9 août : Ste Thérèse Bénédicte de La Croix – Edith Stein

La 1° lecture était comme un très beau résumé de la vie d’Edith Stein que nous fêtons aujourd’hui. Je l’appelle volontairement par son nom de naissance, en effet, Edith représente assez bien cette épouse infidèle que le Seigneur veut entraîner jusqu’au désert pour parler cœur à cœur avec elle. En effet, Edith était née dans une famille juive et elle n’est pas née n’importe quel jour puisqu’elle est née pour la fête du Yom Kippour, la fête du Grand Pardon, l’une des plus grandes fêtes juives. Sa naissance représentait donc tout un programme. Oui, mais voilà que, jeune fille, elle va laisser tomber la foi. Passionnée par ses études, particulièrement la philosophie et, comme un certain nombre d’intellectuels, notamment de philosophes, elle tournera le dos à la religion, devenant agnostique. Sa famille vivra son choix comme un profond reniement. 

Mais le Seigneur n’avait pas dit son dernier mot ! Il n’allait pas laisser s’éloigner de lui une si belle âme sans chercher à la reconquérir comme le disait le prophète Osée dans la 1° lecture. Et il va s’y prendre d’une manière très étonnante. Elle, la grande philosophe, si brillante, le Seigneur aurait pu chercher à reconquérir son cœur en faisant briller la lumière de vérité qui jaillit du christianisme. Mais ce n’est pas ainsi qu’il s’y est pris. Un été, elle était à Francfort avec des amis et, ensemble, ils entrent, sans doute en touristes curieux, dans la cathédrale. Je dis touristes curieux car elle, elle se déclarait agnostique et ses amis étaient membres de l’Eglise évangélique. Elle raconte elle-même ce qui s’est passé, vous allez voir comme c’est étonnant, pas de révélations extraordinaires, pas d’illumination de son intelligence, voilà ce qu’elle dit : « Nous sommes entrées pour quelques minutes dans la cathédrale et, pendant que nous nous tenions là dans un silence respectueux, une femme est entrée avec son panier à provisions et s’est agenouillée sur un banc pour une courte prière […] Là, quelqu’un venait, au beau milieu de ses occupations quotidiennes, dans l’église déserte comme pour un entretien intime. Je n’ai jamais pu l’oublier »

Elle a été touchée par cette femme et surtout par le fait qu’elle avait compris que cette femme était venue pour vivre un dialogue intime et, si elle vivait un dialogue intime, c’est qu’il y avait quelqu’un qui habitait ce lieu ! C’est à travers la prière banale de cette femme que le Seigneur était venu parler à son cœur, qu’il avait commencé à reconquérir son cœur. Evidemment, pour une philosophe de cette trempe, cette émotion ne suffisait pas à la faire basculer. Un soir de mai 1921, c’est la lecture de Thérèse d’Avila qui vaincra ses dernières résistances. Ayant refermé le livre, elle dira : ceci est la vérité ! Le Seigneur a utilisé tous les moyens pour reconquérir son cœur. 

Avec elle, on peut dire que la suite de la lecture d’Osée s’accomplit : Je ferai de toi mon épouse pour toujours, je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse, je ferai de toi mon épouse dans la loyauté, et tu connaîtras le Seigneur. En effet, le 1° janvier 1922 elle est baptisée, 7 mois après l’illumination vécue dans la lecture de l’autobiographie de Thérèse. Comme vous pouvez le constater, le catéchuménat aura été très rapide pour cette surdouée ! Pour sa mère, cette conversion au catholicisme sera une 2° trahison qu’elle vivra peut-être encore plus douloureusement que la 1°. Rentrée plus tard au carmel, elle écrira fidèlement, chaque semaine, à sa mère, mais ne recevra jamais de réponse ! Elle tentera d’expliquer à cette maman meurtrie qu’elle se sentait de nouveau juive depuis son retour à Dieu dans le christianisme. Vous savez, c’est une phrase de ce genre qui concluait le merveilleux film de Gad Elmaleh, « reste un peu. » Gad Elmaleh a voulu que la dernière phrase qui s’affiche sur l’écran soit cette déclaration du cardinal Lustiger : « C’est dans le christianisme que j’ai découvert l’enseignement du judaïsme qui ne m’avait pas été donné comme enfant juif. »

Tellement marquée par sa lecture de Thérèse d’Avila, elle rentrera au carmel, le jour de la fête de sainte Thérèse d’Ávila, le 15 octobre 1933 ; en avril 1934, elle reçoit l’habit et en avril 1938, elle fait ses vœux perpétuels. La simple évocation de ces dates nous montre que nous entrons dans des années qui vont devenir de plus en plus noires. Quelques mois plus tard, elle passera la frontière sur l’ordre de son abbesse pour se réfugier en Hollande, mais c’est là-bas qu’au cours de l’été 1942, elle est arrêtée par les officiers nazis avec une de ses sœurs de sang qui s’était convertie, elle aussi et qui se cachait avec elle. 

Le 2 août, elles sont conduites, toutes les deux à Auschwitz et le 9 août, elles mourront dans la chambre à gaz. Elle qui était née un jour de Yom Kippour, jour du pardon, de la réconciliation écrira quelques temps avant sa mort : « Déjà maintenant j’accepte avec joie, en totale soumission et selon sa très sainte volonté, la mort que Dieu m’a destinée. Je prie le Seigneur qu’Il accepte ma vie et ma mort […] en sorte que le Seigneur en vienne à être reconnu par les siens et que son règne se manifeste dans toute sa grandeur pour le salut de l’Allemagne et la paix dans le monde. » Oui, comme vous pouvez le constater la prophétie d’Osée est entièrement accomplie : Je ferai de toi mon épouse pour toujours, je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse, je ferai de toi mon épouse dans la loyauté, et tu connaîtras le Seigneur. 

Enfin Edith Stein, durant la 1° partie de sa vie aura été l’une de ces jeunes filles insouciantes qui avait délaissé le ciel en érigeant la pensée orgueilleuse comme le nec plus ultra mais, plus tard, elle saura retrouver l’huile de la vie spirituelle et, devenant Sr Thérèse Bénédicte de la Croix, elle ira, le cœur illuminé à la rencontre de son époux bien-aimé.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet et de Ste Thérèse Bénédicte de la Croix, demandons au Seigneur qu’il accorde la grâce d’une vraie conversion à tous ceux qui la désirent sans forcément en être conscients.

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