Je l’ai déjà dit, je le redis, Jérémie, c’est le prophète qui est connu pour râler régulièrement mais il n’était pas un râleur professionnel, il était plutôt un prophète désireux de vivre la fidélité à la mission reçue quels que soient les événements. Si je devais prendre une comparaison avec la navigation maritime, je dirais que Jérémie a dû et a su piloter la barque de sa vie et de sa mission par gros temps.
Or comme il avait une grande liberté dans ses relations avec le Seigneur, il ne se gênera jamais pour lui faire savoir qu’il trouve que ce qui lui est demandé, ce qu’il a à vivre, est quand même un peu trop rude et qu’il rêve de conditions plus favorables. A la manière de Thérèse d’Avila, il aurait pu dire : Seigneur, si c’est ainsi que vous traitez vos amis, ne vous étonnez pas de ne pas en avoir plus ! Jérémie, c’est donc le livre à méditer quand, nous-mêmes, nous sommes confrontés aux difficultés. C’est aussi le livre qui nous apprendra à devenir plus libres dans nos relations avec le Seigneur ; c’est encore le livre qui nous donnera des points de repère importants pour savoir comment rester fidèles quand il nous faut, nous aussi, mener la barque de notre vie par gros temps.
Dans le texte d’aujourd’hui je voudrais souligner deux points qui m’ont plus particulièrement rejoint mais vous pourriez légitimement en retenir d’autres pour votre méditation.
Le 1° point concerne justement la liberté de Jérémie quand il parle à Dieu. On peut dire qu’il n’a pas peur de se présenter tel qu’il est et de parler à Dieu avec une étonnante liberté. Je ne retiens que cette parole : « Serais-tu pour moi un mirage, comme une eau incertaine ? » La traduction de la liturgie a retenu « une eau incertaine », les bibles parlent souvent « d’une eau trompeuse ». Quand ça ne va pas, Jérémie sait le dire au Seigneur, il n’a aucune honte de paraître devant lui tel qu’il et de lui partager les sentiments qui habitent son cœur, même s’ils ne sont pas très glorieux. Puissions-nous apprendre auprès de Jérémie la vérité et la liberté dans nos rapports avec le Seigneur.
Le 2° point que je retiens, c’est la promesse que fait le Seigneur à Jérémie. Il ne lui promet pas que tous ses problèmes vont se régler, en revanche, il lui promet d’être avec lui. Ecoutons cette promesse si forte : « Ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer. Je te délivrerai de la main des méchants, je t’affranchirai de la poigne des puissants. »
Nous, nous rêvons souvent d’un Dieu, un peu magicien, qui fasse disparaitre nos problèmes et comme ça ne marche pas, nous accusons Dieu de ne pas répondre à nos prières. Mais Dieu n’est pas un magicien. Ce qu’il promet, ce n’est pas forcément de mettre fin à nos problèmes mais il nous promet de les vivre avec nous, de nous rendre forts pour que nous ne soyons pas écrasés par nos épreuves. C’est ce que le Seigneur veut dire quand il se présente comme le Dieu de l’Alliance, c’est-à-dire qu’il nous invite à le choisir comme notre allié. Et, avec un allié comme lui, nous pouvons marcher dans la confiance ! Voilà aussi ce que nous apprendrons en fréquentant Jérémie.
Venons-en à l’Evangile qui nous propose deux petites paraboles. Dans l’une comme dans l’autre il est question d’une personne qui a gagné le jackpot, pour l’une c’est un trésor caché et pour l’autre, c’est une perle très précieuse. Or, ces paraboles, Jésus les raconte pour nous parler du Royaume des Cieux. Vous le savez quand Jésus parle du Royaume des cieux ou du Royaume de Dieu, il ne veut pas faire une description du paradis futur, de ce qui nous attend quand nous serons chez Dieu. Non ! Il veut nous parler de ce que peut devenir la vie de ceux qui acceptent que Dieu règne vraiment dans leurs cœurs, le Royaume de Dieu, c’est ça, c’est quand Dieu règne en nous, quand sur la terre, nous commençons à vivre comme au ciel.
Les deux paraboles nous parlent donc d’hommes qui accomplissent leur travail, travail de paysan dans la 1° parabole, travail de commerçant dans la 2°. Dans les deux paraboles, on sent qu’ils se donnent de la peine, le travail de paysan n’est pas facile, retourner la terre, c’est exigeant et le travail de commerçant demande beaucoup de persévérance pour dénicher la bonne affaire. C’est donc en accomplissant leur travail qu’ils vont voir leur quotidien complètement transformé.
Mais ce que Jésus raconte est quand même étonnant. Quand l’homme a trouvé le trésor, il ne part pas avec le trésor pour mener une vie de luxe, il achète le champ. De même pour le commerçant de perles. Pourquoi donc agissent-ils ainsi ? Voilà l’interprétation que je vous propose, mais si l’Esprit-Saint vous en souffle une autre, accueillez-la aussi ! Je vais surtout parler de la 1° parabole et vous adapterez pour la 2° !
Le champ dont Jésus parle dans cette parabole pourrait représenter notre vie et le trésor qui est à trouver dans le champ de notre vie, c’est la présence du Seigneur. Quand on a trouvé ce trésor de sa présence permanente, il ne s’agit pas de partir avec le trésor, de déserter notre vie pour profiter égoïstement de la joie que donne sa présence. Non, cette découverte, elle va puissamment transformer notre vie, le quotidien de notre vie ; la découverte du trésor de la présence de Dieu va nous faire aimer la vie, le monde, les hommes. En effet, celui qui a trouvé ce trésor comprend que Dieu ne veut pas faire de lui un privilégié, il comprend que ce trésor doit devenir accessible et c’est ce dont il doit témoigner. Ainsi donc, tous ceux qui accepteront de creuser comme le dit la 1° parabole ou de chercher comme le dit la seconde, c’est-à-dire tous ceux qui ne resteront pas dans la superficialité, pourront, eux aussi, découvrir ce même trésor. Quand on a découvert ce trésor de la présence du Seigneur, finalement, on n’a plus qu’un seul désir, c’est d’aider tous ceux qui nous entourent à se transformer, eux aussi en chercheurs de trésor.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons cette grâce de rester toute notre vie des chercheurs de ce trésor de la présence du Seigneur et de pouvoir témoigner que, là, se trouve la vraie richesse !