Le secret de la réussite

Homélie donnée pour la messe d’ouverture de la semaine St Valentin pour les jeunes au Foyer de Charité de Bujumbura

J’ai grandi dans un village de Muzungu (blancs), en France, qui se trouvait au bord d’un des 5 grands fleuves de France. La petite maison dans laquelle habitait notre famille était à 100 mètres du fleuve. Mon papa était malade, il n’avait pas son permis de conduire et, de toutes façons, nous n’avions pas d’argent pour acheter une voiture. Nous ne pouvions donc pas faire comme les autres familles qui partaient se promener en voiture ou qui allaient rendre visite à la famille et aux amis. Mais, pour nous les enfants, ce n’était pas très grave parce qu’il y avait le Rhône, ce fleuve qui, à cette époque était très propre, très beau. Pendant les vacances et le week-end, quand il faisait beau, nous aimions donc aller nous baigner. Evidemment, ça n’était pas possible en hiver, car certains hivers, le fleuve était gelé, on pouvait aller glisser sur l’eau gelée ! Mais en été, c’était tellement agréable d’aller se baigner avec les amis.

Et il n’y avait pas que la baignade ! J’aimais aussi beaucoup aller à la pêche, je ne sais pas si ça existe pour pêcher dans le lac Tanganika, mais, nous, nous avions des cannes à pêche et c’était toujours une grande fierté d’avoir un beau poisson au bout de notre canne.  Et puis, il y avait aussi la joie de ramener les poissons à la maison et de les manger avec toute la famille. Mais il y avait des jours, où on pouvait rester des heures et rentrer à la maison sans avoir rien pris. Je me rappelle que ces jours-là, je n’étais pas de très bonne humeur. Un pêcheur, quand il n’a rien pris, il n’est jamais de bonne humeur, c’est comme une humiliation pour lui. Et, quand vous croisez un pêcheur qui n’a rien pris, il vaut mieux ne pas lui adresser la parole parce qu’il risque de vous répondre de manière pas très agréable !

Avec tout ce que je viens de dire, vous comprenez que le texte d’Évangile que nous venons d’entendre, c’est un texte que j’aime beaucoup et que je n’ai pas de difficultés à comprendre. Jésus est au bord du lac, il y a tellement de monde qui veut l’écouter qu’il ne sait plus comment faire, il n’a pas la chance de pouvoir monter sur une estrade comme nous, la seule solution, c’est de monter sur une barque, il pourra parler à la foule sans qu’elle ne vienne le serrer de trop près.

Ça tombe bien, il y a des barques, il y en a même une où un pêcheur est en train de réparer et de ranger ses filets. Cet homme, Jésus le connait déjà un peu, en effet, si on lit un peu avant, il est déjà allé chez lui pour guérir sa belle-mère. Mais dans cet évangile de Luc, cet homme, Simon-Pierre, n’est encore pas apôtre de Jésus. Donc Jésus le voit, le reconnait et sûrement Jésus voit que ça ne va pas. Un pêcheur qui n’a rien pris alors qu’il a passé toute la nuit à pêcher, ça se voit sur son visage que ça ne va pas ! Et peut-être même que ça s’entendait ! Il est bien possible que Simon-Pierre poussait quelques petits jurons de temps en temps en se rappelant cette affreuse nuit passée à travailler dans le froid et l’humidité pour rien. N’importe qui aurait compris que ce n’était pas le moment d’aller vers cet homme pour lui demander un service. D’une part, il était de mauvaise humeur, d’autre part, il était fatigué et attendait juste d’avoir fini avec ses filets pour aller se coucher. N’importe qui aurait compris qu’il ne fallait rien demander à cet homme, oui, n’importe qui, sauf Jésus ! Oh, bien sûr, Jésus avait compris que Simon-Pierre était de mauvaise humeur, mais il décide quand même de monter dans sa barque et de lui demander un service : éloigne-toi pour que je puisse continuer à parler à cette foule.

Mais, moi, je crois savoir pourquoi Jésus a choisi de monter dans la barque de Simon-Pierre parce que vous n’avez peut-être pas fait attention, mais le texte d’évangile précisait qu’il y avait deux barques. Voyant la mauvaise humeur de Simon-Pierre, il aurait pu monter dans l’autre barque. Mais, non, il choisit la barque de Pierre. Alors, on pourrait dire qu’il a choisi la barque de Simon-Pierre parce qu’il savait qu’il ne pourrait pas lui refuser ce service. Jésus avait guéri sa belle-mère, Jésus lui avait rendu service, il était normal que Simon-Pierre lui rende service à son tour. Non, je ne pense pas que ce soit la bonne explication parce que ce n’est pas Jésus qui avait besoin de Pierre mais c’est Pierre qui avait besoin de Jésus !

Jésus est monté dans la barque de Simon-Pierre parce qu’il connaissait le thème de la semaine St Valentin 2019 à Bujumbura ! Jésus a voulu montrer à Simon-Pierre comment il pouvait réussir sa vie ! Pierre venait de passer toute la nuit à la pêche sans rien prendre, Jésus monte avec lui dans la barque et il y a une pêche miraculeuse ! Et c’est vraiment trop fort parce que Jésus n’y connaissait rien à la pêche ! Lui, Pierre, il était un spécialiste, eh bien, même en étant spécialiste, il passe toute la nuit sans rien prendre. Jésus qui n’y connait rien monte avec lui et c’est la pêche miraculeuse, il n’avait jamais pris autant de poissons en aussi peu de temps !

