5.Nouvelles Sénégal
Depuis mon dernier message, j’ai appris la nouvelle de la ré-hospitalisation de mon frère André. Il a repris de la fièvre, infection à soigner par des antibiotiques qui nécessitent une surveillance médicale sérieuse. Continuons à prier !
Dans la semaine je suis allé marcher sur la plage et j’ai vu le retour d’une pirogue de pêcheurs, voilà quelques photos.
Lundi, je suis allé à Dakar. Je pensais y aller en taxi, mais c’est Hadim qui m’a conduit chez l’ostéopathe dont j’avais eu les coordonnées par la jeune femme originaire de Châtillon-sur-Chalaronne qui m’avait contacté. Nous sommes arrivés largement à l’heure chez l’ostéopathe, jeune femme, blanche, mais née en Côte d’Ivoire et qui est venue s’installer au Sénégal depuis quelques années. Nous avons beaucoup parlé … manifestement, elle ne connaissait pas grand-chose à la religion, mais était curieuse de découvrir … beaux échanges ! Elle m’a fait, je crois, beaucoup de bien, j’ai moins mal au dos et, le signe que mon corps a été travaillé, c’est que j’ai bien mal dormi la nuit suivante ! Je pense que je vais y retourner prochainement.
A la sortie de la consultation, nous sommes allés chez Orange, j’avais ouvert un compte pour avoir un numéro sénégalais, mais je ne savais pas, à ce moment, que toutes les transactions financières, ici, se font via l’application Orange-Money. C’est avec cette application qu’on recharge les unités de son téléphone, le pass internet … et même qu’on règle des achats par internet (même si c’est encore peu développé !). Ensuite nous sommes allés dans un grand magasin au centre de Dakar, Orca, qui s’étend sur plusieurs étages (5 ou 7, je ne sais plus !). Bien sûr, tout le monde n’a pas les moyens d’acheter dans ce genre de magasin, mais l’ostéopathe m’a confirmé qu’il y a une classe moyenne qui se développe au Sénégal et, bien sûr encore pas mal d’expatriés, qui sont donc les clients. J’ai été étonné de découvrir qu’un étage était pratiquement consacré aux décorations de Noël avec sapins enneigés, pères Noël ….
Vendredi, une visite à l’abbaye de Keur-Moussa … le père abbé, lors de son séjour chez nous, avait insisté pour que je puisse venir rapidement. Pour le moment, à cause des mesures sanitaires, l’hôtellerie n’est pas ouverte, mais ils nous accueilleront volontiers. Nous partons, Michel, notre chauffeur, Annabelle qui ne connaissait encore pas et moi.
La route est à l’opposé de celle de Dakar, c’est donc la 1° fois que je la prends. C’est encore l’occasion de poser des questions sur la vie … par exemple sur l’existence d’un SMIG, il y en a un : 52 500 CFA soit 80 € mais qui, évidemment ne permet pas de vivre. C’est un apport quand il y a un autre salaire dans la famille … mais ce n’est pas toujours le cas et beaucoup vivent de petits boulots (vente au bord de la route …) qui ne rentrent pas dans la catégorie. Nous mettons de l’essence, j’en profite pour regarder les prix, le super à 1€18 et le gas-oil à 1€. Ceux qui font le plein sont très rares, certains ne mettent que 1000 € (1€53) et passent deux fois par jour en fonction de ce qu’ils ont gagné !
En passant « dans les quartiers » je vois des voitures vraiment déglinguées, j’aimerais les prendre en photo pour vous les montrer, mais je n’ose pas car souvent ils n’aiment pas bien ! Michel m’explique que ce sont des « clandos » des voitures sans papier, sans immatriculation réelle, sans assurance … On se demande pourquoi la police ne fait rien, c’est sans doute parce qu’elles appartiennent à des personnes qui peuvent être des hommes de loi ou personnel politique, donc … Ces voitures, en principe, ne roulent que dans les quartiers, remplissant la fonction de taxis à bas prix pour transporter personnes et matériel. Chaque soir, le chauffeur doit remettre une somme correspondant à la location de la voiture qui a été mise à sa disposition. Ce moyen de transport est moins cher que les bus qui, de toutes façons ne vont pas partout.
En route, nous pouvons voir tous les petits commerces qui bordent la route. En ce moment, c’est la pleine saison des pastèques, il s’en vend un peu partout.
Je pose des questions sur les voitures à cheval. Quelques-unes (de plus en plus rares) transportent des personnes (2 ou 3) mais la plupart transportent du matériel. Ces jeunes, pour la plupart, viennent en ville après la saison des pluies qui les mobilise pour les travaux de maraichage dans leurs villages. Ce sont eux qui sont propriétaires du cheval et de la charrette, ils gagnent assez bien leur vie en faisant, évidemment, beaucoup d’heures. Mais vivent dans des conditions précaires, la cabane qui héberge le cheval leur sert de maison !
