21 août : mercredi 20° semaine : Quand Dieu donne, il se donne, pas de jaloux !

Cette 1° lecture, nous avons pris l’habitude de l’entendre comme une sévère mise en garde adressée aux prêtres, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, afin que jamais ils ne tombent dans la médiocrité et pire encore, dans la cupidité. Oui, c’est vrai, mais à l’époque d’Ezéchiel, ce texte avec ses mises en garde ne s’adressait pas uniquement aux prêtres, il s’adressait aussi au roi et plus largement aux dirigeants de la société. Tous ceux qui ont une responsabilité peuvent donc accueillir ce texte comme une invitation à réviser la manière dont ils exercent la responsabilité qui leur a été confiée que ce soit dans une famille, au travail, dans la politique ou dans l’Eglise. Et vraiment, pour ceux qui exercent des responsabilités, ce texte, et plus largement tout le chapitre 34, peut alimenter un examen de conscience sans fin. Si nous sommes dans cette situation, prenons un temps, dans la journée, pour le méditer plus calmement et reprendre toutes les situations tordues que le Seigneur dénonce pour voir comment nous sommes concernés par l’une ou l’autre.

Pour préparer cette homélie, j’ai relu et médité tout ce chapitre 34, je vous avoue qu’il y a eu un point d’étonnement pour moi. A aucun moment, le Seigneur n’annonce un châtiment pour ces mauvais bergers. Manifestement, il prend fait et cause pour les brebis malmenées, délaissées, exploitées, mais, il ne profère aucune menace à l’encontre de ces bergers. La seule décision ferme que prenne le Seigneur, c’est de venir, lui-même, s’occuper de toutes ces brebis blessées par le comportement scandaleux des mauvais bergers, c’était la conclusion du texte : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. Quelle belle promesse ! Pour Dieu, le plus important, dans un 1° temps, c’est de s’occuper de ceux qui ont été malmenés et il ne laissera à personne le soin de le faire, c’est lui-même qui s’occupera de ces pauvres brebis. 

Evidemment, ça ne veut pas dire que ces mauvais bergers n’auront pas à rendre compte de leurs actes. On l’a bien vu dans la crise des abus, il était essentiel que justice soit rendue aux victimes et que les coupables soient punis. Permettre à la justice de passer fait même partie du soin que l’on doit apporter aux victimes qui ne pourront pas se reconstruire tant que leurs bourreaux n’ont pas été jugés et punis. 

Ce texte je l’accueille aussi en mesurant ma responsabilité de prêtre. Dans le soin que nous apportons aux brebis blessées, nous devons être pour elles le visage-même de Dieu qui a dit : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. La délicatesse avec laquelle nous nous occuperons d’elles doit leur permettre de réaliser, qu’à travers nous, c’est Dieu qui tient parole et qui prend soin d’elles et veille sur elles. Confions à Notre Dame de Laghet le ministère de tous les prêtres chargés de prendre soin des brebis au nom du Seigneur pour que jamais ils ne tombent sous le coup des critiques de ce texte. Confions aussi à Notre Dame de Laghet tous ceux qui ont reçu la responsabilité, d’une manière ou d’une autre, de s’occuper des autres, afin que jamais leur comportement ne soit blessant.

Venons-en à l’Evangile et cette parabole bien connue des ouvriers de la dernière heure, parabole qui nous laisse toujours un goût amer. En effet que Jésus décide de bien payer ceux qui n’ont presque rien fait, c’est son droit et c’est très beau, même si ça semble encourager la paresse ! Mais la justice aurait voulu qu’il offre beaucoup plus à ceux qui ont enduré le soleil toute la journée, ça aurait été très pédagogique et un bel encouragement au travail ! Oui, c’est vrai, mais cette parabole ne nous parle pas du travail et de ce qui est juste ou qui ne l’est pas dans la manière de rémunérer ceux qui travaillent. Ce texte nous parle de l’amour de Dieu et de sa manière d’accueillir ceux qui seront les convertis de la dernière heure. Cette parabole, Jésus l’appliquera de manière parfaite dans son attitude à l’égard de celui qu’on appelle le bon larron mais qui n’aura été bon que dans les dix dernières minutes de sa vie et qui se retrouve le 1° locataire du paradis !

Très bien, mais ça n’enlève pas forcément le goût amer chez tout le monde ! Si les derniers convertis qui ont fait tout ce qu’ils ont voulu toute leur vie sont traités aussi bien que les bons croyants qui se sont efforcés toute leur existence de mener une vie droite, dans ces conditions, à quoi ça sert de faire des efforts ? L’Evangile serait-il une prime apportée à la médiocrité ?

Derrière ce genre de réaction, il y a un terrible malentendu, une représentation complètement faussée du paradis. Quand nous serons auprès de Dieu, nous serons avec Dieu, et ça c’est l’unique et merveilleuse récompense que le Seigneur peut et veut accorder. Puisque cette parabole nous parle justement de ce qui se passera quand nous serons avec Dieu, comment imaginer qu’il puisse y avoir des récompenses plus ou moins grandes en fonction de nos mérites déterminés par nos années de fidélité. Qu’est-ce que Dieu pourrait accorder de plus extraordinaire aux méritants que sa présence ? Il n’y a rien de plus grand, être avec Dieu pour toujours dans l’amour, c’est ce qu’il y a de plus grand. Et Dieu n’a pas des strapontins inconfortables pour les moins méritants et de somptueux fauteuils pour les plus méritants ! Imaginer cela, c’est transposer dans le ciel les différences de traitement qui ont cours sur la terre et qui rendent tellement malheureux ceux qui les subissent. Avec Dieu, il n’y a qu’une seule récompense, la récompense maximum, être avec lui. Qu’il soit bien clair que Dieu n’en a pas d’autres !

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de le comprendre et surtout de nous en réjouir !

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