Vous comprenez qu’après cela, Jésus n’a pas besoin de faire de grands discours, c’est tellement clair. C’est un enseignement par l’exemple que Jésus vient de faire pour Simon-Pierre et donc pour nous tous. Dans ta vie, tu as le choix entre deux solutions :

  • Soit tu continues à compter uniquement sur toi, sur tes qualités, sur tes compétences qui peuvent être grandes. Mais alors, il y aura souvent des échecs, des déceptions. Tu te rendras compte que tu fais souvent beaucoup d’efforts et que tu obtiens peu de résultats.
  • Soit tu comptes sur Jésus. Si tu le laisses monter dans la barque de ta vie, alors, tu réussiras.

Vraiment, on ne pouvait pas rêver d’un meilleur texte pour commencer cette semaine de St Valentin sur le thème « réussir sa vie. » Maintenant, vous connaissez le secret qui permet de réussir sa vie et il n’y en a pas d’autre : il faut permettre à Jésus de monter dans la barque de nos vies.

Pour autant, n’allez pas dire : ce n’est pas la peine que je vienne aux autres rencontres parce que maintenant je connais le secret de la réussite. Oui, c’est vrai tu connais le secret, mais tu as quand même besoin de venir pare que tu as besoin de réfléchir sur ce que ça veut dire : réussir sa vie. Tu as besoin de réfléchir pour comprendre tous les pièges que la société risque de mettre sur ta route pour t’empêcher de réussir en te donnant de fausses images de la réussite. Et puis, tu as aussi besoin de retrouver les autres parce que, tu sais, vouloir réussir ta vie selon l’idéal de l’Évangile, il y a des jours où ça risque d’être un peu difficile et tu auras donc bien besoin de savoir que, non seulement tu peux compter sur Jésus, mais tu peux aussi compter sur les autres, sur tous ceux qui auront reçu les mêmes enseignements que toi, qui partageront le même idéal que toi.

Je termine en soulignant encore trois points, mais je vais le faire plus rapidement.

  • J’ai dit que le secret de la réussite, c’est de permettre à Jésus de monter dans la barque de ta vie. Mais attention, si tu veux vraiment réussir, Jésus doit rester dans la barque de ta vie. Il ne s’agit pas de le faire monter quand tu as besoin de Lui, quand tu te rends compte que, sans Lui, tu n’y arriveras pas et de lui dire de descendre de la barque de ta vie quand tu ne souhaites plus sa présence parce que tu as envie de faire n’importe quoi. Si tu agis de cette manière ta réussite va connaître des hauts et des bas et plus de bas que de hauts. Parce qu’à chaque fois que tu chasses Jésus de la barque de ta vie, tu risques de tomber bien bas et après il te faudra remonter tout ce que tu avais descendu. Non, garde-le avec toi, toujours avec toi, c’est beaucoup plus sûr pour réussir.
  • Deuxième point qui doit nous émerveiller. C’est que même ceux qui sont nuls, Jésus leur promet de réussir ! Moi, si j’avais été à la place de Jésus, je suis sûr que je n’aurais pas agi comme lui ! Pour constituer mon équipe d’apôtres, j’aurais fait le tour du lac et j’aurais choisi les meilleurs pêcheurs, ceux qui ramenaient le plus de poissons. Je me serais dit : ils sont bons dans leur métier, ils seront bons dans la mission que je veux leur confier ! Mais Jésus n’agit pas ainsi ! Ce n’est pas qu’il n’aime pas ceux qui ont de grandes qualités, qui sont brillants. Mais, il sait que la réussite ne vient pas d’abord des qualités humaines, elle dépend du choix que feront ceux qu’il appelle. Est-ce qu’ils accepteront de compter sur lui, de vraiment compter sur lui ? Du coup, dans ces conditions, même ceux que la société comme des nuls peuvent réussir ! Je viens d’un diocèse de France où il y a eu un très grand saint : Saint Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars qui est le modèle de tous les prêtres du monde. Mais Jean-Marie se considérait vraiment comme un nul et autour de lui, avant qu’il ne devienne célèbre, beaucoup pensaient qu’il était nul ! Il disait : moi je suis comme les zéros, je n’ai de valeur que mis à côté des autres ! Oui parce que un zéro tout seul, ça ne vaut rien ! Mais si quelqu’un décide de vous donner 10 000 francs et que, au dernier moment, il rajoute un zéro, ça devient beaucoup plus intéressant. 100 000 c’est beaucoup mieux que 10 000 pourtant on n’a fait que rajouter un zéro qui ne vaut rien ! Oui, mais un zéro qui ne vaut rien en lui-même, quand il est mis à côté des autres, il prend une valeur extraordinaire. Voilà pourquoi Jésus n’a pas peur d’appeler ceux qui se croient nuls, ceux que le monde a classé comme des nuls, avec Jésus, un zéro prend une valeur extraordinaire et donc, avec lui, même les nuls peuvent réussir. Peut-être même qu’ils réussiront encore mieux que les autres parce qu’ils auront compris que sans Jésus, ils ne peuvent rien faire.
  • Alors je termine en disant que tu dois inviter tes amis à venir cette semaine aux rencontres. Si tu les aimes, tu veux qu’ils réussissent leur vie, donc invite-les. Ce secret que tu as découvert, tu n’as pas le droit de le garder pour toi. Et si tes mais ne sont pas chrétiens, tu peux les inviter aussi parce que Jésus veut que tous puissent réussir !

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