. Tout cela, Jésus l’a accepté par amour pour me sauver, moi et vous sauvez, vous et sauver jusqu’au dernier des vauriens qui ne le mérite pas. D’ailleurs, ni moi, ni vous, nous le méritons ! Mais Jésus ne calcule pas nos mérites, il a voulu verser jusqu’à la dernière goute de son sang comme preuve de son amour, afin que tous ceux qui auront soif de boire à l’eau de la vie nouvelle puissent le faire et, ainsi, vivre de sa vie.

Nous venons de méditer sur l’eau et le sang, il reste enfin l’Esprit. Parce que pour vivre de cette vie nouvelle, nous avons besoin de la force de l’Esprit. Jean-Baptiste noyait la vie de péché dans l’eau du Jourdain, mais il reconnait que Jésus est bien plus fort puisqu’il annonce qu’il baptisera dans l’Esprit-Saint, comme nous l’avons entendu dans l’Evangile. Nous qui sommes faibles et pauvres, comme nous en avons besoin de l’Esprit-Saint, pour qu’il nous aide à désirer la vie nouvelle, à mener une vie en cohérence avec cette vie nouvelle et à nous laisser relever pour mieux repartir quand nous sommes tombés. 

« C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité. En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un. » Merci Seigneur d’avoir accepté de perdre les eaux sur la croix pour nous réenfanter. Merci encore Seigneur d’avoir versé jusqu’à la dernière goutte de ton sang par amour pour nous, pour chacun de nous, alors que nous ne le méritons pas ! Merci pour l’Esprit-Saint qui nous soutient, qui nous encourage sans jamais se décourager !

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons que nous soit donnée la force de ne plus vivre comme des gaspilleurs de cette grâce immense que le Seigneur ne cesse de nous faire.

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