Avant d’aller à Keur-Moussa, nous allons juste faire un tour à l’abbaye soeur de Keur-guilaye, l’abbaye des bénédictines … nous irons plus tard faire une visite, je fais deux photos de l’église.
Arrivés à Keur-Moussa, nous sommes accueillis par le père abbé qui sera notre guide pour cette visite.
Nous allons tout de suite voir le frère Elie, le doyen, spécialiste des plantes médicinales et qui a développé un jardin pour les cultiver. Vous pouvez regarder une vidéo sur Youtube une vidéo qui le présente https://www.youtube.com/watch?v=nJAjrLmCsl8 Je prends quelques produits que le père abbé m’offre.
Nous allons faire une première visite à l’église pour découvrir la belle fresque qui orne le mur du fond du choeur.
La très belle fresque au fond du chœur peinte par un moine de Solesmes qui reprend les grands mystères de la vie du Christ. En bas à gauche : annonciation, à droite, visitation au-dessus : mages et naissance puis présentation au Temple et fuite en Egypte. Au-dessus : Jésus au Temple à 12 ans, Cana ; sur le chemin de croix, Jésus rencontre Marie, mise au tombeau, résurrection ; en haut : Ascension, Assomption, Pentecôte.
Nous faisons un tour à l’atelier de Kora qui a donné à l’abbaye sa notoriété. Cet instrument existait à l’arrivée des moines de Solesmes venus pour fonder cette abbaye dans les années 60. Mais l’un des fondateurs, le père Catta qui était musicien averti a beaucoup investi sur la recherche autour de cet instrument pour en faire l’instrument qui leur permettrait de réussir leur inculturation … et il en est devenu le spécialiste sénégalais, recevant d’ailleurs une distinction du ministère de la culture pour ce travail. Il a considérablement amélioré l’instrument qui, avant était très difficile à accorder, il a utilisé des clés comme sur les guitares qui facilitent la tâche. L’atelier du monastère en a produit et vendu 2500 ! Bien sûr, la vente n’est pas réservée aux communautés religieuses, des artistes locaux se sont saisis de cet instrument.
Nous sommes allés voir aussi les installations de traitement des fruits produits dans le verger … mais un verger qui souffre car le forage est devenu saumâtre. C’est un problème ici en raison de la proximité de la mer, nous avons le même au Foyer. Le verger produit des mandarines, des pamplemousses, des mangues … avant il y avait aussi des ananas, des bananes, mais depuis que l’eau est devenue saumâtre, ces fruits ne viennent plus. Il y a une production de jus de fruits et de fruits séchés. Le monastère a pu obtenir un séchoir solaire très moderne qui leur permet de faire sécher leurs fruits et de les vendre. Nous avons pu gouter les jus de fruits et les fruits séchés : très bon !
Enfin, nous nous rendons à l’église pour participer à la messe avec les moines.
J’attends dans le cloitre que les moines arrivent, le cloitre est très agréable. Le père-abbé m’a quand même dit qu’il était plus joli avant quand la pelouse pouvait être arrosée … mais depuis que l’eau est devenue saumâtre, ce n’est plus possible.
Je peux concélébrer avec eux. La messe est précédée et suivie d’un office. La kora accompagne le chant des moines, la liturgie est belle, elle marie harmonieusement le grégorien et les langues locales mises en mélodie par le père Catta. Ce souci d’inculturation a vraiment produit de beaux fruits et il est bien représenté par une peinture que l’on trouve sur une porte vitrée.
Nous rentrons après la messe en ramenant avec nous le père Jean-Marie qui va prêcher le week-end spirituel. Michel décide de ne pas prendre l’autoroute pour que je puisse un peu mieux découvrir le pays. Nous prenons notamment le centre-ville de Rufisque, le Foyer est sur le territoire de cette commune (mais en bordure) et je n’étais encore jamais allé à Rufisque ! Il y aurait besoin de gros travaux de réhabilitation, les égouts sont presque à ciel ouvert ! Nous passons au moment de la sortie des écoles et de l’appel à la prière, nous sommes vendredi … les rues sont donc très encombrées, mais je suis content de cette découverte.
Ma visite à Keur-Moussa m’aura fait rater un grand événement … mais on ne peut pas tout faire ! Il s’agit de l’abattage des cochons !!! Le Foyer élève des cochons dans un ancien blockaus … à la fin de cet article j’explique que le Foyer s’est installé sur un site militaire, donc pas étonnant de trouver des blockhaus ! Mais je vais quand même profiter du résultat de l’abattage … je leur ai expliqué que j’aimais particulièrement la tête de cochon, alors, le festin est pour bientôt !
Ce week-end, j’ai moins mal au dos ! Alleluia ! Merci à Mme Grand, l’ostéopathe que je reverrai vendredi parce que tout n’est pas réglé !